No Country for Old Men, The Social Network... le producteur Scott Rudin serait un monstre abusif et agressif

Salim Belghache | 8 avril 2021 - MAJ : 08/04/2021 18:05
Salim Belghache | 8 avril 2021 - MAJ : 08/04/2021 18:05

Producteur de The Social Network et No Country for Old Men (entre autres), Scott Rudin se retrouve au cœur de révélations d'agressions perpétrées sur ses employés.

Après le raz-de-marée de l’affaire Harvey Weinstein et des conséquences salutaires de #MeToo, Hollywood doit passer une nouvelle étape de sa transformation puisqu'un gros bonnet de l'industrie a été épinglé pour ses nombreuses agressions et harcèlements au travail.

Scott Rudin est un des principaux producteurs du cinéma américain. Il totalise à lui seul dix nominations aux Oscars dont une statuette du meilleur film (en tant que producteur donc) remportée pour No Country for Old Men. Au total, toutes catégories confondues, les films dont il a été producteur ont cumulé 151 nominations aux Oscars, dont 23 victoires.

On lui doit plusieurs grands films de ces 20 dernières années que ce soit les films de Wes Anderson, des frères Coen ou certains longs-métrages de David Fincher, dont The Social Network et Millenium - Les hommes qui n’aimaient pas les femmes. Toutefois, le monsieur a semble-t-il abusé de son pouvoir sur ses employés pendant des années. Plus d’une dizaine d’agressions ont été en effet relayées par le Hollywood Reporter.

 

 

Parmi elles, les sources ont évoqué un incident impressionnant qui se serait déroulé le 31 octobre 2012. Ce jour-là, un des assistants du producteur n’aurait pas réussi à lui trouver une place pour un vol, ce qui aurait mis en rage Rudin. Il aurait alors brisé un écran d’ordinateur sur la main de son assistant. En sang, la personne aurait été envoyée à l’hôpital et Scott Rudin aurait appelé l’avocat de la victime pour l'intimider. Pour illustrer l’extraordinaire coup d’éclat, un observateur a comparé la scène à un accident de voiture.

Un autre témoin de l’agression, Andrew Coles, producteur de Queen & Slim et ancien assistant de Scott Rudin, est revenu sur cet accident :

"Nous étions tous choqués parce que nous ne savions pas que ce genre d’événement pouvait se produire dans ce bureau. […] On savait que beaucoup de choses se passaient. Il y avait les gens qui dormaient au bureau, d’autres qui perdaient leurs cheveux et développaient des ulcères. C’était un environnement très intense, mais c’était tout de même différent. Un niveau de déséquilibre et un manque de contrôle que je n’avais jamais vu sur un lieu de travail."

Une révélation spectaculaire et pourtant, au fil de la lecture, on comprend que cet éclat de colère ne rend pas totalement compte de la grande perversité et du goût prononcé pour l’emprise du bonhomme.

 

photo, Josh BrolinIl visait l'écran d'ordi

 

Avant de rejoindre Netflix, Caroline Rugo, coordinatrice exécutive, s’attendait à un environnement rugueux en rejoignant Scott Rudin Productions, mais elle ne s’attendait pas à des crises d’intimidation :

"Il a jeté un ordinateur portable par la fenêtre de la salle de conférence, puis il est allé ensuite à la cuisine et nous l’avons entendu frapper le distributeur de serviettes. […] Une autre fois, il a jeté un bol en verre sur un collègue. Difficile d'affirmer s’il visait dans sa direction ou précisément sur notre collègue, mais le bol en verre a heurté le mur et s’est brisé partout. La RH est partie aux urgences en raison d’une attaque. C’était ça notre environnement."

Caroline Rugo aurait également subi un mauvais traitement de la part de Scott Rudin. Diabétique, elle devait effectuer pour le traiter, des exercices physiques. Scott Rudin l'avait donc autorisé à effectuer une activité physique de 30 minutes très tôt le matin, selon elle. Néanmoins, après une querelle entre Rudin, Nathan Lane et le réalisateur George C. Wolfe lors de l'avant-première de la pièce Gary: A Sequel to Titus Andronicu, le producteur aurait blâmé Rugo et aurait exigé qu’elle arrête son sport ou qu’elle travaille plus vite. Refusant, Rudin l'aurait virée :

"J’ai été licenciée à cause de mon diabète type 1, un handicap protégé par l’État. […] J’aurais pu le poursuivre cent fois ! Mais je ne l’ai pas fait à cause de la crainte d’être blacklistée."


photo, Andrew Garfield
"Il a vraiment fait ça ?"

 

Le comportement abusif du producteur de renom avait précédemment été relayé par d'anciens de ses collaborateurs. En 2014, par exemple, l’un des producteurs de Manchester by the Sea, Kevin J. Walsh, avait révélé au Hollywood Reporter (déjà) qu’il avait été abandonné sur une autoroute par Rudin. Un incident démontrant qu'il ne s'attaquerait pas seulement à ses subalternes, mais bien à n'importe qui. Selon plusieurs sources, il se serait notamment battu avec le réalisateur Sam Mendes (American Beauty et Skyfall). 

