The Batman, Belfast, Rien à foutre... les nouveautés cinéma du 2 mars

La Rédaction | 2 mars 2022 - MAJ : 02/03/2022 10:25
La Rédaction | 2 mars 2022 - MAJ : 02/03/2022 10:25

The Batman,  Belfast, Rien à foutre... quelles sont les sorties cinéma de la semaine du 2 mars 2022 ?

Chaque semaine, Écran Large fait son marché dans les salles de cinéma, et sélectionne quelques sorties et films incontournables (pour de bonnes ou mauvaises raisons).

Avec DU BATMAN, du Kenneth Branagh (encore), de la comédie française, du drame français, Adèle Exarchopoulos et Gérard Depardieu, et un immense film au coeur de la forêt sibérienne.

 

 

LES SORTIES QU'ON CONSEILLE 

THE BATMAN

Durée : 2h55

 

 

De quoi ça parle : D'un certain homme chauve-souris en début d'activité dans les rues de Gotham City. Alors que le mystérieux Sphinx s'en prend de manière sadique à de grands noms de la politique, Batman doit également faire face à Catwoman, au Pingouin et à Carmine Falcone.

Pourquoi il faut le voir : Parce qu'on aura sacrément attendu ce Batman avec Robert Pattinson ! Non seulement l'acteur est impressionnant dans le rôle de Bruce Wayne et de son alter-ego, mais il sert avec brio un récit sombre et désespéré. Bien loin de l'enthousiasme d'un Christopher Nolan, qui voyait en Batman l'éclat d'espoir nécessaire à la solidarité du peuple, la vision de Matt Reeves (Cloverfield, La Planète des singes : Suprématie) est hantée par un populisme et un extrémisme si contemporain.

Cela s'accorde de manière somptueuse à l'ambiance "grunge" assumée par le cinéaste. Entre la photographie ténébreuse de Greig Fraser et le piano martelé de Michael Giacchino, The Batman jouit d'une fabrication soignée, qui nous rappelle mine de rien que les blockbusters peuvent encore profiter d'une cohérence technique et thématique. Longtemps réduit à être le comparse de J.J. Abrams, Matt Reeves prouve à travers cette relecture du Chevalier Noir qu'il est un artisan de cinéma exigeant. L'élégance de sa mise en scène (notamment dans les séquences d'action) est toujours en accord avec des inspirations brillamment exploitées, des classiques du film noir au Nouvel Hollywood paranoïaque des seventies.

Ajoutez à cela un casting en béton armé (mention spéciale à Jeffrey Wright en Gordon parfait) et un dernier acte tétanisant dans son rapport à l'actualité, et vous avez là un blockbuster exemplaire, dont la richesse permet aisément de lui pardonner ses quelques longueurs.

La note d'Écran Large : 4/5

Notre critique de The Batman et notre vidéo sur The Batman

BELFAST

Durée : 1h39

 

 

De quoi ça parle : Buddy, 9 ans, vit dans une rue catholique ouvrière de la ville protestante Nord-Irlandaise de Belfast. Son enfance idyllique est soudainement bouleversée par une vague de persécutions à l'encontre des catholiques et sa famille, protestante, mais tolérante, devient une cible.

Pourquoi il faut le voir : Déjà parce qu'après quelques adaptations au formol de Shakespeare et plusieurs accidents oculaires ayant pour noms Thor, Artemis Fowl et Mort sur le Nil, le cinéaste Kenneth Branagh sort des commandes et revient avec une oeuvre personnelle... et livre un bon film. Un évènement en soi.

Mais surtout parce que, malgré ses atours d'appât à oscars et son académisme consensuel, Belfast parvient tout de même à produire son petit effet. C'est presque à son corps défendant que le spectateur - même réticent - se retrouve plongé dans un beau récit sur la fin de l'enfance, l'absurdité de la violence, l'instrumentalisation du fait religieux et l'hypocrisie de ceux qui en sont responsables. Avec un casting au top de sa forme et une BO d'enfer en sus, Belfast ne mange pas de pain et fait plutôt plaisir. Même l'enfant acteur est supportable, c'est dire.

