Conférence de presse Nicole Kidman et Lauren Bacall

Stéphane Argentin | 10 septembre 2004
Stéphane Argentin | 10 septembre 2004

Après le duo Spielberg-Hanks, puis Matt Damon, le nouvel évènement du 30e festival du Cinéma américain de Deauville était la venue de Nicole Kidman, toujours aussi rayonnante et souriante, pour la présentation en avant-première de Birth. Une partie de l'équipe du film, notamment le réalisateur Jonathan Glazer, et les acteurs Danny Huston et Lauren Bacall, avaient également fait le déplacement et c'est d'ailleurs cette dernière, courroucée par les propos de certains articles de la presse internationale, qui prit la parole avant même que ne débute la conférence.

Lauren Bacall : Je voudrais tout d'abord vous faire part de ma colère face à la presse britannique, italienne et américaine au sujet de prétendues déclarations que j'aurais faites concernant Nicole Kidman. Cela fait soixante ans que je fais ce métier et je sais à quel point les journaux aiment à détruire les relations entre acteurs, jusqu'où ils sont prêts à aller pour faire grimper leur tirage. Mais cette fois, ils viennent de tomber encore plus bas qu'avant. Non seulement j'aime Nicole en tant qu'être humain mais j'admire également son travail d'actrice. Nous sommes devenues de grandes amies au cours de ces dernières années depuis notre première rencontre, et personne ne pourra briser cette amitié. Je pense qu'il arrive un moment où la presse se doit de nous montrer un tant soit peu de respect en tant qu'êtres humains et en tant qu'actrices. Donc, si je ne vous adresse pas la parole aujourd'hui, je pense que vous comprendrez pourquoi.

Nicole, n'êtes-vous pas énervée ou bien frustrée lorsque les critiques, à Venise et ailleurs, ont qualifié votre personnage de pédophile ?
Nicole Kidman : Je ne vois absolument pas ce film comme traitant d'une relation à connotation sexuelle entre une femme et un jeune garçon. Je laisserais plutôt Jonathan s'exprimer à ce sujet, s'il le souhaite et s'il le peut. Je crois qu'une grande partie de ces critiques viennent tout simplement d'une incompréhension du sujet. Je ne me serais jamais lancée dans ce film si j'avais senti qu'il exploitait un enfant.

Est-ce difficile pour une actrice aussi sollicitée que vous de trouver un compromis entre le cinéma et votre vie privée en tant que mère célibataire ?
Kidman : Selon moi, vous choisissez votre vie, pas votre travail. Récemment, j'ai choisi de rester auprès de mes enfants et j'ai dû renoncer à poursuivre la trilogie entamée par Lars Van Trier avec Dogville. Je ne regrette aucunement cette décision. Non pas que je n'aurais pas aimé tourner à nouveau avec Lars, mais j'ai choisi ce qui était le plus important à mes yeux : mes enfants.

Le pouvoir de la foi et de la croyance sont les deux thèmes centraux du film. Est-ce cela qui vous a attirée ? Et croyez-vous vous-même en quelque chose ?
Kidman : Le thème de la croyance dans le film vient du personnage d'Anna et de son amour pour son défunt mari. Un amour si fort qu'elle le ressent encore dix ans après sa mort, ce que j'ai trouvé à la fois fascinant et tellement réel. Et y a-t-il des choses auxquelles je crois avec force et conviction ? Oui, bien sûr ! Mais le lieu et le moment ne me paraissent absolument pas appropriés pour en discuter.

Comment les acteurs se sont-ils préparés pour leurs rôles ?
Danny Huston : Ma seule préparation a été d'écouter ce que me demandait de faire Jonathan !
Kidman : Je déteste dévoiler mes secrets de préparation car je trouve cela extrêmement personnel. C'est pourquoi je déteste également tous ces making of sur les DVD, tous ces gens présents sur le plateau au moment du tournage en vue d'en dévoiler les coulisses. Je trouve que ça gâche toute la magie du film et la performance des acteurs. Sur Birth, Jonathan avait une vision si précise de ce qu'il voulait, que la seule façon d'y parvenir était en quelque sorte d'être en phase avec son approche.
Huston : Le plus difficile pour moi était dû au fait que mon Némésis était un petit garçon de 10 ans. J'ai donc énormément discuté avec Nicole et Jonathan pour savoir comment faire face à cela, et nous sommes finalement arrivés au constat que la seule façon de l'aborder était de contenir autant que faire se peut ma frustration grandissante, jusqu'au moment où mon personnage explose et se livre alors à un véritable duel avec l'enfant.

Jonathan, quelle a été votre approche pour diriger les acteurs ?
Jonathan Glazer : Vous devez seulement vous assurez que vous parlez le même langage qu'eux au niveau de chaque scène, de ce qu'elles doivent véhiculer. Je crois que chaque acteur sur ce film était vraiment préparé à s'impliquer totalement dans son rôle, à le découvrir et à l'explorer au plus profond.

Nicole, vous avez déjà exprimé à plusieurs reprises votre intention de mettre un terme à votre carrière d'actrice. Est-ce toujours d'actualité ?
Kidman : Si au bout d'un certain temps on ne vous propose plus rien du tout, je crois que la question ne se pose pas, il faut envisager de tourner la page. En revanche, si vous ne cessez de recevoir des propositions, je dirais qu'à un moment ou à un autre, il faut se poser la question en ces termes : « Ai-je encore quelque chose à offrir sans perdre en "pureté", sans compromettre ma vie privée ? » En ce qui me concerne, je pense qu'un jour viendra où je ne pourrai plus poursuivre sans avoir à donner de ma personne. Je ne me vois donc pas continuer en tant qu'actrice jusqu'à la fin de ma vie. J'aimerais vraiment beaucoup faire d'autres choses. Non pas que je n'aime pas ce que je fais à l'heure actuelle, mais le truc le plus « cool », je dirais, c'est lorsque vous avez un tant soit peu de « pouvoir » et que vous pouvez choisir à votre guise les projets qui vous tiennent à cœur et avec qui vous souhaitez travailler. C'est pourquoi je considère cela comme un privilège personnel d'une grande importance à mes yeux d'avoir pu tourner avec Jonathan, qui est relativement nouveau dans ce milieu. Et c'est pour cette raison que je ne serai probablement plus là pour discuter avec vous de films aussi intéressants que celui-là dans plusieurs années.

Lauren, votre carrière est encore plus longue que celle de Nicole. Avez-vous déjà ressenti le même genre de doutes ?
Bacall : J'étais actrice de théâtre à l'origine et je me suis ensuite retrouvée par accident dans le monde du cinéma, où ma carrière s'est révélée, par chance, très fructueuse. Mais j'ai toujours voulu être une actrice. Je trouve que beaucoup trop d'acteurs aujourd'hui veulent avant tout devenir des stars avant d'apprendre à faire correctement leur métier. J'ai énormément de respect pour la profession que j'exerce et qui m'a permis de survivre pendant d'aussi nombreuses années, et qui je l'espère me permettra de survivre encore quelques années de plus.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Aucun commentaire.