Dolph Lundgren - Le retour du suédois

David Da Silva | 15 janvier 2010
David Da Silva | 15 janvier 2010

La sortie en DVD de Commando d'élite, le dernier film interprété et réalisé par Dolph Lundgren, nous permet de revenir sur la carrière du massif suédois. Révélé par Stallone dans Rocky 4 où il était un Ivan Drago mémorable, la carrière de Lundgren a connu une lente descente aux enfers. De films montés pour faire de lui une star qui ne connurent pas de gros succès au cinéma (Le Scorpion rouge) à des projets ambitieux avortés (Meltdown que devait réaliser John Dahl et écrit par John Carpenter) en passant par des séries B très médiocres (Storm Catcher), on ne pensait pas le bonhomme capable de relever la tête avec autant de brio. Devenu réalisateur, il arrive à livrer des films vidéos intéressants (The Mecanik) et il va même faire son retour sur  grand écran grâce à...Stallone, dans le très attendu The Expendables.  

 

 

Né le 3 novembre 1959 à Stockholm, Dolph est l'ainé d'une famille de quatre enfants et il est un étudiant très sérieux : « Mon père était ingénieur, j'ai voulu faire la même carrière. Jamais je n'ai pensé à l'art dramatique ou au show-business en général. J'ai passé tant de temps plongé dans des livres... ». Cette érudition va lui valoir une maitrise en Chimie, Maths et physique. Mais c'est aussi un très solide sportif, il devient ceinture noire de karaté après des études à l'université de Sydney et il est même sollicité par des managers de boxe anglaise : « Je suis certain que chacun d'eux s'est dit « j'ai enfin découvert l'espoir de demain » c'est une réaction courante dans cette profession. Quoi qu'il en soit, ça ne m'intéressait pas. Lors de mes compétitions de boxe thailandaise, j'avais suffisamment encaissé de coups, j'ai préféré accepter l'offre pacifiste d'une agence de mannequin ».

 

 

En même temps, il commence des cours de comédie et fréquente des castings (il apparait dans le James Bond Dangereusement Votre grâce à sa petite amie de l'époque, Grace Jones), notamment ceux des films de la plus grande star de l'époque, Sylvester Stallone : «  J'ai d'abord passé une audition pour tenir le rôle du russe de Rambo 2. J'ai rencontré Stallone alors qu'il venait juste de finir le script de Rocky 4 et il a préféré me garder en réserve pour le rôle de Drago ». Mais des conseillers technique de Stallone lui  avisent de ne pas prendre le suédois : « Selon eux, je n'étais pas assez volumineux...Durant 4 mois, j'ai suivi un entrainement intensif de musculation, les 11 kilos que j'ai pris ont fait pencher la balance du bon côté... ». Lundgren est excellent dans le rôle quasi-muet d'un boxeur monolithique impressionnant, de loin l'adversaire le plus rude de l'étalon italien (qu'il a vraiment envoyé à l'hôpital après un coup trop appuyé).

 

 

Le succès énorme du film va propulser Dolph Lundgren comme une star planétaire du jour au lendemain, Les producteurs voient en lui le futur Schwarzenegger et commence à lui proposer des films imposants comme Les Maitres de l'univers pour la Cannon ou Le Scorpion rouge de Joseph Zito (où il incarne un soldat russe)  mais ces deux films sont des échecs au box-office, ne parvenant pas à faire de Lundgren une grande star.