La note d'Écran Large : 3/5

Viens je t'emmène

Durée : 1h38

 

 

De quoi ça parle : Le réveillon de Noël est gâché par un acte de terrorisme dans la ville de Clermont-Ferrand. Alors que la ville sombre dans la panique, la trentaine de Médéric tombe amoureux de la travailleuse du sexe Isadora.

Pourquoi il faut le voir : Parce que le cinéma d'Alain Guiraudie est perçu, souvent à tort, comme un délire arty et pointu pas toujours accessible, essentiellement du fait de l'effervescence qui avait entouré L'Inconnu du Lac, probablement son film le moins accessible, et éloigné de l'esprit initial de ses créations. Avec Viens je t'emmène, il se projette à Clermont-Ferrand, pour prendre le pouls d'une brochette de personnages tout plus azimutés les uns que les autres.

Dans cette chronique qui lorgne parfois vers la fable, chacun est confronté à ses préjugés et aux impasses de son existence, dans lesquels surgissent un jeune homme à l'ouest et une travailleuse du sexe convaincue de pouvoir apaiser le monde grâce à un sens certain du partage. Brandissant la légèreté et son goût pour un absurde émancipateur en défenses de nos angoisses ou préjugés, le film développe une atmosphère au charme presque irrésistible. On regrettera simplement qu'il reste parfois un peu à la surface de ses nombreuses thématiques, et que sa mise en scène ne s'accommode pas toujours bien de son décor urbain.

La note d'Écran Large : 3/5

RIEN À FOUTRE

Durée : 1h52

 

 

De quoi ça parle : Cassandre, 26 ans, est hôtesse de l’air dans une compagnie low-cost. Vivant au jour le jour, elle enchaîne les vols et les fêtes sans lendemain, fidèle à son pseudo Tinder «Carpe Diem». Alors que la pression de sa compagnie redouble, Cassandre finit par perdre pied.

Pourquoi il faut le voir : Parce qu'au-delà de son titre provocateur et tape-à-l'oeil, Rien à foutre est un film beaucoup plus doux-amer et fin qu'on pourrait le croire à première vue. En effet, le film de Julie Lecoustre et Emmanuel Marre est une sorte d'errance sensible dans le quotidien morcelé d'une hôtesse de l'air interprétée par Adèle Exarchopoulos - qui est ici magnétique, sans pour autant en cannibaliser le film.

La jeune femme passe d'une ville à une autre, d'un pays à un autre, sans que rien n'imprime réellement sa vie, ses émotions. À travers cette existence tout aussi elliptique que le film, Cassandre tente d'échapper à toute enclave sentimentale, à rester libre et insaisissable. Mais que se passe-t-il quand l'avion doit se poser ? En résulte un voyage tantôt drôle et innocent, tantôt amer et mélancolique. Un beau film sur les liens qui s'impriment ou non, à l'heure où tout doit aller vite.

La note d'Écran Large : 3,5/5

robuste

Durée : 1h35

 

 

De quoi ça parle : Lorsque son bras droit et seul compagnon doit s’absenter pendant plusieurs semaines, Georges, star de cinéma vieillissante, se voit attribuer une remplaçante, Aïssa. Entre l’acteur désabusé et la jeune agente de sécurité, un lien unique va se nouer.

Pourquoi il faut le voir : Parce qu’au-delà de son pitch de comédie dramatique convenue où deux opposés vont apprendre à s’apprécier, Robuste est en réalité un film d’une douceur et d’une délicatesse assez rare. En effet, l’imposant Gérard Depardieu et l’énergique Déborah Lukumuena se retrouvent dans un face à face qui va révéler les fragilités de chacun, derrière les carapaces et protections, avec sensibilité et acuité.

La beauté du film de Constance Meyer réside donc dans sa capacité à ne jamais tomber dans une quelconque forme de systématisme. Ainsi, pas de structure mécanique ni de tract politique plaqué, mais une émotion discrète face à la possibilité d’une rencontre et des vibrations qu’elle dégage. Un film tout en finesse, donc, dont la forme exalte la tendresse du regard de la réalisatrice, à renfort d'une élégante photographie, d'un filmage suspendu et d'une composition musicale évocatrice.

La note d'Écran Large : 3,5/5

LA RESSORTIE COOL 

LA LETTRE INACHEVÉE

Durée : 1h37

 

 

De quoi ça parle : Quatre géologues s'engouffrent dans une la forêt sibérienne pour trouver des diamants, mais l'expédition va vite devenir une cauchemar.

