Affaire Polanski : le directeur de la Cinémathèque défend encore l'artiste contre les féminazies de l'espace de la mort qui tue
Au lendemain de l’affaire Weinstein et alors que les honneurs rendus par la cinémathèque faisaient polémique, Frédéric Bonnaud avait vertement défendu l’institution. Il vient d’en remettre une double couche.
On se souvient que sur le plateau de Mediapart, le directeur de la CInémathèque avait expliqué que l'institution était menacée, à grands renforts de vocables méprisants (« demi-folles »), d’attaques délirantes (« flash totalitaire ») et de bons gros mensonges (la prétendue exigence d’interdiction de la manifestation).
Tout un chacun étant susceptible de s’emporter ou de porter le fer plus fort qu’initialement prévu lors d’un débat, à fortiori lors d’un mouvement de société aussi profond et explosif que celui qui accompagne le désormais célèbre #BalanceTonPorc, on curieux d’entendre à nouveau Frederic Bonnaud s’exprimer sur ces questions. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on n’aura pas été déçus.
Dans une passionnante interview accordée à Première, dont on vous recommande la lecture ICI, tant elle permet à l’intéressé de détailler ses vues, et donne véritablement, ce qui est trop rare, à entendre les voix de ceux qui s’expriment, le directeur de la Cinémathèque explique en quoi d’après lui, la situation actuelle serait « une escroquerie intellectuelle ».
Le plus étonnant demeure le refus de l'interviewé à différencier la reconnaissance des travaux du cinéaste, et la dimension problématique de la reconnaissance publique allant de paire avec la décision de faire applaudir l'homme sur la scène de la Cinémathèque. Refus d'autant plus surréaliste que Frédéric Bonnaud, tout comme il affirmait il y a quelques semaines que l'affaire Weinstein se limitait à Weinstein seul et n'avait pas mis à jour un système englobant de nombreuses pratiques problématiques (voilà qui fera rire jaune Louis C.K., Kevin Spacey, Jeffrey Tambor, l'ex-patron d'Amazon Studio et beaucoup d'autres...), l'homme explique que rien n'a changé depuis le mois d'octobre dernier.
Manifestation devant la Cinémathèque contre la venue de Roman Polanski
"L'affaire Weinstein éclate, alors exit Polanski ? 'Le monde a changé', c’est un slogan publicitaire. Qu’est-ce qui vous prouve qu’il a changé, hélas ? Un prédateur sexuel particulièrement vorace et répugnant a été démasqué et empêché de nuire. Dans votre bouche, ça devient 'le monde a changé.'
Comme l’ont soulevé de nombreux internautes, si la franchise de la position est appréciable, le déni de réalité qui l’accompagne est saisissant. Frédéric Bonnaud explique notamment qu’il eut été impossible de produire une rétrospective de l’œuvre sans l’inviter. On est du coup bien tristes pour tous ces grands artistes morts dont on ne verra plus les films à la Cinémathèque, puisqu’ils ne pourront plus venir y déguster de mauvais roteux lors de quelques cérémonies que ce soit.
Le reste de l’entretien est à l’avenant. On y apprend notamment qu’il aurait été demandé « d’interdire ses films ». Qui ? Quand ? On ne le saura jamais. On découvre avec sidération que Roman Polanski aurait été qualifié de « criminel contre l’humanité ». Par qui ? Où donc ? Pas de réponse. Ce que l’on sait en revanche, c’est que le réalisateur lui, ne s’est pas privé de qualifier les militantes féministes qui l’attendaient devant la Cinémathèque de « zinzins », avant de les comparer de manière douteuses… à Hitler.
Roman Polanski
Mais Frédéric Bonnaud a beaucoup plus grave à révéler. Pour s’épargner la souffrance d’être chahuté par ceux et celles que les honneurs rendus à un violeur condamné par la justice défrisent, Roman Polanski a été contraint de se rejoindre la cérémonie polémique par le parking. « On n’est pas Fort Apache » regrette le directeur de l’institution, qui déplore également que la Société des Réalisateurs de Films ait préféré critiquer dignement la Cinémathèque plutôt que de voler à son secours.
« Ils sortent un communiqué, longtemps après la bataille, alors qu'on ne les a pas entendus quand Polanski était obligé d'entrer par le parking ».
On espère surtout que les petits fours n’étaient pas trop tièdes et que le champagne a pu être débouché à temps.
08/01/2018 à 11:31
"Aujourd'hui ils ont réussi à interdire que Carmen meure dans le célèbre Opéra (« Parce qu’on ne peut pas applaudir le meurtre d’une femme » dit Jean-metteur-en-scène- j'ai-un-message-profond)"
Bonjour Dirty Harry. C'est une décision que je déplore, mais c'est n'est en aucun cas une interdiction. C'est une idée qui est venue au directeur du théâtre lors des répétitions, Au début le metteur en scène n'était pas favorable, mais ils ont fait l'essai et le résultat leur a semblé convaincant ainsi qu'aux comédiens/comédiennes. Ils ont donc décidé de présenté la fin modifiée. En même temps, cela n'est pas la première fois que la fin d'une histoire est modifiée, il y a beaucoup de films ou de comptes de fées qui se terminaient tragiquement qui ont connu du succès avec des fions plus optimiste (Cendrillon, la petite sirène. Dans ce cas ci,la modification n'est pas définitive, ou ne devrait pas l'être, si la pièce est remontée ailleurs (et elle le sera), on peut parier que c'est la version originale de l'histoire qui sera mise en scène (enfin, on espère). Quoi qu'il en soit, je suis curieux de voir le résultat, s'il est vraiment bon, pourquoi pas ? mais bon... l'opéra c'est pas tout à fait ma tasse de thé.
