Mission : Impossible : pourquoi Brian de Palma a refusé de tourner la suite et trouve le cinéma moche

La Rédaction | 26 mars 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 26 mars 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Légende d’Hollywood, Brian De Palma est un des réalisateurs dont les films ont marqué le cinéma. Avec malice et franc-parler il est revenu sur le Mission : Impossible 2 qu’il n’a pas tourné et l’état actuel du cinéma. 

Si ces dernières années, Hollywood et le 7e Art en général n’ont pas été tendres avec le cinéaste, de Blow Out à Phantom of the Paradise, de Scarface à L'Impasse, de Pulsions à Body Double, Brian de Palma a secoué le cinoche et inspiré des millions des spectateurs. Ce metteur en scène au style visuel complexe, souvent sophistiqué et flamboyant, est toujours un des plus écoutés, d’autant plus qu’entre rouerie et légendaire mauvais caractère, il n’a pas sa langue dans sa poche. 

Interviewé par The AP, il a pu revenir sur un élément qui lui pose problème au sein de l’actuelle industrie hollywoodienne. Et plutôt que de tacler, comme beaucoup d’auteurs de sa génération, le cinéma de super héros, c’est la question de la technique qui l’interroge. 

 

photo, Tom CruiseAutant en emporte le Cruise

 

« Ce qu’ils produisent aujourd’hui n’a rien à voir avec ce que nous faisions dans les 70, 80, 90. Le truc qui me rend vraiment dingue, c’est ce à quoi ressemblent les films. Parce qu’ils tournent en numérique, ils éclairent n’importe comment. Je ne supporte pas quand c’est trop sombre ou qu’il y a trop de lumière indirecte. Tout se ressemble.

(…) 

Je crois à la beauté au cinéma. Susan (sa compagne ndlr) et moi, on regardait Autant en emporte le vent l’autre jour, et on était sidérés par la beauté du film. Les décors, comment Vivien Leigh est éclairée, c’est tout bonnement extraordinaire. Si vous regardez ce qui est en streaming, c’est de la boue. La narration par l’image a foutu le camp. »

Quand Brian De Palma évoque la question de la lumière, il fait sans doute référence à une pratique devenue extrêmement courante sur les tournages de séries TV mais aussi les longs-métrages, y compris les blockbusters. Il s’agit de “l’éclairage flat”, une pratique qui consiste à faire peu ou pas de choix stylistiques pendant le tournage (d’où un choix de lumières indirectes, moins fortes et marquées qu’un halo général plus neutre), pour opérer des choix en post-production. 

 

photo"Merci Brian !"

 

Non seulement cette pratique à tendance à généraliser certains processus par souci de rapidité, uniformisant ainsi les rendus. Batteries de choix similaires, industrialisation des processus artistiques, avec pour conséquence une banalisation d’images qui se ressemblent de plus en plus... tandis que les savoir-faire des chefs opérateurs se perdent progressivement. 

Une problématique que le réalisateur Fabrice Du Welz évoquait avec nous lors d’une interview consacrée au tournage de Message from the King. Mais Brian de Palma n’en reste pas là, et explique qu’il n’a jamais envisagé de réaliser Mission Impossible 2, en dépit du succès public et critique d’un long-métrage qu’il définit souvent comme appartenant au sommet de sa carrière. 

 

photoBrian de Palma

 

« Ils s’entêtent à raconter des histoires de plus en plus longues, seulement pour des motifs économiques. Après Mission impssible, Tom Cruise m’a demandé de commencer à travailler sur le suivant. Je lui ai répondu : “Tu plaisante ? Un seul c’est bien assez. Qui voudrait rempiler ?” 

Bien sûr, s’ils en font encore et encore, c’est pour l’argent. Je n’ai jamais été un réalisateur avec lequel faire de l’argent. Ce qui est un vrai problème à Hollywood. C’est ça qui corrompt le système. »

Des propos d’autant plus intéressants que ce qui fit une grande partie de l’aura de la franchise Mission Impossible au cinéma fut l’alternance de ses metteurs en scène, assurant à la saga une identité toujours renouvelée. Du moins, jusqu’à ce que Christopher McQuarrie en devienne le chef d’orchestre à l’occasion de Mission : Impossible - Rogue Nation.

