Des espions, des mutants et American Pie : les films à rattraper en décembre

Mathieu Jaborska | 13 décembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Mathieu Jaborska | 13 décembre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Si les services de SVoD cartonnent en ce moment, beaucoup de très bons films sortent directement chez nous sans passer par la case salles ou plateforme de streaming. Chaque mois, plusieurs productions inédites et beaucoup de rééditions sortent en DVD, Blu-ray ou en VOD. Ecran Large a sélectionné le meilleur des programmes disponibles depuis octobre, dans une liste non exhaustive.

 

photoNous au cinéma devant notre écran

 

American Pie présente : Girls Power

Ça raconte quoi ? Quatre lycéennes décident de conclure un pacte pour régler leurs problèmes de cœur avant la soirée du lycée. Jusqu’au jour où, un nouveau et beau garçon fait son entrée au lycée, toutes tombent immédiatement sous son charme…

Pourquoi il faut le regarder ? A-t-on toujours besoin d'une bonne raison pour agir ? Faut-il nécessairement se trouver une excuse pour commettre l'irréparable ? Doit-on être contraint par des amis dangereux pour s'autoriser à regarder un mauvais film ? Par conséquent, plutôt que d'essayer de vous convaincre qu'il est véritablement légitime de visionner le 72e épisode de la franchise American Pie, mieux vaut accepter la dure réalité des faits. À force de filouterie, de répétition ad nauseam d'une même recette et de recyclages d'ingrédients pas foncièrement désagréables, la saga s'est imposé comme la toile de fond confortable, quoiqu'un peu collante, de la pop culture contemporaine.

Il faut dire qu'elle constitue une singulière curiosité, issue d'American Pie premier du nom, qui a soufflé récemment ses 20 bougies. Équilibre ludique entre bons sentiments, éloge du sentiment amoureux et explosion d'hormones, la série n'a jamais été franchement provocatrice ni sincèrement niaise. Mais elle demeure, pétrie de bons sentiments, d'afflux sanguin, de mauvais rock, et de gamètes tiédis. Un plaisir jamais coupable, toujours délicieux, à la manière d'une vieille tarte aux pommes.

C'est disponible où ? En Blu-ray et DVD chez Universal Studio et en VOD chez RakutenTV, AppleTV, Google Play, Orange, YouTube Premium et Canal VOD.

 

photo, Lizze BroadwayUne rare maîtrise dans la composition des plans et l'occupation du hors-champ

 

L'Homme du président

Ça raconte quoi ? Dans les années 1970, la Corée est sous la houlette du président Park, qui contrôle d’une main de fer la KCIA, l’agence de renseignements coréens. Kim Gyu-Pyeong, un commandant prometteur de la KCIA, voit sa vie être bouleversée lorsque l’ancien directeur de l’agence refait surface, avouant qu’il connaît toutes les affaires louches dans lesquelles a trempé le gouvernement.

Pourquoi il faut le regarder ? Parce que c'est un excellent thriller politique, qui relate un évènement méconnu du public occidental, la mort du président Park Chung-hee. D'une précision affolante, le film s'attarde plus précisément sur les pourquoi du comment tout en soulignant le climat tendu de l'époque grâce à une mise en scène aussi posée qu'efficace, la performance tout en subtilités de Byung-hun Lee et surtout une direction artistique spectaculaire dans sa sobriété.

Loin de se contenter de conter les tenants et aboutissants d'un tel acte, il compose au passage une réflexion sur le sens du pouvoir et la place de l'être humain dans une telle machine. Pourtant attendu après quelques scènes de suspense archi-maîtrisées, le final est en ça aussi marquant que logique. Jamais surlignés, les enjeux humains sont en embuscade, et c'est au spectateur de sonder leur complexité. Une qualité inhérente aux classiques du genre, que L'Homme du président n'est pas loin de tutoyer. Respectueusement, bien sûr.

C'est disponible où ? En Blu-ray et DVD chez The Jokers, en VOD sur Filmo TV, Google Play, Orange, YouTube, CanalVOD et Rakuten TV.

 

photoTank you for your services

 

The Silencing

Ça raconte quoi ? Un ancien chasseur s’engage dans un jeu du chat et de la souris avec la shérif Alice Gustafson, toujours à la recherche de celui qui a kidnappé sa fille il y a quelques années.

Pourquoi il faut le regarder ? The Silencing met en scène un sanctuaire pour animaux, mais aussi un sanctuaire pour acteurs télévisuels de luxe, puisque les deux protagonistes sont campés par Nikolaj Coster-Waldau (Game of Thrones) et Annabelle Wallis (Peaky Blinders). On y croise même Zahn McClarnon, passé par WestworldLongmire et bientôt à l'affiche de la série Marvel Hawkeye. Un casting bien connu des habitués des petits écrans, donc, qui évolue sous la houlette de Robin Pront, réalisateur des Ardennes, sorti en salles en 2016.

