Cannes 2023 : les 10 films les plus attendus (Killers of the Flower Moon, Indiana Jones 5...)

Entre Killers of the Flower Moon, Indiana Jones 5, The Zone of Interest, le sexe, la SF et l'horreur, on fait le point sur les 10 films à ne pas manquer.

Après deux éditions remarquables (entre la Palme d'or de Julia Ducournau pour Titane en 2021 et la présence de Tom Cruise, Park Chan-wook, David Cronenberg, Baz Luhrmann et James Gray en 2022), la 76e édition du Festival de Cannes promet encore du très lourd, entre les oeuvres prestigieuses de grands cinéastes, de nouveaux noms prometteurs et des films de genres intrigants.

Avec près de 100 films au compteur (dont près de 70 en sélection officielle), l'édition Cannes 2023 sera toujours aussi fournie, et non moins spectaculaire. Pour la course à la Palme d'or, ils seront 21 longs-métrages à se tirer la bourre, dont sept réalisatrices. 

On peut évidemment regretter l'absence de grands noms attendus ou plutôt espérés à ce stade : Yorgos Lanthimos et son Poor Things, Jeff Nichols et son The Bikeriders (a priori pas prêt), tout comme Oppenheimer de Christopher Nolan et Barbie de Greta Gerwig. Rien qui n'empêche toutefois cette sélection de créer une grande impatience au sein d'Ecran Large.

On s'est donc amusé à lister dix films qu'on ne voudra surtout pas manquer dans cette édition 2023. Et évidemment avec dix films, on a dû faire des choix cornéliens, tant et si bien qu'on aurait pu en rajouter facilement une bonne vingtaine. Ne nous en voulez donc pas de ne pas forcément voir vos chouchous. C'est parti (par ordre alphabétique des titres, et non des attentes) !

Gallets ou salles obscures

ACIDE

Un nuage qui fait un peu peur

Avec son premier long-métrage La Nuée, sorti en 2020, Just Philippot faisait entendre une voix singulière dans le petit milieu du film de genre français. La Nuée a ainsi été sélectionné au label Semaine de la Critique, nommé aux César dans la catégorie meilleur premier film, et a remporté les Prix du jury et du public au festival de Gérardmer. Après ce succès, Philippot continue sur sa lancée avec son second film, intitulé Acide, sélectionné de son côté pour une prestigieuse séance de minuit.  

Le réalisateur adapte ainsi son court métrage éponyme de 2018, et utilise à nouveau la science-fiction et l'horreur pour parler des questions climatiques qui lui tiennent à cœur : des nuages de pluies acides et dévastatrices s’abattent sur la France. Alors que la population est prise de panique, une famille fracturée va devoir s’unir pour affronter cette catastrophe climatique et tenter d’y échapper. 

asteroid city

Un nouveau film de Wes Anderson est toujours un petit évènement pour les cinéphiles, amateurs de symétrie feutrée et délicieusement rétro. Le réalisateur au style inimitable est déjà passé deux fois sur la Côte pour la compétition cannoise avec son magnifique Moonrise Kingdom et le plus décevant The French Dispatch, synthèse boursoufflée du style du cinéaste.

Et l'auteur de The Grand Budapest Hotel revient déjà avec une nouvelle galerie hallucinante de stars dont les nouveaux venus (en chair et en os) Steve Carell,  Bryan Cranston, Scarlett Johansson et Margot Robbie (qui ne sera donc pas là en Barbie). Avec son histoire de confinement en plein milieu du désert à cause d'une possible invasion alien, Asteroid City s'annonce dans la droite lignée des films du cinéastes. Et sa photo lumineuse s'accordera probablement à merveille avec le ciel azur de la Croisette, et le rouge d'un tapis qui attend sa superbe équipe avec impatience.

club zero 

Créature se leste

Jessica Hausner revient dans son deuxième film en langue anglaise après Little Joe (dont l'actrice principale, Emily Beecham, avait remporté le prix d'interprétation féminine). Dans Club Zero, Miss Novak rejoint un lycée privé où elle initie un cours de nutrition avec un concept innovant, bousculant les habitudes alimentaires. Sans qu’elle éveille les soupçons des professeurs et des parents, certains élèves tombent sous son emprise et intègrent le cercle très fermé du mystérieux Club Zéro.

On va retrouver la trop rare Mia Wasikowska dans un drame psychologique qu’on annonce intense. Avec son sujet brûlant prompt à faire vaciller quelques spectateurs fébriles sous le soleil cannois, Club Zero pourrait créer la surprise cette année, pourtant chargée en gros projets.

dans la toile

L’histoire de Dans la toile va suivre Kim, un réalisateur obsessionnel éternellement insatisfait d'un film qu'il a fait dans les années 70. Il va avoir deux jours pour en faire un chef-d'oeuvre. C’est Kim Jee-woon qui s’est chargé de mettre en boîte cette comédie de tournage qui ne devrait pas manquer de sel.

