Dans un univers audiovisuel saturé par les films de super-héros, Tom Hanks a exprimé une certaine lassitude pour ce genre de productions.
Tom Hanks est actuellement en pleine tournée promotionnelle pour le film Here – Les plus belles années de notre vie, pour lequel il a retrouvé le réalisateur Robert Zemeckis et l’actrice Robin Wright, reconstituant ainsi le triumvirat de Forrest Gump.
Adapté du roman graphique Here de Richard McGuire, le film retrace la vie d’une famille sur plusieurs décennies (et l’Histoire en général) en conservant la même unité de lieu : le salon d’une maison américaine. La proposition n’a cependant pas séduit la presse ni le public américain. Le film de Robert Zemeckis a reçu des avis catastrophiques outre-Atlantique (il n’a pas été montré à la presse française), et pour son arrivée en salles, Here a réalisé un démarrage désastreux au box-office.
Au micro du podcast Happy Sad Confused, Tom Hanks est revenu sur son expérience auprès de Robert Zemeckis, puis la conversation a dévié sur le sujet des films de super-héros contemporains. Si l’acteur n’a aucun grief particulier contre ce genre cinématographique, il pointe tout de même un certain essoufflement.

Tom Hanks lassé des films Marvel/DC
Tom Hanks a commencé par préciser qu’il n’avait jamais rencontré Kevin Feige ni James Gunn pour discuter d’une potentielle participation au MCU ou DCU. Si l’acteur ne critique pas les politiques cinématographiques de ces deux écuries, selon lui, après vingt ans de grand spectacle bâti à la truelle d’effets spéciaux, les spectateurs aspirent désormais à des récits plus profonds, plus connectés à l’expérience humaine.
Rappelant les tentatives d’adaptation de Captain America ou Spider-Man des années 1970 et 1980, l’acteur a souligné que les technologies ne permettaient pas à l’époque de recréer l’ambiance des comics. Puis vint le Superman avec Christopher Reeve, premier à créer cette « magie » comme le définit Tom Hanks. Aujourd’hui, grâce aux progrès en matière d’effets spéciaux, les studios peuvent concrétiser toutes les folies.
« Vous pouvez faire n’importe quoi. On peut probablement dire que le Superman de Christopher Reeve a été le premier à s’en approcher grâce à la technologie de pointe qui permettait d’enlever les fils. Nous avons tous cru [qu’un homme pouvait voler] lorsque nous l’avons vu. C’était tout à fait extraordinaire.«

Man of Style
Cependant, à force de se concentrer sur des prouesses techniques, les films de super-héros auraient oublié l’essentiel : raconter une histoire. Pour Hanks, un film doit avoir un sens, un propos sur la condition humaine, au-delà du simple spectacle visuel.
« Comme il est possible de réaliser n’importe quoi à l’écran, nous en sommes venus à l’idée de « OK, c’est vrai, mais où est l’histoire ? » Vous pouvez rêver du lac Michigan et le remplir de coucous qui forment un dragon à trois têtes qui crache du feu et détruit Chicago. C’est possible. Mais dans quel but ? Quelle est l’histoire et que va-t-elle dire de nous ?«

L’acteur a poursuivi son argumentaire en expliquant que le cinéma super-héroïque était autrefois moins insensé. Il met en avant le fait qu’il y a bien eu un moment où les valeurs et états d’âme des super-héros parlaient forcément au public.
« Il fut un temps, et c’est ce que je ressentais aussi, où nous allions voir les films DC et MCU pour voir ces meilleures versions de nous-mêmes. Mon Dieu, j’ai l’impression d’être un X-Men de temps en temps. Je suis aussi confus que Spider-Man. Je suis aussi en colère que Batman. J’aime mon pays autant que Captain America.
Nous avons parcouru ce chemin. Nous avons eu 20 ans pour explorer ce genre de choses, et maintenant nous sommes dans une évolution et un endroit où on se demande : Et l’histoire, c’est quoi ? Le thème, c’est quoi ? Le but de ce film, c’est quoi ? »