Pourquoi il faut le voir : Parce que Mikhail Kalatozov est régulièrement loué, à juste titre, pour ses deux immenses films Soy Cuba et Quand passent les cigognes, mais qu'il a aussi réalisé entre les deux l'incroyable épopée qu'est La Lettre inachevéeVéritable film d'aventure ayant largement inspiré les plus récentes incursions dans une nature hostile (The Revenant et la photo de Lubezki lui doivent sans doute énormément), La lettre inachevée est d'une virtuosité désarmante.

Avec l'aide de son fidèle chef opérateur Sergueï Ouroussevski, le réalisateur soviétique offre une proposition de cinéma éprouvante, capable de jongler avec génie entre un naturalisme poétique, une réflexion quasi-critique du stakhanovisme et un survival enflammé. Et s'il y a bel et bien une raison de découvrir le film en salles grâce à Potemkine, c'est justement parce que le film de Kalatozov est une grande expérience de cinéma.

Grâce à des mouvements de caméra savants (le nombre de longs travellings est hallucinant pour l'époque), des gros plans sur les visages captant à merveille la détresse des personnages et la photo éblouissante magnifiant les paysages sibériens avec des jeux d'ombres et de lumières, La lettre inachevée déploie son ampleur à travers chaque cadre, chaque dialogue et chaque péripétie. Une claque monumentale dont on ne ressort pas indemne et dont plusieurs images et séquences vous hanteront à jamais (une forêt enflammée, des cris désespérés inaudibles, un bout de papier renonciateur).

La note d'Écran Large : 5/5

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commentaires
andarioch1
02/03/2022 à 13:34

Heuuu, je vous avais fait une réponse vachement consensuelle et équilibrée (que j'ai la flemme de retaper), qui est apparu dans les commentaires et a disparu par la suite.
Je suis surpris
je résume donc:
Gentille ironie dans mon premier post
Droit à la subjectivité des critiques
Avantage de connaitre les goûts de vos rédacteurs qui permet de savoir si je vais aimer ou pas un film, en accord ou opposition avec votre opinion (c'est selon et pas systématique,ça dépend du type de film, du ton ou même de l'auteur)
Encouragement à continuer comme ça (enfin... pas à virer un post que j'avais mis 15 mn à peaufiner)
Voilà, voilà...

Simon Riaux
02/03/2022 à 11:11

@andarioch1

Vous vous méprenez un peu sur la réalité de notre métier.

A titre d'exemple, je suis absolument ravi que quelqu'un soit disponible et motivé pour écrire du bien du Branagh, ce qui me dispense de gâcher des heures de travail pour expliquer en quoi le nouveau bousin du maître est une infection, pour me consacrer à d'autres films, que je trouve intéressants pour le coup.

Du coup non, ça ne "coûte" rien de pouvoir en publier du bien. Et ça soulage, au contraire.

Et pour le coup, personne ne nie que dans sa catégorie, Branagh soit un des tous meilleurs.

Geoffrey Crété - Rédaction
02/03/2022 à 11:07

@andarioch1

"Ouahhh!" Décidément ce bon vieux Kenneth active des passions, c'est intéressant :)
On publie la critique d'une personne qui a aimé dans la journée (on est tellement vilains qu'on a choisi ça, plutôt que ma critique négative), et comme d'hab : que chacun.e se fasse son avis. Si vous aimez et trouvez que ça vaut un 4/5, bah franchement on en sera ravis. Et si le baromètre "Ecran Large n'aime donc je vais aimer c'est certain" fonctionne, là encore, on est ravis d'avoir une utilité dans votre vie ;)

andarioch1
02/03/2022 à 11:04

Salut,

on sent bien à la lecture du texte que dire du positif d'un film de Branagh a du vous faire le même effet qu'une ablation des orteils sans anesthésie. Dur métier que le votre ;)
Pour le coup il doit être vraiment bon celui-là

andarioch1
02/03/2022 à 11:02

Ouahhh!
On sent bien à laque dire du positif d'un film de Branagh a du vous faire le même effet qu'une ablation des orteils sans anesthésie. Dur métier ;)
Pour le coup il doit être vraiment bon