Marisa Paredes (Reinas)
Marisa Paredes, c'est un personnage. Une diva lunaire d'une grande gentillesse. Elle nous parle en mi-espagnol, mi-français (qu'elle peaufine avec son interprète), de son dernier film Reinas, dans lequel elle incarne une actrice espagnole égocentrique.
Comment s'est passé le premier contact avec le scénario ?
Par delà le scénario, c'est ma rencontre avec le réalisateur, très
connu en Espagne spécialement pour ses comédies, qui m'a décidé lorsque
ce dernier m'a annoncé qu'il traiterait cette comédie d'une façon
différente, avec élégance et distinction.
Qu'est ce qui vous a particulièrement plu dans ce scénario ?
La situation dans laquelle se trouvent les personnages et de manière plus générale la problématique autour de l'histoire.
Quel a été votre sentiment en apprenant le noms des autres comédiens qui allaient partagés l'affiche avec vous ?
J'étais très enthousiaste. Ça m'a fait très plaisir surtout que je
connaissais la plupart d'entre elles, à l'exception de l'actrice
argentine (Betiana Blum).
Vous aviez déjà collaboré avec Carmen Maura sur la Reina Anonima en 1992. Quelque chose a-t-il changé chez elle depuis cette époque ?
La vie d'une actrice n'est jamais vraiment terminée selon moi et d'une certaine manière Carmen a énormément gagné en maturité dans sa vie d'actrice mais aussi en liberté dans ses choix de rôles.
Que pensez-vous de la situation actuelle en Espagne concernant la loi sur le mariage des homosexuels ?
Je crois que tous les citoyens sont égaux donc c'est parfaitement normal que cette loi existe et ait été votée.
Pensez-vous que ce film y ait contribué ?
Je pense que oui. Un simple film ne va pas changer radicalement la
situation mais il pourra probablement contribuer à une plus grande
tolérance.
Dans la même situation que votre personnage, comment auriez vous réagi ?
(Rire). J'ose espérer que je réagirais totalement différemment, que je
disposerais de la générosité suffisante pour pouvoir accepter une telle
situation.
S'il ne s'agissait pas d'un film espagnol, les mères auraient-elles réagi de la même façon ?
Je ne sais pas (Rire). J'ai vu des mères (dans des couples lesbiens) très satisfaites de voir leurs enfants réaliser leurs rêves. Mais l'opposé est également possible, à savoir une réaction plus forte, voire même violente en réaction à une telle contrariété.
Quel souvenir gardez vous des films que vous avez tourné en France ?
Il y a, par certains aspects, beaucoup de différences entre la manière
de faire des films en France et en Espagne, bien que la manière de
tourner reste fondamentalement la même. Mais, je n'ai pas suffisamment
tourné de films en France pour qualifier avec exactitude ces
différences.
Dans Reinas, vous interprétez le rôle d'une actrice très égocentrique
Jusqu'à quel point ce personnage vous ressemble-t-il dans la vie ?
En rien du tout. Ça se voit non (Rire) ? J'ai le même ego que n'importe qui d'autre. Enfin, je crois !
Votre personnage est néanmoins très conciliant lorsqu'il permet à Jacinto de fumer en prétextant Almodovar !
C'est en contradiction avec ce que Jacinto va faire ensuite. Mais cette
situation est exceptionnelle pour mon personnage qui reste avant tout
très égocentrique dès que ça la concerne directement.
Après tant de films d'auteurs et européens, seriez-vous prête à tenter l'aventure hollywoodienne ?
Bien entendu. À condition que le rôle et le réalisateur soient tous les deux intéressants. Mais il n'y a pas beaucoup de place pour le cinéma indépendant à Hollywood, peut être même moins qu'en Europe justement. Et puis d'un autre côté mon anglais est encore pire que mon français alors (Rire)
Vous avez joué des rôles très divers : une amante, une mère, une
perverse
L'un de ces rôles vous a-t-il particulièrement touché ?
Il y a une petite touche de moi dans chacun des rôles que j'ai pu tenir
et vice-versa mais il y a quand même un « avant » et un « après » Talons aiguilles.
Propos recueillis par Isabelle Banos et Hoda Kerbage.
Autoportrait de Marisa Paredes.