Marie-Antoinette : critique à la brioche
La rumeur veut que l'on apercevrait au milieu du film une paire de converse fuchsia aux côtés des escarpins très royaux de la jeune reine. Les allergiques aux anachronismes trembleront à cette image et à la bande originale résolument rock qui prend le pas sur le clavecin dès le premier tiers du film ; les autres s'émerveilleront de l'audace. Car, que ceux qui sont adeptes de la touche Sofia Coppola se rassurent : ce Marie-Antoinette, aussi costumé soit-il, est indéniablement sofia coppolesque.
ENFANT-REINE
Les jeunes filles y rient à tue-tête et y cueillent des fleurs en robes légères dans une lumière diffuse avec la grâce des soeurs Lisbon de Virgin Suicides. Kirsten Dunst est radieuse en jeune reine impressionnée et impressionnante. La réplique « elle ressemble à un petit gâteau », écho aux macarons disposés en pyramides multicolores sur les grandes tables de réception, lui convient particulièrement. Elle erre avec grâce dans un château trop grand dont elle ne saisit pas vraiment les codes, avec la même désinvolture que la Charlotte de Lost in translation qu'on aurait affublée d'un déguisement de reine. Car c'est bien l'histoire d'une enfant que l'on habille en reine et qui n'en a jamais vraiment l'étoffe que nous conte Sofia Coppola.
La comparaison avec les deux précédents opus de la jeune réalisatrice s'arrête pourtant là, car avec ce Marie-Antoinette, Sofia Coppola tente d'imposer une autre dimension. Jusque là les jeunes femmes étaient des anonymes, ici on touche à l'Histoire. Et justement à vouloir trop humaniser et remettre au goût du jour cette personnalité historique, le film nous frustre un peu, et Marie-Antoinette de se diluer dans la grenadine.
Car à force de mouvements de caméra façon clip new age et d'allusions au monde de la jet-set, on en oublierait que la reine est la reine, tant et si bien que l'on préfèrerait avoir à faire de nouveau à une anonyme.
BASSE-COUR
On assiste pourtant bien à de purs moments de gourmandise : la relation que la jeune fille entretient avec Louis XVI, une relation privée de toute intimité (le couple se fait border chaque soir par un membre privilégié de la cour, devant une vingtaine de spectateurs), le faste de Versailles montré avec piquant dans toute son absurdité et son gaspillage, et finalement la très belle image de la jeune femme devenue reine qui se prosterne devant le peuple en colère venu l'occire.
Tout cela aurait pu aboutir à une troisième merveille de Sofia Coppola. Le film peine pourtant, malgré ces bons ingrédients, à trouver la recette. La jeune réalisatrice l'a recouvert d'une montagne de ce qu'elle aime, comme une princesse gâtée, et on la suit certes avec délice dans les couloirs d'un Versailles qu'elle a magnifiquement filmé, mais la crème ne prend jamais véritablement.
Lecteurs
(3.0)14/08/2018 à 23:38
"La rumeur veut que l'on apercevrait": vous vous êtes peut être mélangés les pinceaux dans la concordance des temps non? Cela dit effectivement film très surestimé, dommage parce que j'adore Kirsten Dunst.
14/08/2018 à 20:33
Sofia Coppola est aussi surestimée que ce film nullissime.