Denzel Washington - Portrait

David Da Silva | 16 janvier 2010
David Da Silva | 16 janvier 2010

Denzel Washington revient sur grand écran avec Le livre d'Eli, le nouveau film des frères Hughes, l'occasion de revenir sur la carrière du bonhomme, assez exceptionnelle. Celui-là même qui est considéré come le Robert De Niro black, adepte de mimétisme physique hallucinant pour ses rôles,  souvent des figures emblématiques réelles (Malcolm X, Rubin Carter et Steve Biko comme Al Capone ou Jake LaMotta pour De Niro), capable de tout jouer avec la même efficacité (avocat, flic ripoux, boxeur ou leader charismatique) et qui alterne les grosses productions et des films plus modestes.  Comme De Niro avec Scorsese, il a une relation privilégiée avec son grand ami Spike Lee (4 films ensemble) mais aussi avec le réalisateur Tony Scott (5 films en commun). Que restait-il comme rôle à jouer pour le génial Denzel ? Un guerrier post-apocalyptique adepte des arts martiaux... ou plus simplement le nouveau prophète du cinéma ?

 


 

Né un 28 décembre 1954 à New York, fils d'un pasteur, le petit Denzel étudie d'abord la médecine, avant de se lancer dans le journalisme et, finalement, de découvrir l'art dramatique pendant ses études. Coup de foudre immédiat et il décide de devenir comédien. Après plusieurs pièces de théâtre dans lesquelles il se fait remarquer (il joue déjà Malcolm X dans  When chikens come home to roost), il décide de se lancer dans le milieu plus lucratif de la télévision et du cinéma.  Quelques téléfilms plus tard (comme Wilma en 1981 ou Flesh and blood réalisé par Jud Taylor), Denzel Washington débute au cinéma en 1981 avec le film Carbon copy, mais le rôle qui va le rendre vraiment célèbre est celui du docteur Chandler qu'il tient durant 6 ans dans le soap opera St Elsewhere. Pendant les pauses de la série, il en profite pour continuer sa carrière cinématographique et tourne deux très beaux films Cry Freedom de Richard Attenborough  (où il incarne Steve Biko, un leader noir qui lutte contre l'Apartheid) et Glory de Ed Zwick. Deux rôles qui vont lui valoir une nomination à l'Oscar du meilleur second rôle.

 


 

La carrière ciné du talentueux Denzel est lancée et il va tourner des films très variés  comme Mo'Better blues (où il incarne un joueur de trompette) qui lui permet de faire la rencontre décisive avec son ami Spike Lee. Le producteur Joel Silver (L'Arme fatale) essaie quant à lui d'en faire  une « action star » avec Ricochet de Russell Mulcahy. Mais c'est son pote Spike Lee lui offre un de ses meilleurs rôles, celui du leader politique Malcolm X dans le film homonyme. Absolument habité par ce rôle, stupéfiant de mimétisme, Denzel Washington obtient une nomination méritée à l'Oscar du meilleur acteur et devient l'idole de la communauté afro-américaine. Avocat aux côtés de Tom Hanks dans Philadelphia de Jonathan Demme, il forme un couple glamour avec Julia Roberts dans L'affaire Pelican du regretté Alan J.Pakula et il connait un joli carton au box office avec le USS Alabama de Tony Scott. Le film lui offre un duel formidable face à Gene Hackman, avec des dialogues signés Tarantino. « La confrontation de Gene Hackman et de Denzel Washington était, dès le départ, très prometteuse. Ils sont très différents l'un de l'autre. La seule chose qu'ils ont en commun, c'est un charisme très puissant. Le contraste entre leurs personnalités provoque à l'écran une vraie dynamite... », commente le réalisateur Tony Scott. Et on le voit même affronter Russell Crowe (bien avant American Gangster) dans Programmé pour tuer de Brett Leonard.

