Cannes 2017 : Le Musée des merveilles (Wonderstruck) avec Julianne Moore, la critique à chaud

Chris Huby | 18 mai 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Chris Huby | 18 mai 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
A deux époques différentes, deux enfants victimes de surdité sont à la recherche de leur famille respective. Leur récit vont se connecter et s'emmêler, alors que l'un d'entre eux fait la rencontre d'une comédienne esseulée. Le cinéma de l'enfance, et de la quête identitaire en particulier, peut être considéré comme un genre en soi. Certains chefs d'oeuvres ont marqué le 7e art, s'attaquer à ce type de récits reste donc toujours un exercice périlleux tant la comparaison peut être désastreuse pour le cinéphile.
 
Mais Todd Haynes n'est pas n'importe qui, et après avoir présenté triomphalement sur la Croisette le très beau Carol, il s'attèle donc à l'adaptation de Wonderstruck de Selznick de la manière la plus personnelle qui soit, respectant ses propres codes, toujours prompts à tendre vers l'expérimental et vers une beauté formaliste.
 
Le film s'ouvre sur une attaque de loup mystérieuse, un cauchemar enfantin, clé d'une narration qui tient sur un fil. Le talent du metteur en scène s'exprime ici à merveille, passant d'une réalité à une autre et jouant avec un imaginaire proche du songe. La grande difficulté initiale étant le traitement de la surdité, Haynes use du handicap et de ses problématiques pour transcender son propos et proposer un point de vue changeant sur ce qui entoure ses deux héros séparés par une soixantaine d'années.

 

Affiche française

 
La thématique de la descendance issue du secret reste le coeur du film. C'est un principe très classique qui fonctionne ici plutôt bien, offrant régulièrement au film plusieurs degrés de lectures, qui jouent sur la dimension sensitive de la narration. En cela, le réalisateur adapte intelligemment le roman éponyme de Selznick, riche de témoignages aux interprétations multiples, de marques laissés derrière eux par les disparus.. C'est tout le brio de Haynes que d'y apporter une vraie mise en scène à tiroirs.      
 
 

Photo Jaden Michael, Oakes Fegley

 
 
Malheureusement, le scénario a trop tendance à s'appuyer sur cette seule habileté et à se répéter. A force de tenter d'enchevêtrer des séquences les unes dans les autres, l'histoire montre souvent ses faiblesses et tire le propos vers le bas. Ce qui était un joli point de départ finit par lasser, d'autant que ce qui nous attend est cousu de fil blanc. Très vite, la révélation de fin du film saute aux yeux et on fini par se désoler de voir le cinéaste nous faire le coup d'un suspense désuet et artificiel.
 
 
Ses personnages sont plaisants mais sans trop survolés pour intéresser au-délà des apparences et des principes établis dès le début du métrage. La faute sans doute à un script de départ qui serre un peu la vis sur des idées qui auraient méritées d'être plus complexes dans leur analyse. Le symbolisme écrasant du dernier tiers vient achever le spectateur, qui se retrouve avec un objet finalement plus superficiel et plastique que profond et poétique. 
 

Reste un long métrage au visuel très fort et quelques moment oniriques réussis. C'est dommage, mais Haynes, à l'image de son film, commence aussi à se répéter.   

Wonderstruck de Todd Haynes, en salles le 15 novembre en France.

 

Photo Millicent Simmonds

 

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