Et on ne doute pas du réalisateur du choc J'ai rencontré le diable pour livrer une œuvre mordante et bouillonnante avec à sa tête Song Kang-ho, acteur fétiche de Bong Joon-ho. Son personnage devra faire face à nombre d’embuches, de censeurs et d’équipe technique récalcitrante dans ce qu’on espère être un spectacle au potentiel comique véritablement exaltant.

indiana jones et le cadran de la destinée

Le grand retour d'Henry Jones Jr. se fera bien à Cannes, hors compétition. C'était déjà le cas en 2008, pour Le Royaume du Crâne de Cristal. Après l'accueil en demi-teinte de ce quatrième opus, George Lucas a finalement revendu Lucasfilm à Disney, responsable de ce film à venir. Ce sera donc le premier épisode de la saga à ne pas être mis en scène par Steven Spielberg. Pour James Mangold, le réalisateur de cette nouvelle aventure, le défi à relever s'avère donc de taille, même si ce dernier a prouvé avec Logan qu'il pouvait clore avec succès l'arc narratif d'un personnage iconique.

Les bandes-annonces d'Indiana Jones et le Cadran de la Destinée ne nous ont pas forcément convaincus de l'intérêt d'une énième suite. On est particulièrement inquiétés par l'utilisation à outrance des deepfake et autres images de synthèse qui rajeunissent Harrison Ford. Jusqu'ici, ce trucage n'a jamais été particulièrement réussi, et distrait l'attention du spectateur plus qu'autre chose. Apparemment, le fameux cadran sera pour Indy un moyen de voyager dans le temps, ce qui explique ces séquences où on le voit dans la force de l'âge. En même temps, l'acteur avait 79 ans lors du tournage : il devient difficile de croire à ses cascades de plus en plus improbables... Espérons donc que cette fin annoncée soit réussie. 

killers of the flower moon

Quand on sera concentré devant le film

Entre ses sorties sur les films de super-héros, le sujet épineux de la chronologie des médias, la survie des grands écrans après la pandémie et l'explosion des services de streaming, la présence du maître Martin Scorsese au festival est une synthèse et un cas d'école sans comparaison possible. Le réalisateur est un habitué du festival après sa Palme d'or pour Taxi Driver en 1976 et le prix de la mise en scène pour After Hours en 1986.

Le voir revenir sur la Croisette pour présenter un film qui sera la première réunion (dans un de ses films) de ses deux acteurs fétiches, Robert De Niro et Leonardo DiCaprio, destiné au streaming (à l'origine) et sortant finalement en salles (le 18 octobre en France) a quelque chose de magnifique. Pour le reste, Killers of the Flower Moon est adapté du roman éponyme de David Grann et s'annonce comme une grande fresque vertigineuse revenant sur les meurtres subies par la communauté Osage dans les années 20 en Oklahoma. Du lourd sur environ 3h46 (au vu des propos de Thierry Fremaux).

KUBI

Kubi  sera peut-être le dernier film du fou furieux Takeshi Kitano. Artiste hors-norme, le réalisateur de Zatoichi n’a pas son pareil pour faire réagir les foules tout en livrant des œuvres marquantes, souvent empreintes d'une mélancolie fulgurante propre à son auteur.

Et pour son possible dernier long-métrage, le cinéaste a choisi un sujet ambitieux puisque Kubi va raconter l’assassinat du seigneur de guerre Oda Nobunaga, et du sort de Araki Murashige, un capitaine soupçonné de déloyauté juste avant la mort de Nobunaga. On retrouvera notamment l’excellent Ken Watanabe à l’affiche de cet ultime essai du réalisateur culte, dans un film de samouraï qu'on espère à la hauteur de la carrière sensationnelle de cet artiste unique.

Le règne animal

Romain Duris semble bien effrayé

Après avoir fait sensation au Festival de Cannes 2014 avec Les Combattants, Thomas Cailley est de retour au travail pour le cinéma. Il n’avait plus donné de nouvelles depuis sa série pour Arte, Ad Vitam, en 2018. Le voilà désormais à la barre de Le règne animal, film de science-fiction au casting prestigieux.

