Un vidéoprojecteur dans votre montre connectée : la nouvelle idée "lumineuse" de Samsung

Tapi depuis toujours dans l’ombre de son rival Apple, Samsung doit redoubler d’efforts pour grignoter des parts de marché face à son féroce concurrent. Et pour y parvenir, la firme coréenne essaye tout ce qui est possible, jusqu’à proposer des idées farfelues pour que sa montre connectée arrive à la cheville de l’Apple Watch.

Les grands cerveaux de Samsung viennent donc de déposer un brevet étonnant : il s’agirait d’un vidéoprojecteur intégré dans la Samsung Galaxy Watch, qui projette l’image sur le poignet de son utilisateur.

Mais que faut-il attendre exactement de ce projet fantaisiste ? Est-il voué à voir le jour ou à prendre la poussière ? Et pourrait-il devenir une référence sur le marché ? Décryptage.

La montre connectée, c'est comme le vélo : ça s'apprend dès le plus jeune âge

Le vidéoprojecteur intégré : une innovation pas si récente, et qui doit encore faire ses preuves 

Des flops à la pelle, malgré plusieurs tentatives 

Nombreux sont ceux qui se sont déjà frottés à cette fameuse technologie du vidéoprojecteur intégré, mais sans parvenir à la démocratiser auprès du grand public. 

Le premier nom qui nous vient à l’esprit est sans doute celui de Cicret, une petite start-up française, qui ambitionnait de lancer un bracelet à vidéoprojection sur le bras il y a presque 10 ans. Mais ce qui semblait être un projet révolutionnaire s’est vite transformé en un véritable fiasco… Entre une équipe technique incompétente, un statut juridique ultra-flou ou encore une absence de brevets et de contrats avec les prestataires, tout était réuni pour que le bracelet Cicret sombre tel le Titanic.

Toutefois, les temps ont bien changé et la technologie aussi. Plusieurs nouveaux challengers ont donc tenté de reprendre le concept, dont Samsung.

Avec son allure de bracelet de camping, le Cicret nous promettait un vrai smartphone intégré. Mais que nenni !

Samsung n’échappe pas à la règle et s’obstine 

Ce n’est pas la première fois que Samsung débarque avec des idées que l’on croirait tout droit sorties de Star Trek. En effet, rappelez-vous de son fameux Galaxy Beam sorti en 2012, qui avait fait rêver les grands enfants que nous sommes avant de faire un flop monumental dans les rayons… La faute à une faible résolution, une luminosité bien trop timide, une surface de projection limitée (moins d’un mètre de large) et un système glouton en énergie.

Le géant coréen n’a pas lâché l’affaire pour autant, en déposant 4 ans plus tard un nouveau brevet pour la Galaxy Watch permettant d’afficher un clavier externe sur le dos de la main et détectant les gestes de son utilisateur. À l’origine, ce brevet ne prévoyait donc pas encore l’affichage de photos ou de vidéos.

Le Samsung Galaxy Beam, ou l'art de passer d'avant-gardiste à ringard en quelques mois...

Samsung a aussi dévoilé un autre concept de clavier virtuel avec SelfieType, lors du CES de Las Vegas en 2020. Grâce à la caméra frontale du smartphone, il serait alors possible d’écrire un texte en tapant… dans le vide ! Mais le projet n’est a priori pas si absurde qu’il en a l’air, puisqu’un groupe de chercheurs de Stanford vient justement de mettre au point un autre prototype de clavier dématérialisé avec un spray.

Quoi qu’il en soit, ces nombreux concepts montrent bien que Samsung fait le pari de la vidéoprojection et de la détection des gestes pour les futures innovations de ses produits.

Et qu’en est-il du fonctionnement de cette future Galaxy Watch à vidéoprojecteur ? 

Pour rentabiliser ce brevet de vidéoprojecteur miniaturisé avant qu’il ne tombe aux oubliettes, Samsung compte bien l’intégrer à sa célèbre montre connectée, la Galaxy Watch.

L’objectif de cette innovation est d’ailleurs assez simple : rendre le visionnage d’images et de vidéos plus agréable que sur le petit cadran de la montre. D’après le communiqué de la marque, on retrouverait donc “un écran de projection sur la partie latérale de la montre”. Alors peut-être qu’un jour, qui sait, on pourra regarder Netflix@directement sur le dos de sa main !

