Marie Antoinette n'aime pas le Net

Les rumeurs ne sont pas des plus favorables quant à la qualité du troisième film de Sofia Coppola, Marie Antoinette. Le meilleur moyen d'avoir un avis réfléchi sur la question était tout simplement d'assister à l'une des projections parisiennes avant sa présentation à Cannes. C'était sans compter la réponse très explicite de la néanmoins sympathique attachée de presse : « Désolé, mais nous n'ouvrirons pas les projos aux sites internet ». Mon Dieu, de quelle maladie sommes-nous atteints pour être tenus à l'écart de la sorte ? Il est vrai que Sandy Gillet a un bouton sur le nez depuis quelques jours et que du coup aucun film ne trouve grâce à ses yeux depuis lors mais est-ce une raison suffisante pour interdire l'accès à tous les journalistes du web ?
Alors nous profitons de cette ignoble injustice (oui ignoble mesdames et messieurs) pour faire quelques précisions officielles non seulement destinées aux attachés de presse, mais aussi à nos lecteurs car oui, c'est vrai, les sites internet en ont, on vous le jure.

Les sites internet, comme les télévisions et tous les autres médias, ont besoin d'argent pour vivre. Et oui, nous ne bouffons pas que des données informatiques à longueur de journée, il nous arrive d'éteindre l'ordinateur pour manger de la nourriture ! Mais si nous ne pouvons pas faire notre travail correctement, les lecteurs vont nous prendre pour des amateurs, cela se ressentira sur notre audience et nos revenus publicitaires finiront par en pâtir. CQFD ! Un site internet n'est pas un blog. Le premier est tenu par une équipe de professionnels, le second en général, par un particulier qui a un autre boulot à côté la plupart du temps. De plus, l'audience n'est pas la même. Rares sont les blogs qui accueillent comme Écran Large, 40 000 visiteurs par jour.

Les sites internet ne sont pas là que pour distiller des infos que personne d'autre ou presque ne veut diffuser. Les attachés de presse de Marie Antoinette sont adorables quand il s'agit de demander à ce qu'on vous informe de la programmation du Centre Pompidou, ce dont le lecteur de Montcuq (un salut à Daniel Prévost au passage) se fout royalement. Mais dès que c'est du lourd comme sujet, nous sommes des monstres à guillotiner. Vous trouvez ça normal vous ?

Certains attachés de presse ne sont pas à l'aise avec le web (question de génération ?) mais pourtant il serait souhaitable qu'ils essaient de s'adapter car le média de demain n'est pas le magazine de presse écrite, mais bien le web. Il faut vivre avec son temps ! Il suffit de jeter un oeil de l'autre côté de l'Atlantique pour voir qu'à part Premiere, il n'existe plus de magazines de cinéma. Juste des hebdos entertainment comme The Hollywood Reporter, Variety, etc... Et surtout, des sites internet, lus et respectés, voire même privilégiés parfois comme Dark Horizons, JoBlo, Ain't it Cool, Coming Soon, on en passe et des meilleurs. Ce sont eux qui ont les exclus et les Interviews. Aujourd'hui, ceci reste impossible en France, qui a comme d'habitude, un métro de retard.

Les sites internet aiment Sofia Coppola. Il n'y a qu'à lire tous les articles que nous avons pu écrire sur cette artiste très douée. Cependant, si nous trouvons Marie Antoinette raté, nous ne nous gênerons pas pour le dire. Alors peut-être touchons-nous là le vrai problème ? Est-ce le franc parler des sites internet (heuuu, pas tous !) qui gêne ? La vie était-elle plus facile pour les attachés de presse avec les médias traditionnels, parce que ceux-ci manient avec talent l'art de l'hypocrisie aiguë ? En effet, s'ils veulent des exclusivités, ces médias ont tout intérêt à rester discret sur un film raté et dire qu'il est « pas mal », sinon les relations tournent au vinaigre et le média se retrouve sans info. Un peu comme nous en ce moment.

Alors en attendant que notre envoyé spécial à Cannes, Vincent Julé, nous donne ses impressions sur Marie Antoinette, vous devrez vous satisfaire d'une simple rumeur basée sur un journaliste de province invité à Paris pour voir le film : « C'est un film très décevant, un beau livre d'images sans la moindre émotion ». Lui aura le droit de l'écrire (avec d'autres mots) car il travaille pour un quotidien en papier. Nous, non, parce que nous sommes un site internet ! Si on n'appelle pas cela de la ségrégation ?