Super-héros, la guerre des masques

Jean-Noël Nicolau | 29 avril 2009
Jean-Noël Nicolau | 29 avril 2009

Identité secrète ou vie au grand jour ? Avec ou sans masque ? Pour les super-héros ces choix peuvent déterminer la totalité de leur existence et surtout la tonalité de leurs aventures. Moins complexes, les personnages qui vivent à visage découvert se promènent dans des histoires plus colorées et légères. Plus ils se cachent, plus ils se couvrent, plus leur univers s'avère sombre et labyrinthique. Lesquels préférez-vous ? Petite revue en miroir...

 

Superman

Malgré sa double identité (la moins bien dissimulée de l'histoire des Comics, quand même), Superman s'envole toujours à visage découvert. Même si au fil des années il a gagné en tourments, en doubles maléfiques et autres opposants compliqués, ses aventures et états d'âme demeurent parmi les plus simples. En particulier au cinéma où même son reboot chez Singer s'est soldé par des révélations dérisoires.
   

Batman

Le psychopathe en puissance. Il a tellement à dissimuler derrière son masque qu'il a conçu une véritable armure. Symbole de ses tourments intérieurs, son apparence atteint des sommets de sophistication, jusqu'à la métamorphose de sa voix dans les versions de Christopher Nolan. Préserver le secret de son identité est une lutte de tous les instants, remise une seule fois en cause dans le final destructeur et transgressif de Batman, le défi.  

 

Iron Man

Avec une telle armure on aurait pu croire que l'identité secrète de Tony Stark allait être soigneusement préservée. Il n'en est rien et dès la fin du premier film, le milliardaire se dévoile à la face du monde entier. Il faut dire qu'à part de légers problèmes d'alcool et de petites errances sentimentales, Stark n'est pas le plus complexe des super-héros. Ses aventures sont placées sous le signe du fun et des grands espaces aériens.  

   

 

Spider-Man

Assasinat de son oncle, histoire orageuse avec Mary-Jane, conflit terrible avec son meilleur ami, avec les grands pouvoirs Peter Parker a hérité des grandes emmerdes. Sous le masque de l'araignée c'est une tempête de doutes et de culpabilité. Malgré l'aspect très cartoon de ses aventures, Spider-Man est aussi l'un des personnages les plus déstabilisés de l'univers des Comics.

 

Les 4 Fantastiques

Au cinéma ils sont un peu les rigolos de la bande. Avec des films visant directement les enfants, cette bande là se promène avec décontraction dans des aventures dérisoires et amusantes. Leur transparence s'incarne jusque dans le choix des acteurs. Difficile de croire que de profondes pensées se dissimulent derrière les lentilles bleues de Jessica Alba...

   

Les Watchmen

Ils ne sont pas tous masqués, mais ils sont tous dingues. On atteint ici le point limite de l'étude psychologique des super-héros. Le plus timbré d'entre eux étant aussi le plus secret : Rorschach. Alan Moore en a noirci des pages et des pages, Zack Snyder en a livré près de 3h denses et hermétiques. Personne ne pourra vraiment ôter ces masques là et percer tous les mystères des Watchmen.

 

The Punisher

Même s'il évolue dans un univers sombre et ultra-violent, le Punisher le fait à visage découvert. Après tout, une fois le traumatisme original passé, Frank Castle n'a pas grand-chose à cacher. Il joue les "vigilante" et dézingue tout ce qui se met en travers de son passage. On ne peut pas faire plus basique, voire bas de plafond. C'est marrant, mais ça ne va pas plus loin. Tout le monde le connaît et c'est ce qu'il souhaite.

   

Daredevil

Matt Murdock est à la fois aveugle et extra-sensible. Derrière le masque, des yeux éteints et beaucoup de questions et de frustrations. La mort des parents, comme avec Batman, mais aussi beaucoup de rancœur vis-à-vis de l'injustice. La version longue du film, très discutée, donne un peu plus d'épaisseur à ce Daredevil auquel Frank Miller avait ciselé beaucoup de nuances dans les Comics.

 

Elektra

Dans les Comics, Elektra, malgré son visage découvert, est une personnalité plus riche qu'il n'y paraît. Mais si on se contente de ses deux apparitions au cinéma, on peut légitimement la considérer comme une cruche. Peu aidée par l'interprétation médiocre de Jennifer Garner, la tueuse impitoyable n'est plus qu'une gourde pataude. Il ne lui reste plus... qu'à aller se cacher.

      

Catwoman

Comme le bon sens clame qu'il faut faire preuve d'amnésie envers le long-métrage de Pitof, nous n'évoquerons Selina Kyle que sous les traits de Michelle Pfeiffer et dans le costume cousu main de Tim Burton. Ni vraiment méchante, ni vraiment alliée de Batman, Catwoman est une femme trahie, perdue, morte-vivante. A mesure que son costume se déchire, son esprit vacille. Un être aussi dérangé ne pouvait que former le couple le plus SM de l'histoire des Comics avec ce bon vieux Bruce Wayne.

 

Hulk

Tout le monde sait que Bruce Banner a des problèmes pour contrôler son tempérament. Mais même si cela le rend très malheureux, ses états mentaux sont forts simples : calme ou vert de rage. Les aventures de Hulk sont ici très basiques. Un coup il est le « méchant », un coup il sauve la situation. Cela ne va guère plus loin et les deux récents longs-métrages l'ont bien prouvé. En cherchant à caractériser davantage le monstre, Ang Lee s'est complètement perdu en route. En revenant au fun, Leterrier s'en est bien mieux tiré.

   

Les Indestructibles

Finalement le plus difficile pour un super-héros c'est de la garder secrète, cette fameuse identité. Et c'est encore plus compliqué en famille, quand même les mômes ont des super-pouvoirs. La question du masque et de la dissimulation est l'un des thèmes principaux du long-métrage des studios Pixar. Les réponses apportées par le film sont d'une très intéressante justesse, en particulier provenant d'une œuvre aussi familiale. Les tourments multipliés par 4, avec ce qu'il faut de crise de la quarantaine et de crise d'adolescence. S'accepter en tant que différents, mais unis, Batman aurait des leçons à recevoir...

 

 Wolverine

Hugh Jackman ne pouvait décemment pas accepter de dissimuler de trop son physique légendaire. Fini le lycra jaune et le masque, Logan s'expose toujours au grand jour. Sa sauvagerie et ses penchants sociopathes sont bien présents, mais gentiment, pas longtemps. Jusqu'à la fadeur dans le film qui porte son nom. Du gâchis...

   

 Wolverine

Version Comics et masquée, Wolverine est une bête sauvage, misanthrope, ultra-violente et en lutte contre toute forme d'autorité. Ces aspects sont aussi présents au cinéma, mais dilués, jusqu'à devenir des gimmicks. Il est loin le temps du loup anti-héros, à la limite de devenir un ennemi des X-Men. Plus tourmenté, plus dur, plus passionnant... avec le masque.

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