Et pour que l’affichage soit clair, net et équilibré, il serait doté de plusieurs émetteurs LED et de lentilles alignés sur deux rangées en forme d’arc de cercle. Sur le papier, ce projet semble donc tenir la route. Mais on le sait bien, il y a généralement un gouffre qui sépare la théorie de la pratique…

Chaque centimètre carré de peau sera rentabilisé

La Galaxy Watch peut-elle se démarquer grâce à cette technologie ?

Après le home-cinéma, place au “hand-cinema” ! 

Malgré sa persévérance dans une technologie qui semble depuis longtemps boudée par les consommateurs, on ne peut pas dire que Samsung ait totalement campé sur ses positions. En effet, au lieu de s’entêter avec un prototype de vidéoprojecteur “mural” intégré (comme sur le smartphone Galaxy Beam), la marque opte cette fois-ci pour un système directement fixé au poignet et garantissant donc une meilleure stabilité. Bref, c’est une vraie montre à la Ben 10 !

De plus, la technologie utilisée semble a priori bien plus aboutie que celle de ses prédécesseurs, avec des rangées de LED qui s’adaptent à la morphologie de la main pour un visuel net et équilibré. L’apport de ce vidéoprojecteur semble mine de rien intéressant, car il vise ainsi à repousser les limites physiques de la montre connectée en étendant la surface de l’écran sans en agrandir le boîtier (ce qui pourrait le rendre inconfortable à porter). 

Les super-pouvoirs actuels ne sont pas ceux que l'on imaginait, étant plus jeunes...

Cela permettrait en même temps de compléter la palette de fonctionnalités de la Galaxy Watch avec, entre autres, une potentielle compatibilité avec les services de streaming comme Netflix et Disney+, tout en suivant la tendance des montres connectées de plus en plus perfectionnées, bien moins “accessoires” qu’elles n’étaient à leurs débuts.

L’ambition de certains constructeurs est d’ailleurs claire : ces bracelets intelligents se placent déjà comme des “prolongements” de smartphones, mais ils visent surtout à les délaisser voire à les remplacer sur le long terme. Alors certes, ils ne permettent pas encore de voyager dans le temps comme dans Retour vers le futur, mais ils se montrent déjà très pratiques pour une multitude de tâches au quotidien.

"Un peu longue cette soirée... Et si je me lançais une petite série sur Netflix ?"

Quelques faiblesses notables 

De la même manière, de nombreux consommateurs pourraient regretter la disparition du minimalisme dans les montres connectées à venir. Et bien qu’elle puisse attirer une nouvelle clientèle de mordus du 7e art, il y a fort à parier que certains puristes du bracelet sobre et “sans fioritures” ne trouveront pas leur compte avec cette future Galaxy Watch dotée d’un vidéoprojecteur. Sans même parler de son prix, qui risque bien d’atteindre des sommets.

En outre, on souhaite déjà bon courage à la batterie qui devrait être fortement sollicitée par un tel système, et sa durée de vie pourrait bien en pâtir. Et que dire de la luminosité ! Avec un système aussi miniaturisé, il y a peu de chances que l’on puisse apprécier pleinement le visionnage d’Interstellar en plein soleil. Les ingénieurs vont donc avoir du pain sur la planche, pour lui fournir la puissance en lumens suffisante à une utilisation optimale dans toutes les conditions.

La lumière, ce nouvel ennemi juré des utilisateurs de montres connectées...

Alors, que faut-il retenir de ce nouveau projet ?

Samsung semble poursuivre sa lancée avec des innovations qu’elle considère “de rupture” ; la sortie de son smartphone pliable Galaxy Fold en 2019 en est une autre preuve. Une stratégie presque diamétralement opposée à celle d’Apple, qui préfère s’appuyer sur l’innovation incrémentale avec une multitude de mises à niveau sur ses appareils, sans en changer les fondements. Comme en témoigne son tout dernier HomePod 2.

Rappelons toutefois que ce projet de vidéoprojecteur intégré n’en est qu’au stade de brevet, et que cela ne garantit en rien la commercialisation d’une telle technologie. D’ici là, rien ne garantit non plus l’adoption unanime du public : qui serait prêt à regarder des photos ou des vidéos grâce à sa montre, alors que le smartphone fait déjà très bien le job ? Il s’agit donc d’un pari sur l’avenir, en supposant que les téléphones portables connaissent un déclin progressif… Ce n’est donc pas demain la veille que l’on pourra regarder The Last of Us en soulevant sa manche !