 

 

Le très sympathique polar Punisher est plutôt intéressant (et Lundgren très convaincant en justicier taciturne qui veut venger sa famille) et l'amusant Dark Angel, une histoire de dealer de l'espace (avec un duo Lundgren-Brian Benben des plus savoureux) ne fonctionnent toujours pas, les films avec le suédois en héros sont soit des demi-succès ou des demi-échecs aux Etats-Unis. L'acteur décide de ne pas s'enfermer dans le film d'action, de varier un peu les plaisirs avec Envoyé spécial de Manny Coto où il incarne un journaliste : « Mike Anderson est un journaliste, il ne possède pas d'arme, c'est nouveau pour moi. Ce personnage m'a permis d'aborder des aspects plus dramatiques de la nature humaine. Cela me passionnait vraiment de voir si j'y arriverais, de voir de quelle manière pourrait fonctionner un personnage un peu plus intello qu'un Punisher... ». Le film, imparfait, a le mérite de montrer un Dolph très vulnérable (voir le final) et une intrigue un peu plus ambitieuse que d'habitude. Le thriller de  science-fiction Meltdown, d'après un scénario de John Carpenter où Lundgren devait incarner un flic désabusé à la Mad Max, ne verra jamais le jour et le réalisateur John Dahl l'explique ainsi : "Les producteurs prétendaient avoir réuni le budget nécessaire, ils ne leur manquaient plus qu'un distributeur aux Etats-Unis, mais ces gens mentaient. Pour monter le projet, ils ont vendu les droits du film à plusieurs distributeurs. Du coup, l'une des parties lésées a trainé l'affaire devant les tribunaux. Trois jours avant le début des prises de vues en Autriche, toute la production de Meltdown a été stoppée net...Voilà ce qu'est devenu ce qui aurait  donné un film d'action à la Joel Silver".

 

 

Mais c'est encore un échec, l'acteur va se rendre à l'évidence, il faut qu'il retrouve un rôle de bad guy mémorable pour relancer sa carrière (bien qu'il tourne juste avant un sympathique polar d'arts martiaux, Dans les griffes du dragon rouge avec Brandon Lee). Ce rôle sera celui d'Andrew Scott dans Universal Soldier de Roland Emmerich : « Jouer les vilains, ça me va, physiquement, ça colle...Je sais que le Andrew Scott de Universal Soldier va autant influencer ma carrière que le Ivan Drago de Rocky 4... ». Et en effet, Lundgren bouffe l'écran et éclipse littéralement son rival de l'époque, Jean-Claude Van Damme (avec lequel il va simuler un début de bagarre au festival de Cannes pour promouvoir le film). Le film est un gros succès mondial et la carrière de Lundgren semble repartir de plus belle. Illusion  car  Au dessus de la loi de Vic Amstrong (qui pille maladroitement les gunfights de John Woo), The Shooter de Ted Kotcheff (réalisateur du premier Rambo)  ou l'intéressant L'Homme de guerre de Perry Lang (avec un scénario co-écrit par John Sayles) ne connaissent les faveurs du public (le pire étant atteint avec l'ultra fauché Pentathlon de Bruce Malmuth). Et, sauf une participation au mauvais Johnny Mnemonic de Robert Longo avec Keanu Reeves, il va peu à peu s'enfoncer dans le direct to video avec des films comme Etat d'urgence de Frédéric Forestier ou Sweepers de Keoni Waxman (reste le bizarre Silent Trigger de Russel Mulcahy qui relève un peu le niveau artistiquement).  

 

 

On le croit fini, à peine bon pour tenir la tête d'affiche dans des nanars de vidéo-club (The last patrol de Sheldon Lettich ou le très mou Direct Action de Sydney J. Furie) mais une opportunité inespérée va arriver avec le départ  du réalisateur Furie du projet The Defender. Le suédois reprend le poste et se révèle compétent dans ce nouveau boulot de cinéaste. Le film marche plutôt bien et Lundgren décide de continuer dans cette voie.

 

 

Le très réussi The Mecanik et Missionary man confirment ses talents de réalisateur (avec des succès publics et critiques), et Dolph Lundgren continue avec Commando d'élite et Icarus, ses deux prochains films comme réalisateur et acteur. Hollywood recommence à lui faire confiance et son ami Stallone lui offre un rôle (de bad guy) dans son très attendu The Expendables. Une chose est certaine, Dolph Lundgren  a encore des ressources pour nous surprendre.

 

 

 

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