Alien Trilogy : avant Alien : Isolation, qui se souvient de cette terreur sur PlayStation ?

JL Techer | 24 juillet 2022
JL Techer | 24 juillet 2022

Bien avant Alien : Isolation, la saga Alien avait terrifié les joueurs PlayStation, Saturn et PC grâce à Alien Trilogy.

Milieu des années 90 : les fans de la saga Alien sont en pleine effervescence. Après les projets avortés de Joss Whedon et Danny Boyle, l'arlésienne Alien 4 allait enfin prendre vie sous la supervision de Jean-Pierre JeunetAlien, la résurrection est attendu pour 1997 et devait marquer le grand retour de la bestiole gluante de H.R. Giger.

Alors détentrice de la licence Alien pour une exploitation sur PC et consoles,la société Acclaim a senti le bon filon et les pontes de la firme se sont dit qu'il était temps de relancer la franchise dans la sphère vidéoludique. Bien que connue pour ses jeux de sports sous licence tels que NFL, NBA Jam, WWF, et pour la série des Mortal Kombat, la firme ne bénéficiait pas d'une aura très reluisante concernant les adaptations de licences des petits et grands écrans.

The Simpsons: Bart vs. the Space Mutants ou Batman : Forever ont provoqué des crises de nerfs et bafoué l'innocence de nombreux joueurs, qui maudissent pour toujours Acclaim. Rien n'aurait pu laisser penser que la boîte américaine aurait été capable d'accoucher d'un titre aussi mémorable qu'Alien Trilogy. Retour sur un alignement de planètes qui a permis à tout le monde de vous entendre crier.

Retrouvez notre classement des meilleurs jeux Aliens ici.

 

Alien Trilogy : photoMême la jaquette faisait peur

 

Alien Tri-logique

Acclaim Entertainment souhaitait une sortie pour Alien Trilogy fixée à juillet 1996 sur PlayStation 1, soit quatre ans après le très controversé Alien 3, pendant que JP Jeunet était en plein travail sur Aliens Resurrection. La firme américaine affichait alors deux buts clairs pour son Alien Trilogy : profiter du buzz provoqué par le futur retour de la bestiole sur grand écran pour s'assurer un maximum de part de marché, et donner envie aux gamers (et donc à une nouvelle génération de spectateurs potentiels) de se pencher sur cette saga, souvent parent pauvre du jeu vidéo.

Chez Acclaim, les dirigeants n'avaient aucun doute sur la filiale à mettre sur le projet d'une adaptation vidéoludique de la franchise Alien. Les Américains venaient d'acquérir le studio anglais Probe Software, tout juste renommé Probe Entertainment. Les Britanniques avaient déjà effectué des travaux de commandes pour Acclaim, entre autres les conversions sur PC de Mortal Kombat 1 et 2, et de Terminator 2 : The Arcade Game.

 

Alien Trilogy : photoLe son du détecteur de mouvement hante encore les nuits de certains joueurs

 

Probe était la propriété d'un créateur visionnaire : Fergus McGovern, un esthète du jeu vidéo, passionné par les technologies de pointe. Lorsque Acclaim lui confia la charge d'une adaptation de la licence Alien, McGovern a vu grand. Il a voulu non pas accoucher d'un jeu d'action tirant parti d'un film en particulier, mais se fixer comme but de réunir toute la saga en un seul et même jeu.

Celui-ci devait être un titre marquant, suffocant, capable de restituer l'ADN horrifique de la franchise. Du jamais vu. Puisque McGovern n'a jamais aimé suivre les chemins tous tracés, il a réussi à convaincre Acclaim de lui laisser les coudées franches pour l'entièreté du game design et du level design.

Contrairement à ce qu'avaient été les précédents produits vidéoludiques de la saga Alien, Alien Trilogy ne serait pas un beat'em up arcade, ni un Metroid-like. Il était hors de question pour McGovern de créer un actioner 3D à la Tomb Raider. Il souhaitait développer un jeu de tir à la première personne, ce qui constituait un challenge considérable, sachant que la plateforme de destination était la première PlayStation de Sony.

 

Alien Trilogy : photoVis ma vie de FPS sur PS1

 

Nostromo-dus operandi

À plus d'un titre, Fergus McGovern a voulu que Alien Trilogy soit un véritable tour de force technique. Lors de la conversion de MK 1 et 2 sur PC, Probe Entertainement avait acquis une certaine maîtrise de la digitalisation et numérisation de modèle réel en modèle 2D. Avec la motion capture naissante, les cadres du studio ont voulu pousser le curseur encore plus loin, et passer à la numérisation de personnes réelles en modèles 3D. Ainsi, Alien Trilogy allait être le premier jeu vidéo réalisé grâce à la motion capture 3D grâce aux équipes de Advanced Technologies Group.