Saturation complète ?
Tom Hanks avance aussi que l’industrie a tort de croire que l’usine à billets qu’est le genre du cinéma super-héroïque pourra continuer à tourner à plein régime indéfiniment :
« L’industrie dit souvent que si cela marche, cela marchera encore, mais le public a une longueur d’avance. Les spectateurs voient quelque chose de trop familier et se disent : « J’ai déjà vu ça, et donc ?« Faire des choses incroyables ne suffit pas, il faut aussi savoir quelle l’histoire on veut raconter. C’est quoi le but de toutes ces histoires ? Les gens veulent qu’on leur parle d’eux également. On a l’impression qu’on est arrivé au bout d’un truc et on explore chaque année de nouveaux horizons à ce sujet. »
Et les chiffres semblent lui donner raison : les dernières productions issues de l’univers DC ou de Marvel, telles que Shazam : Fury of the Gods, The Flash, Madame Web ou Ant-Man and the Wasp : Quantumania, ont enchaîné les échecs au box-office. 2023 et 2024 semblent marquer un tournant pour le genre, où même un titre comme Joker : Folie à Deux se rate complètement en termes de fréquentation en salles.

Si des exceptions subsistent, comme Deadpool 3 et son 1,3 milliard de dollars de recettes, la tendance globale semble bien illustrer une diminution de l’intérêt du public. Selon Hanks, les spectateurs, habitués aux récits de super-héros, seraient désormais en quête de nouveauté, et de récits avec une vraie portée dramatique, capable de provoquer l’empathie des spectateurs et de les émouvoir.
Ce que Tom Hanks décrit est sans doute symptomatique d’une industrie qui, en recyclant des formules trop bien rôdées, provoque une saturation chez le public. « Ce que [le public] attend, c’est du nouveau, c’est de l’histoire », a-t-il conclu. Qu’il puisse être entendu pour qu’on puisse découvrir, à l’instar de Here de Robert Zemeckis, en salles depuis ce 6 novembre, plus de propositions uniques en leur genre.
Je reconnais ça c’est un mystère. Pourquoi les gens se déplacent en salle pour voir Venom ?
Comme je suis d’accord. La majorité de ces films m’ennuient profondément, depuis au moins 10 ans. Le cahier des charges est ultra précis et ultra respecté, y a rien qui dépasse, zéro inventivité, zéro risque. Y a que les costumes qui changent, c’est toujours construit pareil. Les exceptions sont très très rares. Quel ennui!
Bien dit Forest ! Les films de super héros c’est comme un rouleau de papier toilette. Plus tu tires dessus plus les feuilles viennent. Mais quand tu arrives au bout du rouleau et qu’il n’y a plus rien, tu es vraiment dans la merde.
A mon avis, ils ne pensent pas ça chez Disney ou WB, et savent très bien que ça va s’arrêter un jour ou l’autre, mais ce ne sera pas leur décision, mais celle du public qui en aura marre. les studios, eux, comme d’hab, tireront sur la corde aussi longtemps que possible.
« On ne comprend toujours pas pourquoi des gens vont voir Venom » .. et bien vous n’êtes pas les seuls !
Il parle bien Tom. J’espère qu’il y a des gens qui l’ont écouté attentivement. L’histoire est est importante. Après, je ne le rejoins pas totalement sur le genre super-héroïque. Peu importe le genre, si c’est bon. Sinon, si on suit son raisonnement, il n’y aurait plus de films western, de comédies ou de films de flics. il y en a eu tellement. Le problème DC, c’est qu’ils n’ont pas vraiment réussi à contruire leur univers et ils repartent de 0 donc c’est confusant et ils ont tellement fait de mauvais films que rien ne dit que les gens vont suivre; Et pour le MCU, endgame, qui porte bien son nom, était une bonne fin et les gens n’ont toujours pas trouvé l’intérêt de voir la suite.
Amen!