Ce double sanctuaire est le théâtre d'un homicide, point de départ d'un thriller forestier handicapé par une énorme faiblesse, mais bien aidé par plusieurs petites qualités. Évacuons directement le majeur problème, le scénario, qui se foire autant à raconter une enquête bourrée d'incohérences qu'à souligner les motivations des personnages, surtout dans le dernier acte, aussi prévisible que ridicule.

Néanmoins, l'expérience reste divertissante, grâce à une direction artistique et une photographie très soignées, un aspect "slasher survivaliste" amusant et la performance de Nikolaj Coster-Waldau, dont le jeu tout en sobriété brute illumine un récit qui en avait bien besoin. Malheureusement pas le thriller de l'année, donc, mais les amateurs du genre devraient ne pas faire l'impasse.

C'est disponible où ? En DVD chez Universal, en VOD sur Filmo TV, Rakuten TV, CanalVOD, Microsoft, Orange et Apple TV.

 

photo, Nikolaj Coster-WaldauLes gilets oranges, plus vénères que les gilets jaunes

 

The Tax Collector

Ça raconte quoi ? David et Creeper travaillent comme "percepteurs d'impôts" pour un seigneur du crime nommé Wizard, en récupérant sa part des profits auprès des gangs locaux. Mais lorsque l'ancien rival de Wizard revient du Mexique, toute son entreprise est chamboulée, et David se retrouve à devoir protéger ce qui compte le plus pour lui - sa famille.

Pourquoi il faut le regarder ? Si le retour de David Ayer, qui semble avoir motivé à lui seul l'invention de l'expression "carrière en dents de scie" (il est responsable de End of Watch et Fury, mais coupable de Suicide Squad et Bright) est plutôt décevant, la faute à un dégonflage final flagrant, il n'en reste pas moins fascinant sur certains points. Son roulement de mécaniques perpétuel, par exemple, vaut le coup d'oeil, si bien qu'il s'est trouvé des défenseurs en France, en tête desquels les amis de chez Chaos, malgré une réception critique catastrophique outre-Atlantique.

Il faut dire que la presse américaine était bien plus intéressée par l'absurdité du geste de Shia LaBeouf, qui s'est tatoué l'intégralité du torse pour un second rôle, que par le produit fini. Celui-ci regorge quand même de quelques éclats de violences qui satisferont les fans de Rambo : Last Blood et de descriptions croquignolesques des cartels de Los Angeles. Qu'on aime ou pas, la proposition reste paradoxalement aussi atypique dans sa narration que classique dans sa construction.

Notre critique est ici.

C'est disponible où ? En DVD chez Universal, en VOD sur CanalVOD, Filmo TV, Orange et Microsoft.

 

photo, Bobby Soto, Shia LaBeoufGardes du (hard)core

 

VFW

Ça raconte quoi ? Fred, un vétéran de la guerre du Vietnam, et ses amis militaires doivent protéger un adolescent et le siège de l'organisation VFW contre un trafiquant de drogues et son armée de mutants punks. Pour les anciens militaires, cette bataille s'annonce la plus difficile de leur carrière...

Pourquoi il faut le regarder ? Vous aviez rêvé d'un Expendables des seconds couteaux ? Joe Begos et Fangoria l'ont fait. Le casting de VFW a de quoi guérir n'importe quel cinéphile bourrin de ses troubles érectiles. L'excellent Stephen Lang, toujours au top après la deuxième révélation Don't Breathe, y côtoie William Sadler (le colonel Stuart de 58 minutes pour vivre), Martin Kove (SevenRambo II : La mission, les Karaté Kid), David Patrick Kelly (Les Guerriers de la nuitCommando) ou même Fred Williamson (Une Nuit en enfer et surtout le nanar culte Vivre pour survivre).

Hommage aussi maladroit que sincère au Assaut de John Carpenter, le film est surtout l'occasion de contempler les ganaches abîmées de ces comédiens prestigieux, ici vétérans alcooliques, botter le cul des dealers de la start-up nation et de leur cohorte de mutants drogués, dans une pelloche d'action crapoteuse. Qu'importent les quelques choix esthétiques discutables, appuyant peut-être un peu trop l'hommage aux années 1980 : la générosité caoutchouteuse des effets gores et la simplicité du huis clos l'emportent.

Sans jamais verser dans le post-modernisme contemplatif à la Mandy (auquel il emprunte quand même beaucoup), VFW ne prétend pas autre chose que son but avoué : faire du bien par là où il passe, comme un shot de whisky assaisonné au tabasco douteux et à la poudre de mâchoire brisée.