06/01/2018 à 12:20
Y en a marre ..On parle de cinéma et d'une oeuvre ce qui s'est passé il y a 40 ans je m'en fous.
....
05/01/2018 à 16:52
Quelque chose me dit que Frédéric Bonnaud ne va pas tarder a devoir chercher du boulot ailleurs ...
05/01/2018 à 15:51
Les bien-pensants se prétendant "humanistes" sont les inquisiteurs 2.0
quand je lis les commentaires (pas seulement ici), toute cette rage de ceux qui se proclament justes et bons ça fait peur....
d'une l'affaire polanski n'a rien à voir avec Weinstein
ensuite Polanski a purgé sa peine de prison. Le juge n'a pas respecté l'accord.
Ensuite, la victime l'a excusé publiquement et révèle que les journalistes et ceux qui fouinaient lui ont fait bien plus de mal.
ENFIN, on parle de CINEMA!!!!!
Il ne s'agit PAS DU PRIX DE LA VERTU!
Alors avant de jouer les bourreaux et de lyncher publiquement, renseignez vous sur l'affaire, faîtes preuve de recul et de modération ET sachez faire la part des choses.
Mais bon, dans une société qui s'emmerde et qui se régale des controverses, c'est pas demain la veille qu'on verra apparaître de la sagesse
05/01/2018 à 14:43
Bonnaud se défend très bien face à ces purificateurs sociaux qui se voient comme des justiciers alors qu'ils ne font que reproduire en effet des scories de régimes totalitaires (interdire, censurer, priver d'autres d'un droit à la proximité avec un réalisateur reconnu pour son talent dans la profession pour une raison externe et anachronique). La raillerie et la dérision de l'article (qui ne prend que ce qui l'arrange dans les propos de l'itv du directeur de la cinémathèque pour mieux le décrédibiliser) est révélatrice du parti-pris parcellaire de "la meute" (car il faut l'appeler par son nom cette "évolution au forceps" des mentalités par nos néo-Komsomols) et en cela participe à ces nouveaux autodafés de réalisateurs/artistes ne correspondant pas au nouvel ordre moral (en mettant tout dans le même panier : un Weinstein qui avait un tout un système de moyen de pression pour ses viols à la simple balourdise de gros lourds qui aiment pincer les fesses). On se demande même : qu'ont ils gagné à faire cela ? Le monde a désormais atteint la pureté morale ? Ces purificateurs sociaux qui se prennent pour des hauteurs morales sont en fait les plus dangereux dans leur lâcheté avec le même profil que ceux qui rasaient les femmes en 45 : on s'en prend à ce que leur courage leur permet d'atteindre (on va quand même pas voir les journalistes changeurs de mentalité à Champigny en tenue de combat venir corriger les animaux qui se sont pris à une policière...), souvent lorsqu'on a pas de talent, on fait dans la morale tout en important ce puritanisme qui est l'envers d'une même pièce : celle de l'obscénité.
Comme Astier qui est sommé sur Twitter de réécrire Kaamelot en enlevant toutes les blagues homophobes et sexistes - comme si une légende celtique devrait se préoccuper de la communauté gay entre deux coups de haches : un gay n'arriverait il pas à comprendre l'humour d'un Mérovingien ? Un peu d'effort enfin...).
Aujourd'hui ils ont réussi à interdire que Carmen meure dans le célèbre Opéra (« Parce qu’on ne peut pas applaudir le meurtre d’une femme » dit Jean-metteur-en-scène- j'ai-un-message-profond) : en fait le personnage de Carmen est indomptable, c'est une femme libre qui ne cède pas au diktat masculin et machiste que Don José symbolise et c'est pour cela que la conduite de ce dernier parait justement injuste et insupportable.
C'est un thème tragique : c'est ça la véritable dénonciation des violences faites aux femmes, dans l'analyse des comportements qui y mènent, la part de passion triste, et c'est cela qui devrait faire réfléchir. La Catharsis de la tragédie est là pour nous faire prendre conscience. Mais si on enlève la catharsis il reste....rien (ou de la moraline). Mais bon on est face à des gens qui ne comprennent rien et qui pensent les choses au premier degré. Des abrutis en somme mais qui nous mènent vers un monde meilleur (celui des trois coquillages de Démolition Man sans nul doute, une société niaise, nunuche et lessivante mais si "pure").
05/01/2018 à 14:04
"ne commettra pas l'impair de programmer des films produits par "ce prédateur sexuel particulièrement vorace""
???
Alors il ne faudrait plus programmer Le seigneur des anneaux parce que Harvey Weistein en est l'un des producteur ? Non !!! Il faut continuer à programmer les films, tous ceux qui ont travaillé sur ces films ne doivent pas en subir les conséquences. Ce qu'il faut, c'est arrêter les hommages.
05/01/2018 à 12:55
Bonjour les amalgames des journalistes et de ceux qui commentent...
05/01/2018 à 09:37
Comme l’a dit Sylvie Pialat dans l’Obs, s’attaquer à des “conneries”, c’est beaucoup plus facile que de s’attaquer aux inégalités salariales, aux vrais harceleurs qui opèrent dans le métro ou dans la rue, aux violences conjugales, et aux milliers de viols qui surviennent en France chaque année et qui restent impunis, sans parler des meurtres. Faire des amalgames entre la triste réalité des choses et sa représentation cinématographique, comme on le fait dans cette affaire, est une escroquerie intellectuelle et une mauvaise action politique.
le mec a raison
05/01/2018 à 00:12
bravo pour cet article, affaire à suivre donc dans le délire de M. Bonnaud, qui, j'espère, ne commettra pas l'impair de programmer des films produits par "ce prédateur sexuel particulièrement vorace" de Harvey Weinstein.
04/01/2018 à 20:50
Merci pour cet article!