Joker : la vraie raison qui a effrayé le studio est d'une tristesse infinie sur Hollywood

La Rédaction | 25 décembre 2019 - MAJ : 25/12/2019 12:06
La Rédaction | 25 décembre 2019 - MAJ : 25/12/2019 12:06

Todd Phillips a expliqué que Warner Bros. a beaucoup hésité à produire Joker pour une raison qui n'a rien à voir avec le cinéma.

Avec son milliard au box-office (pour un budget officiel de 55 millions), sa critique dithyrambique, ses nominations aux Golden Globes qui annoncent sa présence aux Oscars, et les rumeurs de suite ou dérivés, Joker est la bonne opération de studio de 2019. Mais bien sûr, le film de Todd Phillips n'a jamais été un projet sûr pour Warner Bros., qui avait d'ailleurs divisé les coûts et les riques avec des partenaires (50% du budget pour Warner, 25% pour Bron Studios, 25% pour Village Roadshow).

Lors de l'habituelle table ronde des réalisateurs qui ont compté en 2019 pour The Hollywood Reporter, le réalisateur de Very Bad Trip a ainsi expliqué l'une des principales raisons qui ont poussé le studio à hésiter. Et elle a plus à voir avec les jouets de Noël que le film, son discours, ou sa violence.

 

photo, Joaquin PhoenixQuand t'es maquillé en Père Noël de force

 

C'est ainsi la question du merchandising qui a pesé dans l'équation. Les produits dérivés étant une filière majeure pour les studios qui possèdent des marques, notamment de super-héros, avoir un film comme Joker a inquiété les patrons de Warner Bros.

Todd Phillips reprend les propos polémiques de Martin Scorsese sur Marvel et la domination des super-héros pour expliquer la lutte interne.

"Marty s'est pris une volée de bois vert, mais je comprend totalement. On a eu du mal à faire Joker, ce qui semble drôle puisqu'il existe dans un monde de super-héros, mais ce n'est pas vraiment l'un de ces films. On a passé un an chez Warner Bros., et j'ai vu passer des mails qui, littéralement, disaient, 'Est-ce qu'il réalise qu'on vend des pyjamas Joker dans les grandes surfaces ?'. Je répondais, 'Est-ce que les films ne viennent pas en premier et les pyjamas, après ? Est-ce que les pyjamas dictent les films ?... Les parcs à thème. Les pyjamas. Les mugs. Peu importe ce que vous vendez sur le dos des films, vous ne pouvez pas prendre de décisions basées sur ça.'"

 

photo, Frances Conroy, Joaquin PhoenixServir la soupe aux fragiles

 

Bien sûr, dit comme ça, c'est aussi évident que tragique. Que le merchandising puisse être cité comme une raison de ne pas lancer un film rappelle que le business est maître à ce niveau d'industrie. Disney a cette année battu les records, avec plus de 54 milliards en merchandising, sur le dos de Marvel, Star Wars, Pixar et compagnie.

Et c'est là que le problème arrive : vu les coûts de production et marketing d'un blockbuster, et les problématiques du box-office (le box-office domestique rapporte plus mais faibilit depuis des années, la Chine grandit mais ces recettes ramènent moins aux studios), le merchandising est un enjeu immense et presque vital pour entretenir des méga-entreprises et méga-franchises.

La friction entre l'art et le business est donc inévitable, et ce type de discussions, naturelle, même si parfaitement inquiétante. Toutefois, que Joker ait pu se faire, que Joaquin Phoenix ait accepté le rôle, que le public ait répondu présent et que le film soit l'un des plus rentables du genre (bien plus qu'une machine de guerre comme Avengers ou Star Wars), ne sera pas sans conséquence. Le business reprendra le dessus, et personne ne sera étonné si Joker : Le Retour ou Joker Presents : Mister Freeze arrive, mais il y aura toujours des réalisateurs et producteurs qui se battent du bon côté de la ligne - celle du cinéma, pas des machins en plastique fabriqués par des mômes en Asie.

 

photo, Todd PhillipsTodd Phillips et Robert de Niro

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commentaires
Dostomonk
27/12/2019 à 12:17

Dommage, les pyjamas auraient pu être meilleurs que le film.

AndtheRoux
27/12/2019 à 02:11

Commentaire plus que pertinent!

Birdy
27/12/2019 à 01:17

Le pire c'est qu'il y a moyen de faire du tee-shirt/mug de ce Joker, avec des messages subversifs à humour noir. Jouer le trash pour adulte pourrait vraiment toucher sa cible.

Tom’s
26/12/2019 à 13:24

Le film est très malin, très bien penser en amont Joaquin Phoenix est aussi très bon jamais une fausse note ou caricatural, tout est ok à tel point que la finalité importe peu juste raccroché les wagons avec la scène incontournable ref’ à Batman est presque de trop preuve que l’axe du film est génial, ce Carton est hyper
Rassurant pr la suite, avec Warner peut rebondir et prendre des risques qui si sont de cet acabit vont faire triompher la guerre des studios Marvel lassant fortement son public de + 8ans, aucun des films ne marquera le cinéma a part en termes de recettes mais avec la claque qu’il vienne de prendre avec le succès du Joker, si une tête pensante pouvait tilter que c’est l’artisan de leur succès qui est responsable de cet échec Critique aka Kevin Feige l’homme à la casquette pr faire cool mais son expression jure avec lol

Carlitto
26/12/2019 à 09:39

@Ben
Bravo Ben, c'est parfaitement résumé !
Scorcese dit "j'ai encore envie de faire du cinéma, mais quand je vais voir les Studios, personne ne veut de mes films...Alors si Netflix doit être la dernière plate-forme où on peut faire du cinéma "adulte" alors banco".
Ce qui est d'ailleurs une parfaite claque aux propos de Spielberg sur Netflix...
Joker est un film remarquable, un film "adulte". Il OSE.
Coppola au festival Lumière traite les films Marvel "d'abjects". Pourquoi ?
Parce que lui s'est battu comme un forcené pour son Apocalypse Now, dont on ne mesure plus bien l'impact aujourd'hui, il a OSÉ, ce qui lui a valu des terribles échecs commerciaux.
Ce cinéma là a encore de l'avenir.
Le XXIème a bientôt 20 ans. Vais-je continuer à revoir des reboots de créations faites dans le dernier tiers du XXème siècle...?

Owen Farrell
26/12/2019 à 09:31

Pour tous ceux qui ragent depuis que Nolan a arrêté Batman, calmez vous : Joker de Todd Phillips est une origin story DU Joker, c'est donc Joker qui est le protagoniste. Il n'y a pas de vrai Joker, et je trouve ça parfait : c'est un personnage tellement complexe qu'il faut plusieurs films de plusieurs réalisateurs avec plusieurs points de vue pour le comprendre.

davmey
26/12/2019 à 08:11

en fait pour les produits dérivés de ce film il suffit de créer des mugs et des t-shirts "Taxi Diver du pauvre" dessus, et le tour est joué

Nimo
25/12/2019 à 21:15

Bravo ????is the best

Micju
25/12/2019 à 18:33

Vue que même qu’il soit très bon le film n’a rien avoir avec le Joker. Donc pas problème.On c’est servi du nom d’un personnage iconique pour faire un film sur un malade mental qui vire vers la folie meurtrière.Mais pour le reste le Joker n’a permis que mieux vendre le film.

Anti
25/12/2019 à 18:17

Bravo le joker
The best of the besr

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