Pour Yash Chopra sonne le glas !

Marjolaine Gout | 24 octobre 2012
Marjolaine Gout | 24 octobre 2012

Yash Chopra, l'alchimiste du divertissement hindi vient de rendre l'âme. Son cœur a succombé au fatal coup d'estoc d'un moustique. Ce dimanche 21 octobre 2012, la Dengue lui ravit son dernier souffle et nous rafle un moghol du cinéma indien. Sur les flancs alpestres, des larmes dévalent. La Suisse l'attendait pour son clap final. Une ultime chanson aurait dû clore le tournage de son dernier film Jab Tak Hai Jaan. Mais, les sonnailles du glas ont remplacé les ramages « Chopraiens ». Celui, qui caressa tant de fois de son regard ces alpages, les capturant avec panache, laisse ces monts orphelins. Le sort aura voulu que sa griffe Helvète soit absente de son œuvre posthume. A 80 ans, Yash Chopra quitte le monde des vivants en laissant une marque indélébile sur celui des songes cinéphiliques.

Véritable couteau suisse, ce réalisateur-producteur voit le jour en 1932 à Lahore. Suivant les pas de son frère ainé, le metteur en scène Baldev Raj Chopra, ils s'associent et travaillent à l'unisson : l'un à la production, l'autre à la réalisation. Dès Dhool Ka Phool (1959), Yash Chopra fait des étincelles derrière la caméra. Mais il va s'affirmer à partir des années 70 en créant sa propre maison de production : Yash Raj Films. Produisant et réalisant, à présent, les films issus de sa société présentent un style flamboyant, des décors exotiques et des mélodies attachantes. Quelques-uns des éléments récurrents d'une filmographie qu'il conçoit autour des relations humaines. Yash Chopra s'attache, en effet, à saisir les émotions et les conflits intérieurs. Avec force, il  arc-boute sa mise en scène sur l'exploration des sentiments humains. Même s'il fit de nombreux films choraux, le triangle amoureux, familial ou de circonstance  reste un de ses modus operandi de prédilection qu'il décline dans ses grands classiques à l'instar de Daag (1973), Dil To Pagal Hai (1997) ou Veer-Zaara (2004).

Yash Chopra va rapidement devenir un modèle pour la confrérie du cinéma hindi. Dès que celui-ci innove, réintroduit un thème ou détourne le héros indien, une flopée de productions voit le jour en suivant cette mouvance. Ainsi avec Deewar (1975), il crée l'image du « jeune homme en colère » qui collera longtemps à la carrière d'Amitabh Bachchan. Puis, à une époque submergée par les films violents, il réintroduit ce même acteur dans la romance Kabhi Kabhie (1976). Yash Chopra réeffectuera ce même schéma avec Shah Rukh Khan. Dans Darr (1993), il lui fait camper un rôle négatif avant de le remodeler dans une de ses productions, Dilwale Dulhania Le Jayenge (Aditya Chopra, 1995), tel un personnage romantique moderne.

Les films de Yash Chopra ont une place à part dans  le cinéma hindi. Entre classicisme et modernisme, il a su ponctuer l'histoire du 7ème art, avec brio, par son don d'observation et d'analyse de la société indienne. Après le succès retentissant de Chandni (1989), marquant le retour de la romance et rompant le cycle de la violence, Yash Chopra trace sa route. Certes, comme ses acolytes, il délaisse le film d'action mais s'essaie à une expérimentation avec Lamhe (1991), un film d'une autre teneur qui divisa le pays. En avance sur son temps, même si celui-ci prône des valeurs familiales et traditionnelles, il bouscule les consciences. Néanmoins, même si Yash Chopra explore divers genres, diverses thématiques, la romance définit le mieux son œuvre.

Se réinventant et survivant dans le microcosme compétitif de l'industrie cinématographique hindi, Yash Chopra a su divertir les spectateurs durant un demi-siècle. Sa contribution, son apport et son influence restent phénoménaux. Sa mémoire et son œuvre subsisteront au travers de Yash Raj Films. Il laisse derrière lui sa femme, ses fils et un film-testament, Jusqu'à Mon Dernier Souffle (Jab Tak Hai Jaan). Cette icône du cinéma indien s'en est certes allée, mais son aura plane à jamais sur l'histoire du 7ème art.

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