Orange mécanique : Malcolm McDowell n'a toujours pas digéré l'argent que Kubrick lui a volé

Camille Vignes | 8 avril 2019
Camille Vignes | 8 avril 2019

Près de cinquante ans après la sortie d'Orange mécanique, Malcolm McDowell revient sur son rôle dans le film et sur l'argent que Kubrick lui a volé.

Tout cinéphile se souvient forcément d’Alex DeLarge, personnage décadent, ultraviolent, méprisant de toute norme sociale qui finit arrêté, incarcéré, puis "soigné", avant d'être libéré, et devine-t-on, de recommencer joyeusement ses viols et ses meurtres.

Alors forcément pour son interprète, incarner un personnage pareil va bien au-delà d'enfiler un simple costume et jouer au plus déviant. Récemment interrogé par The Guardian, il s'est confié sur les longs mois de préparation avant la réalisation du film et sur les conditions de tournage qu'il avait dû accepter.

 

Photo Stanley KubrickKubrick sur le tournage d'Orange mécanique

 

« J’ai passé neuf mois avec Stanley à regarder des films violents avant de commencer le tournage. Les films les plus horribles qui se sont fait : ceux sur les camps de concentration, avec des corps qui s’entassent. Il pensait les utiliser pour la séquence du traitement où Alex reçoit une thérapie par le dégoût. »

D’après ces dires, l’acteur aurait travaillé étroitement avec Stanley Kubrick pendant les mois de préproduction. D’ailleurs, une partie de sa garde-robe (ses affaires de cricket) aurait inspiré le look mythique de son personnage.

D’autre part, et on s’en doute, pour réaliser l’une ses séquences les plus emblématiques du film, celle d’Alex avec les yeux grands ouverts alors qu’il suit sa "thérapie", Kubrick avait fait appel à un médecin pour anesthésier les yeux de McDowell qui, à l’origine, avait refusé de porter le dispositif.

 

Photo Charlie McDowellUne petite goutte ?

 

« Pendant le tournage, le dispositif ne cessait de glisser et de me griffer la cornée. Lorsque l'anesthésique s'est dissipée, j'avais tellement mal que je me frappais la tête contre un mur. Mais Stanley était surtout préoccupé de savoir quand il pourrait à nouveau filmer. »

Apparemment, ce n’était toujours pas assez pour le réalisateur qui l’aurait bien gentiment volé, en faisant passer son larcin pour un refus de la part des studios. Pour bien comprendre, Malcolm McDowell avait demandé à recevoir 100 000 $ et toucher 2,5% du box-office, demande à laquelle la Warner Bros ne pouvait concéder selon Kubrick.

Pourtant, l'histoire en a décidé autrement puisque les studios avaient bel et bien accepté la demande de l'acteur. Simplement ils ont versé les 2,5% à Kubrick pour qu'il les donne ensuite à McDowell, chose que le cinéaste n'a jamais fait. 

 

Droogies au Moloko Plus

 

« Je savais qu'il ne me paierait jamais. C’était une façon terrible de me traiter après avoir tant donné de moi-même, mais je suis passé au-dessus. Faire ce film m'a permis d’entrer dans l'histoire du cinéma. Chaque nouvelle génération le redécouvre - non pas à cause de la violence physique, qui est un peu désuete aujourd'hui, mais de la violence psychologique. Ce débat sur la liberté, sur le libre-arbitre de l’homme est toujours d'actualité. »

Presque cinquante ans après, Orange mécanique est toujours une des plus immenses oeuvres de son réalisateur parmi bien d'autres. Retrouvez les films de Kubrick préférés de chaque rédacteur ici.

 

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commentaires
Philippe
09/04/2019 à 15:48

Le cinéma Kubrickien est à l'insu des cinéphiles chargé d'influences délétères qui ont quelque-chose de souillant pour l'inconscient du spectateur.j'en sais quelque-chose

Opale
09/04/2019 à 12:24

hahahah Gégé excellent!!!!^^

Gégéleroutier
08/04/2019 à 21:05

J'ignorais qu'il y avait autant de génies dans le monde.

Opale
08/04/2019 à 18:13

Les génies sont très souvent des gens imbuvables ou difficilement fréquentables...