 

photo5 réalisateurs pour autant de... coiffures

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commentaires
ethan
09/04/2020 à 14:14

De Palma a fait un super film. Il a bien fait de ne pas revenir. Le seul bémol de son film c'est qu'il n' a pas réussi à faire jouer le vrai Jim Phelps. Le film est d'une qualité remarquable mêlant suspense, action et humour. Les acteurs jouent très bien. Mission impossible 2 est également tout aussi réussi. Pourquoi car ce n'est pas une suite directe. Et c'est ce qui manque avec Fallout. Le secret de Mission impossible c'était de se renouveler. Un réalisateur différent à chaque fois était une bonne idée

Rudy Mako
28/03/2020 à 04:04

Le cinéma evolue. Et arrêtez vos injures sur le papa de scarface avec Pacino.

xcvbcxv
27/03/2020 à 21:04

Au final c'es juste un nostalgique, je l'imaginais plus intelligent que sa mais j'ai eu tort

Ogh
27/03/2020 à 18:04

De Palma pompeur d hitchcock !!
Sacré clown.!!et ça parle cinéma.!
Outrage.les incorruptibles .mission impossible .scarface.......il est ou hitchcock ??

Joe nie
27/03/2020 à 17:07

@Dario 2 Palma

Bah oui, donc c’est ce que je dis on ne lui donne PLUS les moyens qu’ils mérite… Car avant « domino » qui doit avoir un budget de téléfilm, depuis combien de temps n’avait-t-il pas tourner ? «Passion » date de 2012… Donc en huit ans, le mec a juste réussi à tourner un film fauché… et son film d’avant «Redacted » a été fait pour 5 millions... Donc, comme je le disais, si tu le compares à un Spielberg ou un Scorsese qui ont encore accès à des budgets de plus de 100 millions de dollars, De Palma n’est plus dans la course… Et je ne pense pas que ce soit dépendant de sa volonté. Il est sortie du circuit Hollywoodien après le four de « mission to mars » il y a 20 ans et tourne avec des budgets réduits monté en coproduction indépendante depuis. Après, je n’ai jamais dit qu’il était le seul dans ce cas là

Dario 2 Palma
27/03/2020 à 12:40

"Malheureusement, on ne lui donne plus les moyens qu'il mérite. "

Pourtant De Palma a eu des budgets confortables, des collaborateurs prestigieux (techniciens, casting) et/ou le "directors" cut" sur FEMME FATALE, PASSION, LE DAHLIA NOIR, MISSION TO MARS...son seul film à budget tronqué semble avoir été DOMINO, et combien d'autres bons ou grands réalisateurs doivent tourner régulièrement avec des budgets limités ou réduits en cours de production?

joe nie
27/03/2020 à 11:10

De Palma est un maître incontesté du cinéma. Ce qui me fait un peu chier, c'est qu'il n'est pas souvent cité par la nouvelle génération de cinéphile comme peut l'être un scorsese, spielberg ou kubrick... J'ai l'impression qu'il a moins d'héritier aussi. Alors que c'est certainement un des plus grands. Même dans son dernier film "domino" qui ressemble à un téléfilm, tu retrouves sa patte, ces moments de suspense en apesanteur.
C'est vraiment un très grand le père De Palma. Malheureusement, on ne lui donne plus les moyens qu'il mérite. Et puis, les réal avec un vrai sens artistique, une vision et un caractère n'intéresse plus les studios. Ils veulent un yes man sans talent qui obéit au doigt et à l'oeil et rempli le cahier des charges sans discuter.
Triste époque.

Numberz
26/03/2020 à 21:17

@ Geoffrey

La vache, j'aime très souvent les films mal aimés que vous avez en dossier. Du coup je me sens bien moins seul sur beaucoup. Tiens si le covid passe un jour, je me le prendrais en blu Ray.

Geoffrey Crété - Rédaction
26/03/2020 à 19:19

@captp

On ne peut que valider ce conseil :)

https://www.ecranlarge.com/films/dossier/1005317-brian-de-palma-tous-les-secrets-du-grand-cineaste-reunis-dans-un-grand-livre-indispensable

captp
26/03/2020 à 19:10

si vous aimez De Palma lisez le livre d' Entretiens avec Samuel Blumenfeld et Laurent Vachaud ,c'est une mine d'or. Pour 30 balles vous aurez le témoignage de toute sa carrière film par film d'un des plus grand réalisateur .
Rorov94 il répond d’ailleurs longuement à ces critiques au bazooka .

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