Le profil démoniaque du grand ponte d’Hollywood était si connu qu’il aurait même inspiré un personnage du long-métrage Swimming with sharks interprété par Kevin Spacey (comme quoi les horribles personnages se reconnaissent). Des journaux américains avaient déjà mis en lumière depuis longtemps la folie du producteur, mais continuaient malgré tout à le célébrer. En effet, The Wall Street Journal l’avait qualifié en 2005 de « Boss-zilla » et avait aussi évalué à l'époque, le nombre d’assistants traumatisés par le producteur, à 119.

 

photo, Kevin Spacey"C'est au tour de Scott maintenant"

 

Malheureusement, selon une source juridique, les allégations contre les intimidations de Scott Rudin ont été exclusivement traitées en interne. En plus de les menacer de terminer sur une liste noire, Rudin façonnait, a priori, sa vengeance auprès de ses victimes, en modifiant leur fiche IMDB de façon à ce que tout leur travail soit effacé.

Faire profil bas semblait donc être la solution pour passer entre les gouttes. En plus de cela, après les incidents, les employés signaient généralement une clause de non-dénigrement. Un accord qui aurait conduit la plupart des sources du journal à consulter leur avocat avant de dévoiler les informations au journal américain.

Finalement, d'autres incidents ont été relayés dans l'article du Hollywood Reporter parfois très absurdes, lorsque Scott Rudin a par exemple balancé une patate à l'un de ses assistants. Tout porte à croire qu'il y a effectivement eu des abus perpétrés par le grand nabab d'Hollywood et d'autres pontes de l'industrie ont déjà confirmé certains propos à l'image de Megan Ellison, la jeune boss d'Annapurna Pictures. Nous ne sommes donc probablement pas au bout de nos surprises...

Tout savoir sur Scott Rudin

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commentaires
RobinDesBois
09/04/2021 à 15:33

@Robin Des Bois (le vrai) 09/04/2021 à 14:50

C'est vous qui êtes demandeurs, j'ai juste répondu à votre besoin. Qu'est-ce que je suis censé écrire ? Que je suis désolé pour l'assistant qui s'est pris un ordi sur la main ? J'espère que c'était pas un Macbook. Ce producteur est tyrannique, toxique et violent et ? Ca y est il a été "balancé", il risque plus de faire du mal à grande monde (dans ce milieu en privé c'est autre chose) désormais et c'est du ressort de la justice. Si ça peut te donner bonne conscience de t'indigner virtuellement de son comportement tant mieux pour toi. Moi la seule chose que m'inspire cette affaire c'est que ça peut donner lieu à une excellente adaptation cinématographique et ça a déjà été le cas avec Swimming with Sharks.

@Kyle "Les temps changent, c'est peut être enfin la fin de l'ère des pervers narcissiques manipulateurs ."

Je ne pense pas. Ils seront juste plus discrets et malins et les harcèlements seront beaucoup plus difficile à prouver. Les harceleurs comme ce producteur ne sont pas forcément les pires puisqu'ils s'affichent ouvertement devant témoins. A côté il y a des types plus prudents qui savent se couvrir et qui ne sont pas moins violents et agressifs psychologiquement.

Robin Des Bois (le vrai)
09/04/2021 à 14:50

@RobinDesBois Correcteur. Mais sinon tu viens de nous prouver qu'on avait raison avec ceux du bas. Toujours a défendre les meilleurs raclures, parce que tu dois sans doute en être une aussi :').

RobinDesBois
09/04/2021 à 13:49

@Robin Des Bois (le vrai) je fais beaucoup de fautes sur le web mais "ça" main c'est plus violent pour l'orthographe que tout ce que ce type a pu faire subir à ses proies. Très bon producteur au demeurant, j'ai consulté sa filmographie et il y a pas mal de pépites. D'ailleurs avant de lire le dernier paragraphe de l'article je me disais que cette histoire pourrait justement inspirer l'écriture d'un scénar façon Swinging with Sharks ou The player qui sont des films excellents.

stivostine
09/04/2021 à 11:37

Robin Des Bois (le vrai) 09/04/2021 à 01:39
"Il avait cas retiré ça main lui aussi." Waow magnifik je l'ai imprimée et encadrée cette phrase.

Sinon je plains sa femme, ah on me dit que c'est un homme alors ça doit catcher sévèeeeere.

Sanchez
09/04/2021 à 08:17

Ce genre de type qui abuse de son pouvoir , faudrait qu’il tombe sur quelqu’un qui s’en fout et lui fout une grosse patate de forain pour lui montrer qu’il n’est que simple mortel

Sanchez
09/04/2021 à 08:13

Un combat contre Sam mendes ... j’aimerais voir ça

Robin Des Bois (le vrai)
09/04/2021 à 01:39

Il avait cas retiré ça main lui aussi. Aucun reflex, ça me sidère.

Birdy en noir
08/04/2021 à 19:51

@ Sigi : à priori il va défendre ce producteur parce que c'est toujours comme ça, qu'il faut savoir encaisser, et que de toute façon, à Hollywood, comme ils sont totalement fadas, pourquoi les plaindre ?

fedor85
08/04/2021 à 19:34

ça fait un moment lui. Un peu comme Weinstein, aurais du passez plus de temps dans le box des accusés.

Pour changer, j'aimerais bien entendre parler de sales coups fait entre personnes puissantes. Quand il n'y a pas autant de différence de pouvoirs ou d'influence.

Yes
08/04/2021 à 19:10

Quelqu'un pour envoyer par mail l'article à Ray Fischer !?

Histoire qu'il relativise un peu son expérience avec Whedon et arrête de chouiner tous les 6 du mois......

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