 


 

L'acteur afro-américain n'arrête plus de tourner, il enchaine les films avec plus ou moins de succès (Le diable en robe bleue, le film noir de Carl Franklin, la comédie La femme du pasteur de Penny Marshall ou Le témoin du mal de Gregory Hoblit dans lequel il reprend un rôle destiné au départ à Arnold Schwarzenegger). Mais il retrouve Spike Lee pour son premier vrai rôle ambigu dans He got game. Manque un vrai grand rôle comme les affectionne l'acteur et le vétéran Norman Jewison lui offre celui du véritable boxeur Rubin Carter dans Hurricane Carter. Crédible et très émouvant dans ce rôle de boxeur (sport que Denzel Washington a pratiqué jeune) injustement accusé et emprisonné, l'acteur (comme De Niro pour son rôle de Jake LaMotta dans Raging Bull) est encensé par la critique et obtient un Golden Globe et un Ours d'argent à Berlin pour sa prestation impeccable.

 

 

 

Mais manque toujours la consécration ultime, l'Oscar du meilleur acteur, qu'il va finalement obtenir grâce à son rôle dans le polar Training day d'Antoine Fuqua en 2001. Face à Ethan Hawke, le comédien est un flic corrompu inquiétant, capable des pires atrocités. 40 ans après Sidney Poitier, Denzel Washington est le deuxième acteur de couleur à remporter la statuette. Consacré pour son métier d'acteur, il décide de se lancer un nouveau défi avec la réalisation d'un long-métrage intitulé Antwone Fisher. Tiré du roman Finding Fish, il relate l'histoire vraie d'Antwone Fisher, marin qui grâce à une thérapie, et surtout son thérapeute (incarné par Denzel Washington himself) se confronte à son difficile passé et part à la recherche de sa famille qu'il n'a jamais connue. Un film humaniste, émouvant, qui connaît un joli succès critique.

 

 

 

En 2003, il retrouve Carl Franklin pour un autre film noir (meurtre, femme fatale, machination) avec Out of time. Vient ensuite deux thrillers, Un crime dans la tête de Jonathan Demme et Man on fire pour lequel il retrouve Tony Scott, qui lui offre l'un des ses rôles les plus emblématiques (initialement prévu pour...Robert De Niro). La descente aux enfers et le sacrifice de cet homme solitaire condamné depuis longtemps pour ses mauvaises actions mais agissant par amour, celui d'une fillette de 9 ans, permettent à Tony Scott de réaliser un film radical et encensé par Quentin Tarantino. En plus d'être talentueux, Denzel Washington a été élu par le magazine People, en 1990 et 1995, parmi les cinquante plus beaux mâles de la planète. Spike Lee (qui a cruellement besoin d'un succès au box-office pour relancer sa carrière) lui propose le rôle d'un inspecteur de police confronté à un hold-up qui tourne à la prise d'otages dans Inside man. En 2006, Déjà vu, sa troisième collaboration avec Tony Scott, voit l'acteur remonter le temps afin de sauver la femme qu'il aime et le film est un thriller très correct, emmené par un excellent Denzel Washington. Il retrouve Russell Crowe pour le polar American Gangster de Ridley Scott, où il incarne un puissant trafiquant d'héroine (dans les années 70) très calme, tout en retenu mais capable d'une grande violence, un peu comme De Niro interprétait le personnage de Neil McCauley dans le Heat de Michael Mann.

 

 

Très méconnu est le deuxième film de Denzel Washington en tant que réalisateur, The great debaters, qui s'inspire de l'histoire vraie de Melvin Beaunorus Tolson, qui enseignait l'art du discours et l'anglais en 1935. Inséparables, l'acteur retrouve Tony Scott pour L'attaque du métro 123, le remake d'un thriller culte des seventies Les pirates du métro de Joseph Sargent. La suite ? Un nouveau thriller avec Tony Scott intitulé Unstoppable, The Matarese Circle un autre thriller signé David Cronenberg , une comédie avec Will Smith et le projet d'un troisième film comme  réalisateur. Mais on peut apprécier les talents de l'acteur dès le 20 janvier dans Le livre d'Eli, le western post-apocalytpique et nerveux des frères Hughes.

 

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