Alex De la Iglesia (DVD Le Crime Farpait)

Ilan Ferry | 30 novembre 2007
Ilan Ferry | 30 novembre 2007

Il est des interviews qu'on n'oublie pas, surtout quand l'interviewé s'appelle Alex De la Iglesia et dont la réputation de grand déconneur n'est plus à faire. Le réalisateur accompagné de son scénariste et ami Jorge Guerricaechevarria est venu à Paris pour la sortie en DVD de son dernier film Le Crime farpait. Interview mouvementée d'un véritable trublion du cinéma ibérique où s'entremêlent réflexions sur le cinéma, la bande dessinée, les femmes et les bicyclettes !

 

Comment êtes-vous passé de la bande dessinée au cinéma ?
Par jalousie ! Quand j'ai vu un ami réaliser des films, ça m'a tout de suite donné envie de faire pareil. C'était comme s'il roulait en Porsche alors que moi j'étais toujours sur ma petite bicyclette.

Vous roulez en Porsche maintenant ?
Non, je suis toujours sur ma bicyclette, je ne sais pas où est l'erreur il y a du avoir un bug quelque part ! (Rire.)

Il parait que vous aimez beaucoup Astérix dont les albums jouent beaucoup sur la référence, est-ce aussi comme ça que vous envisagez vos films?
Oui, dans le sens où lorsque Jorge et moi écrivons un film, beaucoup d'idées ressortent et se mettent en place au fur et à mesure, il s'agit pour la plupart de références qui nous ont plus ou moins touchées et c'est peut être en cela qu'on se rapproche des albums d'Astérix.

 

 

À ce titre, on peut voir le personnage de Rafael comme une sorte d'Iznogoud moderne…
J'aime beaucoup Iznogoud, c'est quelqu'un d'éternellement mauvais, qui dépense toute son énergie à répéter les mêmes méfaits sans jamais perdre son illusion malgré ses multiples ratages. Il me fait penser au personnage du Coyote qu'on voit dans les cartoons de la Warner. J'ai beaucoup d'affection pour ces personnages qui n'arrivent pas à cacher leurs rancœurs et donc à s'empêcher d'être eux-mêmes. Rafael s'inscrit effectivement dans cette lignée.

Si vous deviez faire un film de super héros, lequel adapteriez vous sur grand écran ?
Mon héros préféré a toujours étéSpider-Man mais là j'avoue que c'est un peu foutu. C'est peut être pas le moment pour que je fasse ma version à 2 millions d'euros ! (Rire.) J'aimerai beaucoup réaliser un film sur Le Surfeur d'argent qui est selon moi un personnage très intéressant et un super héros incroyable.

Si on réussissait à convaincre un producteur français vous le feriez ?
Bien sûr ! Mais si vous voulez vraiment vous rendre utile, essayez de nous obtenir les droits de La Marque jaune. C'est ma bande dessinée préférée et je deviendrais complètement fou si je pouvais en faire un film.

 

 

Que pensez-vous du cinéma de genre actuel ?
Certains films sont bons mais beaucoup d'autres sont mauvais. Actuellement, il y a un engouement de plus en plus grand pour le cinéma asiatique et dans lequel je ne me reconnais absolument pas. Ça fait trois ans depuis Ring, que j'ai pourtant beaucoup aimé, qu'on ne voit que des films avec des femmes aux cheveux longs et des enfants bleus qui attendent qu'on embrasse leur cadavre toujours enterré au fonds d'un puits. Au bout d'un moment ça lasse ! J'attends toujours qu'un film de cette veine me surprenne.

Est-ce pour ça que le fantôme de Don Antonio dans Le Crime farpait est plus caustique que revanchard ?
Oui, ce qui nous a amusé, c'est le fait que ce fantôme devienne l'ami intime de son meurtrier et représente ainsi notre espoir que la mort nous apporte une certaine paix, une sagesse. D'ailleurs, j'espère être une meilleure personne à ma mort ! (Rire.) Une fois mort, il n'y a aucun intérêt à continuer d'être méchant. On voit tout sous une autre perspective. Ça nous change.

 

 

Quel est selon le vous le crime le plus parfait de l'histoire du cinéma ?
Pour moi n'importe quelle guerre est un crime en soi car les gagnants n'ont pas à se justifier. Ainsi, je pense que les films sur la guerre sont des crimes en soi, mais un mauvais film sur une guerre, c'est un double crime voire un triple.

Le pire ?
C'est toujours difficile de faire un mauvais film sur un crime parce qu'ils plaisent beaucoup aux spectateurs en général, ils s'identifient avec les criminels. On a d'ailleurs tout fait pour ne pas être dans le top des pires films sur le sujet ! Mais si je devais donner un exemple parmi tous les films qu'on a vu, je dirais La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz de Luis Buñuel qui est un film que nous aimons beaucoup Jorge et moi. Dans le film, il y a beaucoup de crimes mais imaginaires car le personnage principal n'ose jamais tuer ses victimes, c'est quelque chose avec lequel on s'identifie beaucoup car on n'est pas encore passé à la phase de l'acte… mais peut être que ça va venir ce soir !

 

 

Le film reflète t-il votre conception du mariage ?
J'hésite à répondre car je ne sais pas si ma femme va lire l'article ou pas… pour quelle revue travaillez-vous déjà?
Un site internet ! C'est bon alors, je ne pense pas que ma femme risque de lire l'interview…Si jamais c'est le cas je dirais que c'est Jorge qui a tout dit. Donc oui, le film reflète bien ma vision du mariage.

 

 

Dans l'interview présente sur le double DVD du Crime farpait , vous affirmez ne pratiquement pas connaître les femmes, le film vous a-t-il permis d'en connaître plus ou est-ce que c'est pire ?
Jorge Guerricaechevarria : Non, toujours pas! (Rire.)
Alex De la Iglesia : Moi non plus, je connais toujours aussi peu les femmes, mais grâce à Jorge qui m'a récemment révélé que le sexe féminin n'était pas le nombril, je suis enfin prêt à en rencontrer mille.

Comment vous considérez- vous : gentils ou méchants ?
Ensemble : Fondamentalement bêtes !

Que pensez-vous du packaging du DVD ?(un digipack à volets rétractable)
J'aime bien… pas vous ?

 

 

Si, si, j'adore, je passe mon temps à l'ouvrir et le fermer !
Jorge Guerricaechevarria : Moi, je n'ai toujours pas compris comment il fonctionne !
Alex De la Iglesia : Faites pas attention à Jorge, c'est le plus bête de nous deux. Quand il a ramené une télévision chez lui pour la première fois, il essayait de faire sortir les personnages de l'écran ! Quand il a finalement compris comment fonctionnait la télécommande, il m'a appelé à cinq heures du matin pour me raconter sa découverte.

Dernière question, piège cette fois ci : Que pensez-vous des journalistes français ?
Ils sont beaucoup plus intéressants que les journalistes espagnols qui vous demandent toujours en premier le titre de votre film (Rire.).

 

 

Propos recueillis par Ilan Ferry.
Merci à Vincent Perez et Flora Barilla de LA FABRIQUE DE FILMS pour leur accueil chaleureux.

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