On y retrouvera notamment Adèle Exarchopoulos, Romain Duris et Paul Kircher, dans une histoire intrigante se déroulant dans un futur dystopique. L’homme développe d’étranges mutations qui le rapprochent de l’animal, et certaines de ces créatures s’échappent dans la nature. Le film fera l’ouverture de la sélection Un Certain Regard le 17 mai, et sortira en salles en France le 4 octobre 2023.

The idol

Après Euphoria, Sam Levinson (fils de Barry Levinson) est de retour avec une nouvelle série sulfureuse, The Idol. Mettant en vedette Lily Rose Depp et l’artiste The Weeknd, la série devrait présenter ses deux premiers épisodes au Festival de Cannes (Thierry Fremaux ayant expliqué que cela formait une sorte de "petit film" à eux deux). Produite par HBO, elle a récemment fait parler d’elle dans un article à charge de Rolling Stone, témoignages à l’appui, sur les conditions de tournage chaotiques et toxiques de The Idol et les dérives de son créateur.

Lily-Rose Depp y incarnera Jocelyn, une chanteuse prête à tout pour s’imposer dans le monde terrifiant de l’industrie musicale. Elle s’embarquera dans une étrange romance avec le personnage de The Weeknd, qui campera un propriétaire de boîte, également chef d’une secte secrète. Les premières images dévoilées il y a près d’un an avaient promis tout ce qu’on attend d’un projet estampillé Levinson : sexe, drogue, néons et encore sexe. Alors qu’HBO n’a plus donné de nouvelles depuis plusieurs mois, Cannes sera l’occasion pour The Idol de relancer une promotion au point mort. La série sera disponible en France sur le Pass Warner d'Amazon Prime Video.

the zone of interest

Le calme avant la tempête

Jonathan Glazer revient enfin avec un long-métrage après neuf longues années d’absence. On ne l’a pas revu depuis son chef-d’œuvre troublant Under the Skin avec une Scarlett Johansson mangeuse d’hommes lubrique. Et comme à son habitude, le réalisateur de Sexy Beast n’a pas fait dans la facilité en choisissant un projet à haut risque.

Adapté du roman éponyme de Martin Amis, The Zone of Interest va raconter l’histoire complexe et subversive d’un triangle amoureux entre officiers nazis au milieu de l’horreur d’Auschwitz. Et une telle histoire venant d’un réalisateur de cette trempe devrait assurément faire parler, alors on suivra l’affaire de très près tant l'attente va être énorme.

QUELQUES AUTRES POUR LE PLAISIR

Une affaire passionnante que celle d'Edgardo Mortara

Évidemment, avec déjà plus de cinquante films annoncés, difficile de se contenter de dix titres et la liste de nos grosses attentes est encore très longue. Parmi les prétendants à la Palme d'or, on est ainsi très curieux du nouveau film de Marco Bellochio, L'enlèvement, qui nous plongera au coeur de l'Italie du 19e siècle et de l'affaire Edgardo Mortara (dont Steven Spielberg a longtemps souhaité raconter l'histoire).

Difficile de ne pas être intrigué également par May December de Todd Haynes, porté par Natalie Portman et Julianne Moore, tout comme l'étrange thriller historique d'épouvante Le jeu de la reine réalisé par Karim Aïnouz qui suivra Catherine Parr (Alicia Vikander), la dernière épouse de l'ogre Henri VIII (Jude Law). Le film de procès Anatomie d'une chute de Justine Triet s'annonce également comme un des grands moments de ce festival, à l'instar du Monster de Hirokazu Kore-eda, se la jouant apparemment Rashomon d'Akira Kurosawa.

Si cette image ne donne pas envie, on ne sait quoi dire

On surveillera aussi de près The New Boy, le film de l'Australien Warnick Thornton, où l'arrivée d'un jeune garçon aborigène va bouleverser le quotidien tranquille d'un monastère isolé (en plus Cate Blanchett est au casting). Même chose pour le film noir coréen Hopeless de Kim Chang-hoon, Augure de Baloji – suivant un sorcier banni par sa communauté au Congo – ou encore le très intrigant Les Meutes réalisé par Kamal Lazraq, où deux hommes vont tenter de se débarrasser d'un cadavre après un accident lors d'une longue nuit dans les bas fonds de Casablanca.

Enfin, comment ne pas évoquer également le très attendu Occupied City de Steve McQueen, revenant sur le quotidien des habitants d'Amsterdam durant la Seconde Guerre mondiale (le film dure 4h) ou l'amusant How To Have Sex de Moly Manning Walker, où trois amis connaitront leurs premières relations sexuelles lors d'un rite de passage en Espagne.

En voilà un beau programme sans compter les sélections de la Quinzaine des Cinéastes, de la Semaine de la critique et l'ACID qui promettent de sublimes découvertes.