Venise - Compte-rendu 4

Laurent Pécha | 5 septembre 2006
Laurent Pécha | 5 septembre 2006

Les jours se suivent et ne se ressemblent vraiment pas à la Mostra de Venise. Après un dimanche bien tristounet (même la régate organisé sur le bassin vénitien n'était guère exaltante) où les bons films ne se comptaient même pas sur les doigts d'une main, place à une excellente, que dis-je, une enthousiasmante journée du lundi.

 

 

Si la projection très matinale de The Wicker man (lire la critique ici), remake éponyme du film fantastique culte de Robin Hardy de 1973, avec Nicolas Cage a laissé de marbre Audrey (il faut dire que la pauvre était rentrée la veille d'une projection à plus d'une heure du mat avec texte à écrire dans la foulée alors que votre dévoué serviteur, faisant jouer bassement son rôle de rédac chef, l'avait joué « je vais enfin dormir plus de quatre heures »), la suite des événements était d'un tout autre acabit.

 

 

D'abord, le très, très attendu, The Fountain de Darren Aronofsky, a certes été sifflé par une grande partie de la salle mais de notre côté (notamment le mien qui n'aimais aucun film du cinéaste jusqu'alors), on a été envoûté par la magie des images et le souffle romanesque. Audrey vous en parle plus longuement ici. Autre film en compétition qui a marqué les esprits, Bobby d'Emilio Estevez. Présenté dans une copie estampillée « work in progress » (le montage changera t-il d'ici là sa sortie ?), le film qui suit les 24 heures d'une vingtaine de personnes vivant ou travaillant à l'Hôtel Ambassador le jour où Robert Kennedy va se faire assassiner est l'occasion d'admirer une kyrielle de stars (Sharon Stone, Anthony Hopkins, Demi Moore, Helen Hunt, William H. Macy, Christian Slater,…) et de voir qu'Emilio Estevez n'a pas à rougir face à un Altman ou un Anderson dans l'exercice du film choral. Un joli exploit dont on vous reparle plus longuement dans quelques jours.

 

 

Enfin, le coup de cœoeur surprise (enfin le mien, Audrey ayant été plus retenue sur le sujet) était pour la fin de la journée avec Fallen, petit film autrichien de Barbara Albert (36 ans) mettant en scène cinq actrices (autrichiennes également) d'une trentaine d'années dont on reparlera très vite puisque j'ai rendez-vous avec quatre d'entre elles pour discuter de leur formidable performance. Amusant de constater que Fallen concourt dans la même compétition qu'un Dahlia noir ou d'un The Fountain tant cinématographiquement parlant, ils ne parlent pas le même langage. Comme le dit elle-même sa réalisatrice, Fallen se focalise avant tout sur les personnages et les émotions qu'ils dégagent. Film de femmes fait par une femme, Fallen est une perle dont on aimerait qu'elle dure indéfiniment. C'est que l'on s'attache très vite à ces cinq bouts de femmes qui se retrouvent à l'enterrement de leur ancien professeur de lycée après s'être plus ou moins perdues de vue au fil des années. On les suit avec la même complicité grandissante qui renaît entre elles tout au long de la journée et surtout la nuit, synonyme d'envol des inhibitions (ah le Brooklyn et sa piste de danse) et on apprend à les aimer, à scruter leurs failles que l'on devine par la grâce de cinq comédiennes épatantes dirigées de main de maître. Maîtrisant à la perfection le ton tragi-comique de son récit, Barbara Albert signe un film simple mais qui possède la plus belle des qualités : celle de nous émouvoir au plus profond de notre être. Et pourquoi pas de rêver que ce magique petit film venu de nulle part fasse la nique à tous les prestigieux prétendants au Lion d'Or samedi prochain.

 

 

 

Fallen de Barbara Albert 

 

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