Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz : Le triomphe du premier jour

Christophe Foltzer | 6 octobre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Christophe Foltzer | 6 octobre 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

On ne va pas se mentir, pour le cinéma, et la culture en général, 2020 est une année franchement pourrie. Raison de plus pour soutenir un festival comme celui de Saint-Jean-de-Luz.

Si vous nous lisez régulièrement depuis quelques années, vous savez probablement que, chaque début de mois d'octobre, nous nous rendons à Saint-Jean-de-Luz dans le Pays basque pour y suivre la nouvelle édition du Festival international du Film. Un festival à taille humaine, chaleureux et familial, qui met en avant les grands réalisateurs de demain puisqu'il est exclusivement consacré aux premiers et seconds films.

Un festival auquel nous sommes très attachés chez Ecran Large, que nous soutenons plus que jamais dans cette période critique, complexe et qui risque de mettre à mal beaucoup de monde dans la profession. Un acte presque politique, s'il en est.

 

Photo Thomas Gioria, Denis MénochetJusqu'à la garde, réalisé par Xavier Legrand, président du Jury

 

Alors que de gros festivals internationaux se passent d'une édition 2020 dans la douleur, le FIF de Saint-Jean-de-Luz ne pouvait, lui, se permettre d'annuler son rendez-vous. Et c'est un geste fort, symboliquement parlant, que de montrer, malgré les épreuves, que nous devons continuer d'écrire l'avenir. Nous ne pouvions donc pas ne pas répondre présents. En respectant les gestes barrières et les mesures d'hygiène, cela va de soi.

C'est donc lundi 5 octobre que le Festival s'est ouvert officiellement, sous la présidence du réalisateur Xavier Legrand (derrière l'excellent Jusqu'à la garde), entouré d'un jury composé de Marie Gillain, Clémence Poésy, Loup-Denis Elion et du compositeur Rob. Et quoi de mieux pour lancer les festivités qu'un film d'ouverture, hors compétition, intitulé Un triomphe ?

 

Photo Kad MeradKad Merad et son crew.

 

Un triomphe

Scénariste de films tels que Welcome et Au nom de la terre, Emmanuel Courcol, pour son second long-métrage en tant que réalisateur, nous propose avec Un triomphe une histoire d'autant plus étonnante qu'elle s'inspire d'un fait réel : la création, en 1986, d'une troupe de théâtre composée de prisonniers suédois qui partiront en tournée pour y jouer plusieurs représentations d'En attendant Godot. Un sujet fort, social et émouvant, transposé dans la France de 2019 et servi par un Kad Merad tout en retenue dans son rôle d'acteur brisé qui trouve un second souffle dans le milieu carcéral.

Si l'idée de base est très intéressante et prometteuse, il faudra cependant s'affranchir de certaines attentes pour vraiment profiter du film. Ici, il ne sera point question de remettre en cause le système carcéral dur et aliénant ou les problématiques autour d'une réinsertion impossible. Non, le film ne fait qu'effleurer ces sujets pour se consacrer quasi exclusivement à la belle histoire de laissés pour compte sauvés par le théâtre.

On déplore une légèreté parfois embarrassante sur certaines questions de fond, tout semble notamment se dérouler très facilement pour cette troupe de détenus, et ils font tous rapidement preuve d'une motivation affirmée pour servir le projet de leur intervenant comédien. Toutefois, on comprend rapidement qu'Un triomphe n'a absolument pas pour vocation de dénoncer quoi que ce soit et souhaite nous proposer un voyage un peu doux-amer en compagnie de personnes en pleine reconstruction, que l'horizon réduit commence à attaquer à la racine.

 

photo Marina HandsUn public conquis ?

 

De ce point de vue, on peut dire que le film fonctionne, alternant des séquences franchement drôles avec d'autres plus tendres, servi il est vrai par une troupe de comédiens on ne peut plus exceptionnels, Sofiane Khammes et Pierre Lottin en tête, dans un emballage qui évite malheureusement toutes les zones d'ombre possibles d'un tel sujet et qui, parfois, manque cruellement de conflit.

Néanmoins, qu'on ne s'y trompe pas. Si le film ne convainc pas vraiment dans le fond qu'il traite, il n'en reste pas moins efficace dans sa forme et, si l'on accepte de se plier à cet exercice, il apportera son lot d'émotions, de bonne humeur. Un triomphe se vit comme une petite friandise avant un vrai repas et, s'il ne convaincra assurément pas les spectateurs les plus exigeants, il saura emporter l'adhésion du grand public, comme ses multiples prix du public récoltés dans divers festivals le confirment déjà. Bref, un bonbon un peu trop acide parfois, mais qui ne coupera pas la faim.

 

photo Festival Saint Jean de Luz affiche 2020

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commentaires
YD
06/10/2020 à 13:00

J'aime bien les petites friandises avant un vrai repas :)