C'est disponible où ? En Blu-ray et DVD chez ESC, en VOD sur YouTube, Orange, Microsoft, Rakuten TV, Apple TV et Google Play.

 

photo, Stephen LangUn film sans Lang de bois

 

Mais aussi...

Mort Subite 2, Le génie des arbresLes Silences de JohnnyHard KillAssiégés...

 

Ressorties cultes

Sommet légendaire de la nouvelle vague, À bout de souffle de Jean-Luc Godard s'est payé pour ses 60 ans un coffret digne des plus gros des blockbusters américains signés StudioCanal, avec vinyle, cartes postales et même un poster. Un paradoxe peut-être, mais une surprise agréable pour les amateurs de cinoche libre, ou tout simplement les aficionados de notre Bebel national, qui ne ramène donc pas juste sa tronche sur Netflix.

Toujours dans la catégorie coffret, Carlotta a frappé fort avec son édition de La Condition de l'homme, comprenant les 3 parties du chef-d'oeuvre de Masaki Kobayashi. Niveau plaisirs cinéphiles curieux, on retient également un film italien méconnu de la grande époque (Les cent cavaliers chez Artus), une guerre de gang vue par Abel Ferrara (China Girl chez ESC) et surtout le tout premier essai de Alex ProyasSpirits of the Air, Gremlins of the Clouds, une rareté qui ne pouvait être déterrée que par les mordus du Chat qui fume.

 

photo, Jean-Paul Belmondo, Jean Seberg"Si vous n'aimez pas le support physique, alors allez vous faire foutre"

 

Ce mois-ci, c'est l'auteur Billy Wilder qui est à l'honneur avec Uniformes et jupon court chez ESC, son deuxième long-métrage, comprenant en creux toutes les nuances de son style, mais surtout Ariane, qui a le droit au prestigieux coffret Ultra Collector Carlotta, dont le format a de quoi faire rêver le plus radin des cinéphiles. Nous n'avons pas eu l'occasion de tâter l'objet, mais nul doute que les 160 pages comprises dans le pack doivent valoir leur pesant de cacahuètes.

Passons rapidement sur l'offre 4K, pourtant bien garnie (WaterworldHellboy IISerpico), pour célébrer un petit évènement : la sortie en Blu-ray du cultissime The Wicker Man dans la non moins sympathique collection Make my Day de StudioCanal. Un des grands indispensables du cinéma anglais, qui continue aujourd'hui à influencer tout un pan du cinéma fantastique (voir notre dossier à ce sujet). Mais que cela ne vous dispense pas d'aller admirer la bête en salles, le 16 décembre prochain.

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commentaires
CHFAB
14/12/2020 à 23:55

L'Homme Du résident est un chef-d'oeuvre... la classe absolue, de la nuance, du suspense, un climat ultra pesant, un scénario qui nous tend le slip jus'qu'au bout alors qu'on en connaît quasi la finalité, faut le faire! Les acteurs sont extraordinaires de maîtrise, de justesse, de sobriété.. Du très grand Melville... l'anti super hero wars absolu, grandes oreilles, tu pues! foncez!

A
14/12/2020 à 20:26

@Jasper
Il y aussi Bachelor Party Vegas même si la qualité c'est un autre sujet enfin j'imagine qu'il doit y'en avoir plusieurs autres. En tout cas je trouve que ça serait cool de faire un Am p là dessus.
@Cinégood
Merci je ne connaissais pas celui-là en plus c'est de Doug Liman il a l'air sympa par contre le film à l'air difficile à trouver...

Jasper
14/12/2020 à 19:17

@A et cinegood
Ouais very bad things forever

Cinégood
14/12/2020 à 10:40

@ A et Jasper

Un des plus sympathiques films sur Vegas et une bande de potes : Swingers.

Mouais Bof...
14/12/2020 à 02:14

Vu VFW.

Bon nanard du dimanche soir. Mais je ne comprends pas le terme Mutants dans votre article.

Si pour vous les junkies sont des mutants....

Francis Bacon
14/12/2020 à 01:22

Sympa la vanne sous l'image d'A bout de souffle, joli, bravo.

A
13/12/2020 à 23:50

@Jasper
Merci je sais mais c'était de forte rumeurs qui parlaient de ça depuis un moment...Puis Very Bad Trip ne possède pas le monopole d'un enterrement de vie de garçon à Vegas y'a déjà eu plusieurs films avant qu'ils l'ont fait

Bubble Ghost
13/12/2020 à 23:49

Heu... J'ai dû loupé un truc dans l'article... Ils sont où les mutants ?...

Jasper
13/12/2020 à 18:35

@A
Ça existe déjà et ça s'appelle very bad trip

A
13/12/2020 à 15:47

Ils devraient faire un enterrement de vie de garçon à Las Vegas pour conclure la saga Am P