Collaborateur attitré de Spike Lee depuis Jungle fever en 1991 (les précédentes réalisations de Lee étaient orchestrées par son père, Bill Lee, lorsqu’il ne recourt pas à des chansons d’artistes connus), Terence Blanchard est à nouveau de la dernière aventure du cinéaste pour sa première expérience dans un « film de majors ». Mais ce n’est pas pour autant que le compositeur abandonne son bon vieux jazz. Un style qu’il parvient parfaitement à accommoder au sujet, à la croisée entre le rétro des polars des années 70 et le film de braquage moderne.
Exit donc les boites à rythme et les notes de synthèse, place aux bons vieux instruments à cordes (contrebasses, piano ) et à vent (Blanchard est lui-même trompettiste, l’un des deux instruments « classiques » du jazz avec le piano) pour un résultat qui entretient à la fois le mystère du cambriolage tout en soutenant les différentes joutes verbales d’Inside man au cours d’une B.O. 100% jazzy (à deux exceptions près) de 56 minutes au total sur 2h10 de long-métrage. Toutefois, si replacé dans le contexte du film, ce score remplit parfaitement son office, écoutés à part, certains morceaux finissent plus ou moins par se ressembler et il faut finalement s’en référer à la track list (cf. ci-dessous) afin de se repérer par rapport à la narration du film. Un reproche qui n’aura toutefois rien de préjudiciable pour les amateurs de jazz.
Deux exceptions se sont donc glissées au cur des 27 pistes du score. La première, Nazis pay too well (n°17) qui, comme son nom l’indique, se réfère au nazisme et dont les 3min 53s ne seront pas sans rappeler les notes du Pianiste de Roman Polanski pour souligner la mémoire de l’Holocauste. La seconde, présentée ici en 27ème et dernière piste mais audible à la fois en ouverture et en clôture du film, est le remix de Chaiyya Chaiyya que Spike Lee voulait inclure dans l’un de ses futurs longs-métrages après l’avoir entendu dans le film Bollywood Dil Se.. (dixit l’interview qu’il nous a accordée). Un remix d’une musique d’origine indienne au relent de rap (l’un des personnages du film est Sikh et est pris à tort pour un intégriste arabo-musulman, soit deux croyances n’ayant strictement rien en commun) qui complète à merveille les différences et incompréhensions culturelles parfois (souvent ?) conflictuelles que Spike Lee cherche à souligner une fois de plus dans Inside man comme dans chacun de ses films.
Track listing : 1. Ten thirty 2. Thrown a bone 3. Stevie Switcharoo 4. Dalton’s world 5. 357 6. 392 7. 2nd floor window 8. Defend Brooklyn 9. Food chain 10. Above your pay grade 11. Everything hunky dory 12. Frazier’s tour 13. Press here to play 14. Nothing yet 15. Demands in place 16. Here lies Peter Hammond 17. Nazis pay too well 18. Nice talking to you 19. They bugged us 20. Hostage takedown 21. Dr. Phil 22. Photo ops 23. ESU search 24. Dalton’s cell 25. Follow the ring 26. Good and ready 27. Chaiyya Chaiyya Bollywood joint |