Qu'il s'agisse des personnages humains ou des créatures errant dans les sombres couloirs du Nostromo et de la planète LV-426, tous les modèles ont bénéficié de la motion capture, ce qui a rendu les mouvements de chaque monstre extrêmement crédibles. Les facehuggers, chestbursters, chiens aliens, humains synthétiques, xénomorphes "classiques", et les Reines Aliens étaient tous criants de vérité. Si les mouvements étaient loin d'être en 60 fps, les créatures se déplaçaient avec une fluidité surprenante pour la PS1.

 

Alien Trilogy : photoVoir ces bestioles courir et mourir

 

Il n'était cependant pas question de se contenter d'une démonstration technique. Celle-ci se devait d'être au service d'une histoire et d'une ambiance fidèle à la trilogie cinématographique. Si au départ il avait été suggéré de suivre la trilogie de films chronologiquement pour séduire les fans du xénomorphe, McGovern a fini par imposer un scénario alternatif.

Alien Trilogy a pour héroïne Ellen Ripley, mais celle-ci fait partie des Spaces Marines, et est rompue aux maniements des armes lourdes et des explosifs. L'histoire débute avec l'arrivée d'une troupe de Marines, dont Ripley, sur LV426, alors que tout contact a été perdu avec la colonie installée sur cette planète.

Évidemment, tout a mal tourné, et il faudra jouer du fusil à pompe et de la mitrailleuse pour réduire les xénomorphes à l'état de particules élémentaires. Pire encore : les autres Marines ont disparu, et Ripley est livrée à elle-même sur cet astre infesté par des créatures aussi vicieuses qu'intelligentes.

 

Alien Trilogy : photoSi ça saigne, on peut le tuer

 

Le titre se composait d'une trentaine de niveaux, les dix premiers couvraient le film Aliens, les dix suivants sur la planète-prison Fiorina « Fury » 161 d'Alien 3, et les dix derniers signent un retour dans le vaisseau de l'ingénieur rempli de nids de xénomorphes de Alien 1Au lieu de simplement se contenter de fournir un alibi à ce massacre de xénomorphes à la chaîne, Probe Entertainment a pensé le game design à partir d'une succession de missions à accomplir.

Ce faisant, le titre a grandement gagné en profondeur, et s'est détaché de la masse de Doom/Wolfenstein 3D-like, en proposant une aventure scénarisée, avec un contexte reposé en amont de chaque mission via un panneau textuel. Une idée aussi simple qu'efficace.

 

Alien Trilogy : photoSimple et efficace

 

un succès monstre

Bien que n'ayant trouvé qu'un peu moins de 500 000 acheteurs dans sa version PS1, Alien Trilogy a été considéré comme une immense réussite tant par le public que par la critique, jusqu'à décrocher le sacro-saint titre de "Game of the Month" chez le très respectable magazine Electronic Gaming Monthly d'avril 1996. Le titre a même été l'un des jeux du catalogue PS1 vendus les plus rapidement après sa mise sur le marché.

Malgré quelques défauts techniques, dont une pixellisation et un phénomène d'effet d'échelle assez désagréables à l'œil, le soft de Probe Entertainment a conquis les joueurs grâce à une ambiance anxiogène qui restituait à merveille l'atmosphère si particulière de la saga Alien. Une atmosphère renforcée par un travail sur le sound design plus qu'impressionnant pour l'époque, et toujours aussi convaincant presque trente ans plus tard.

 

Alien Trilogy : photo"Get away from her, you Bitch !"

 

Fergus McGovern avait mis un point d'honneur à ce que la plupart des effets sonores soient directement tirés des films de la franchise, ce qui a eu pour effet de renforcer la crédibilité de l'aventure, et de rendre l'immersion dans ce périple claustrophobe d'autant plus forte. Casque audio vissé sur les oreilles, les signaux émis par le détecteur de mouvement (le meilleur ami du joueur), les murmures des colons prisonniers des cocons susurrants "tuez-moi" et les cris des xénomorphes font encore froid dans le dos.

