Berlin 2011 : Jour 5 (Voldemort massacre Shakespeare)

La Rédaction | 14 février 2011
La Rédaction | 14 février 2011
Hier soir, c'était soirée genre à la Berlinale. D'un côté Vampire de Shunji Iwai présenté dans la section Panorama. De l'autre Saint de Dick Maas que l'on put voir au marché du film. Deux façons d'appréhender le genre fantastique pour deux publics bien distincts. Martin opte pour l'intellectualisation d'Iwai (j'y suis quand même allé histoire de voir...et j'ai vu 40 minutes amplement suffisantes). Et pour ma part, je fais confiance à la générosité 80's de Maas. Résultat mitigé au final dans les deux camps.


L'idée de base de Vampire avait été écrite bien avant All about Lily Chou-Chou, le film qui a fait vraiment connaître son réalisateur Shunji Iwai. Il traite de nouveau ici de ses thèmes récurrents, l'incommunication qui affecte la société japonaise et la distanciation entre les adolescents et leurs parents. Et ce film semble partir sur les mêmes bases, même si ce sont cette fois des acteurs et actrices américains avec lesquels il a travaillé. Simon est un enseignant qui s'occupe de sa mère malade. Mais derrière ce premier visage se cache un homme assoiffé de sang qui recherche des femmes suicidaires sur des sites internet spécialisés pour les convaincre de lui laisser leur sang.

Après une première demi-heure très prometteuse, le ton se dilue au fur et à mesure qu'avance le film et se multiplient les suicides. Il emprunte même parfois des chemins à la limite du ridicule (la fête de vampires ou la scène du viol), mais conserve malgré tout une poésie dans certaines scènes (2/5).

 

 

Quant au papa de L'Ascenseur et Amsterdamned, il retrouve avec Saint sa ville d'Amsterdam qu'il aime tant pour nous plonger dans une histoire abracadabrante de Père Noël tueur. Ca commence en fanfare par une vieille légende ayant eu lieu le 5 décembre 1492 où Saint Nicolas est assassiné par les habitants d'un village pour suivre le retour du Nicolas vengeur dans un Amsterdam enneigé à la veille de Noël.

 

   

La bande-annonce promettait un spectacle gore bien décérébré mais énergique et premier degré. Elle ne mentait pas sur la marchandise sauf que le rythme est loin d'être soutenu. Le père Maas n'a peut être plus les moyens de ses ambitions funs et les meurtres se font finalement trop disparates. En revanche, quand Nicolas et sa bande de zombies se mettent à massacrer du citadin, ça charcle avec générosité, nous rappelant que son réalisateur semble définitivement  rester dans les années 80. Comment lui en vouloir et ne pas avoir une foncière sympathie pour un récit bien débile mais si amoureusement assumé ? On l'aimera toujours notre Dick ! (3/5)

 

 

 

Aujourd'hui, retour aux affaires de la compétition, de quoi largement faire la gueule au vu là encore de la qualité particulièrement médiocre des films proposés.

A 9h du matin, le spécialiste du film russe, c'est Martin et ça tombe bien car le rédac chef a décidé de prolonger un peu sa courte nuit histoire d'être en forme pour les débuts de réalisateur de Ralph Fiennes dans Corialan.

Le film V Subbotu, traduit comme Samedi innocent, du russe Alexander Mindadze, se déroule le 26 avril 1986, jour où la tour d'un réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl explosa.
Dès la première scène, on sent qu'on est dans l'urgence, avec la course à corps perdu de protagoniste Valerij. Fidèle fonctionnaire du parti, il a entendu des conversations privilégiées sur les événements et s'empresse de partir annoncer à sa fiancée puis à des amis musiciens de son ancien groupe qu'il faut fuir. Mais c'est samedi et le peuple semble avoir des préoccupations plus légères.
La caméra épaule rend bien palpable la nervosité de Valerij, mais le spectateur finit par se perdre tout comme lui dans les méandres de ce samedi innocent, sans bien comprendre les motivations erronées des personnages. Et de terminer malheureusement conscient du danger mais paralysé par une action qui s'embourbe dans l'alcool et la musique du mariage où se retrouve pris au piège le protagoniste. (2,5/5)

 

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Prêt à en découdre avec Shakespeare à la sauce moderne de Ralph Fiennes, on se lance dans Coriolan avec l'espoir que le pari osé du comédien pour ses débuts derrière la caméra nous mènera bien quelque part. Deux heures plus tard, on sort avec un affreux mal de crâne avec l'impression d'avoir vu un sacré fiasco. En fait, le sort de Coriolan a le mérite de se jouer très rapidement : si vous parvenez à accepter que l'intégralité de la pièce de Shakespeare soit transposée dans un conflit armé actuel, si vous parvenez à garder votre sérieux lorsque les acteurs s'appellent entre eux Cominius ou Martius ou encore si vous acceptez que deux factions de soldats regardent leur chef jouer le sort de la bataille au couteau, alors vous avez une chance d'apprécier ce que Fiennes a voulu faire. Il faudra quand même se farcir un Gerard Butler mauvais comme un cochon (un leitmotiv avec le comédien) qui démontre que « This is Spartaaaaa » n'a pas été écrit par William. Sans oublier d'accepter de grands moments de solitude quand Fiennes mélange « méchant » chez Shakesperare et Voldermort chez Harry Potter. On n'oubliera pas de citer dans les petites choses qui fâchent une bande son assourdissante et totalement dénuée de subtilité (plein de booms booms pour bien souligner que ça va mal à Rome) et une mise en images des combats tendance Chute du faucon noir en version bourrée. Reste qu'on s'est bien amusé à voir Ralph en marcel sur sa chaise de coiffeur écouter la déclaration d'amour de son ex-spartiate de partenaire (rires dans la salle) lors d'une séquence qui démontre bien malgré elle la vacuité de la tentative de modernisme d'un texte qui fonctionne pourtant toujours aussi parfaitement au théâtre. Fiennes en sait quelque chose, il a joué la pièce durant de longues années !  (1,5/5)

 


 

 

Et voilà comment un film vous plombe une journée. Errant dans les différents sites de la Berlinale, on décide de tenter notre chance sur des films bien différents. Laurent part voir si les Sundance boys n'avaient pas dit des bêtises à propos de Perfect sense avec Ewan McGregor et Eva Green, une romance sur fond de film d'épidémie avec deux comédiens qui matchent bien ensemble. Effectivement, c'est pas mal du tout et en plus on peut admirer au passage de nombreuses fois la magnifique poitrine de l'ex James Bond girl. Et ça, comme remède à Coriolan, c'est aussi pas mal du tout ! (3/5)

 

 

Quant à Martin, il s'est laissé tenter (tu parles, il n'avait pas le choix) par Les Femmes du sixième étage, film français présenté en hors compétition et qui sort chez nous ce mercredi. Vous pouvez trouver sa critique en cliquant ici (3/5). Et exceptionnellement, il n'y aura pas de vidéo, faut bien célébrer la Saint Valentin et on a rendez-vous à la soirée du 20ème anniversaire du Media Programme. C'est quoi donc ? On ne sait pas et on s'en fiche, on a juste choppé des invitations. Bonne soirée à tous les amoureux !

 

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