Duncan Jones s'explique sur son Warcraft

Christophe Foltzer | 31 mai 2016
Christophe Foltzer | 31 mai 2016

Difficile d'exister en Marvel et DC actuellement. Pourtant, sur le papier, Warcraft avait tout pour cartonner et reprendre le flambeau du Seigneur des Anneaux, mais quelque chose ne s'est pas passé comme prévu.

C'est peut-être l'orientation-même du film qui est son pire adversaire. En effet, comme vous avez pu le lire dans notre somptueuse critique, Duncan Jones n'a pas réussi à équilibrer son histoire entre film de fans et récit à destination d'un public néophyte. Loin d'être une purge, le film aurait cependant gagné à mieux choisir sa cible au moment justement où le grand public s'ouvre de plus en plus à des choses considérées il y a encore 10 ans comme la chasse gardée des geeks.

Au cours d'un long entretien accordé au Daily BeastDuncan Jones est néanmoins revenu sur cette épopée, tant en coulisses que sur les écrans. Et il décide de nous toucher directement au coeur en parlant de son père, David Bowie, décédé en janvier dernier et qui avait cependant eu le temps de voir une version du film :

Duncan Jones

"Je lui ai montré un premier montage ainsi que différents plans d'effets spéciaux. Vous savez, pour les gens il était David Bowie, mais pour moi, c'était mon père. Et il était toujours très intéressé par les choses que je faisais, donc je lui ai montré ce sur quoi je travaillais et il était très content pour moi et heureux que je fasse ce que j'aimais dans la vie."

Et en 10 ans de gestation, il s'en est passé des choses en coulisses.

"Si vous en parlez à Rob Kazinsky (Orgrimm dans le film et joueur émérite de WOW) il vous dira que Warcraft a sauvé sa vie. Des mariages, des divorces, il s'en est passé des choses autour de ce jeu."

Si généralement les studios engagent des réalisateurs peu familiers de l'univers qu'ils doivent transposer à l'écran, avec Warcraft, ils partaient pourtant gagnants puisque personne d'autre que le metteur en scène ne semblait connaitre aussi bien l'univers d'Azeroth : 

"Je suis un vrai joueur. J'ai dirigé une guilde dans Ultima Online à l'époque et quand on a voulu passer à autre chose, nous sommes allés dans World of Warcraft et j'ai eu l'impression d'être dans le Choix de Sophie, à devoir choisir entre les humains et les orcs. Nous voulions raconter une histoire qui soit différente d'un traitement à la Tolkien vous savez, où les créatures mignonnes et les humains sont les gentils, et les monstres les méchants. Nous voulions faire ce que Warcraft fait, à savoir vous laisser jouer n'importe quel personnage et devenir le héros."

trailer

Plus facile à faire en jeu qu'en film et il parait évident que les ambitions avouées de Jones se sont confrontées aux contingences de la réalité. En effet, à l'origine le film durait 2h40 mais, pour des raisons économiques, il a été ramené à une durée plus classique de 2h, ce qui l'a, du coup, empêché de nous faire une petite blague :

"Si vous connaissez Moon et Source Code, il y a un gars très gentil qui s'appelle Chesney Hawks et qui a composé un grand hit anglais : I am the One and Only. Je l'ai utilisé comme alarme dans Moon et comme sonnerie dans Source Code. Il devait aussi apparaitre dans Warcraft, mais en version barde. Mais on n'a pas pu le garder. Je le mettrai peut-être sur Twitter. Il a fait une version médiévale de son hit et c'était génial. Malheureusement j'étais le seul à trouver cela drôle."

Si le film est au final imparfait, on ne peut retirer au réalisateur sa passion et sa sincérité quant au projet. Et tout de suite, ça nous donne envie de le revoir et de l'encourager, poussé par un élan de sympathie amplement mérité. Ready to serve my lord.

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Tout savoir sur Warcraft, le commencement

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commentaires
Zanta
31/05/2016 à 16:18

Un réalisateur éminemment sympathique et talentueux, mais qui s'est lancé trop vite dans le grand bain avec ce Warcraft.
Vivement qu'il revienne à des projets plus modestes de SF, tout en se contentant de travailler sur des franchises déjà établies par des studios.
Par exemple, vu la tronche du très daté "Apocalypse" de Singer, la 20th Century Fox a sacrément besoin d'un regard neuf sur ses X-Men.