À l'instar de ses modèles cinématographiques, Alien Trilogy a su multiplier les séquences particulièrement fortes en émotion. Les rencontres avec non pas une, mais trois Reines Aliens distinctes ont marqué les esprits. Et que dire de cet ultime niveau rendant hommage à l'une des scènes cultes de la série, avec une plongée en plein cœur dans le nid des œufs de facehuggers du premier film, si ce n'est qu'elle a dû assurer des nuits de terreurs à certains. Ripley devait y survivre au milieu de dizaines de facehuggers prêts à tout pour venir pondre dans sa gorge. Un véritable cauchemar, aussi mémorable que traumatisant.

 

Alien Trilogy : photoLe genre de scène horrible qui donne envie de cacher le jeu sous un meuble

 

Plus qu'un objet de culte pour les fans de la franchise créée par Ridley Scott, Alien Trilogy a également été l'un des premiers contacts efficaces entre le FPS, à l'époque encore appelé "Doom-like" et les joueurs console. Sorti en 1996, soit un an avant le maître étalon du FPS console Goldeneye 64, le titre avait surpris par l'intuitivité de ses commandes, qui assurait une prise en main rapide et efficace. Une réussite en termes de gameplay d'autant plus remarquable qu'en 1996 le pad de la PlayStation ne disposait pas de joystick, mais juste d'une croix directionnelle.

Au vu du succès du jeu sur PlayStation, Acclaim demanda à Probe Entertainment d'effectuer un portage sur l'adversaire direct de la PS1 : la Sega Saturn. Sortie six mois plus tard, cette version a fait les frais d'un hardware moins adapté à de l'affichage 3D que sa concurrente. La mouture Saturn était donc moins fluide, et souffrait de forts ralentissements et de textures plus ternes.

 

Alien Trilogy : photoUne version Saturn qui pique les yeux

 

Réclamée à cor et à cri par les PCistes, Alien Trilogy fut également porté sur MS-DOS. Mais alors que les joueurs PC attendaient une jouabilité clavier-souris libératrice, afin de livrer tout le potentiel de ce titre, ceux-ci se sont retrouvés coincés dans une configuration 100% clavier frustrante au possible, ou exigeant de jouer à la manette. Fort heureusement des modders ont pu livrer un hack clavier-souris quelques mois plus tard.

Après Alien Trilogy, les amateurs de frisson fans de la saga du xénomorphe ont connu une longue période de vache maigre. Ils ont dû attendre jusqu'en 2014 pour que le chef-d'œuvre Alien : Isolation vienne satisfaire leurs envies de sensations fortes. Une pièce maîtresse conçue The Creative Assembly et éditée par Sega qui reste aujourd'hui encore inégalable.

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commentaires
LeRoiBoo
25/07/2022 à 23:11

J'ai passé pas mal de temps sur la version de démo qui avait voir dans le Playmag de l'époque Avril 1996 il me semble. Et en plein coeur de l'été, le vidéoclub qui loué aussi jeux et console. L'avait commandé pour moi, je l'ai loué 1 semaine ou je n'ai pas quitté les yeux de l'écran.

john1
25/07/2022 à 10:04

@Tino Après plus de 20 ans j'ai encore le code en mémoire. C'est dire combien de fois je l'ai utilisé.

Ce jeu était des plus marquants a l'époque, et tellement de secrets et de couloirs.

Les temps de chargement dissimulé par des cinématiques et le texte d'objectif de mission, des cinématiques lorsque Ripley se faisait tuer etc...

Un jeu qui marque.toute une génération. Il faudrait que je me le refasse sur un emulateur.

Jeff
24/07/2022 à 21:07

Que de bons souvenirs également, l'ambiance dingue du jeu. Par contre j'y ai joué sur saturn. J'aimerai bien me le refaire sur ps1

galetas
24/07/2022 à 19:47

Ouaip, un jeu bien stressant et efficace. De bons souvenirs.

Tino
24/07/2022 à 17:33

Effectivement, ce jeux ma tromatisé quand j'étais enfant.. je venais de me faire offrir la PS1 avec need for speed, Tekken 2, Crash bandicoot, et le fameux alien trilogie... Je l'ai tellement Seigner que j'ai encore le code triche pour accéder à toute les armes, et niveau du jeux qui été donner à la toute fin quand on finissait le jeux ! Le code est 1GOTP1NK8C1DBOOTSON une fois activé un nouveau menu apparaît et la c'etais la folie assuré ! Que de mémorable souvenir ! J'ai abandonné le jeux quand résident evil 1 et final fantasy 7 sont sortie ! Eux aussi des légendes intemporels a consommé sans modération !