Jason Statham - Portrait

Thomas Messias | 14 mars 2007
Thomas Messias | 14 mars 2007

Avant de faire du cinéma, Jason Statham a été plongeur olympique (12ème aux championnats du monde 1992), vendeur de bijoux au noir, puis mannequin. Un cursus pas commun qui va pourtant lui ouvrir les portes du septième art. Comme souvent, le hasard fait bien les choses : engagé en tant que mannequin par la marque French Connection, qui est l'un des principaux investisseurs du premier film de Guy Ritchie, il est invité par le réalisateur à passer des essais. Plutôt que de lui faire lire une scène, Ritchie demande à Statham de lui vendre un objet en moins de deux minutes. Trop facile pour un spécialiste de la vente sous le manteau. Et c'est parti pour Arnaques, crimes et botanique (1998), dans lequel il joue Bacon, l'un des seize personnages principaux du film. Comédie anglaise énergique et futée, le film fait un tabac et fait de Guy Ritchie un petit mec à suivre. En revanche, si Jason Statham n'est pas mauvais, on pense bien ne jamais le revoir sur grand écran.

Et on a tort : vraiment séduit par sa gueule, Ritchie l'engage en 2000 pour Snatch, son deuxième long. Moins de personnages principaux, donc une meilleure exposition : si l'attraction du film demeure Brad Pitt en boxeur incompréhensible, Statham prouve cependant qu'il possède tout l'abattage nécessaire pour faire carrière. John Carpenter ne s'y trompe pas en lui offrant un rôle dans Ghosts of mars (2001), série B délicieusement old school, bâtie comme une armoire à glace. Aux côtés d'Ice Cube et Natasha Henstridge, Statham y révèle de vraies qualités d'acteur physique (une carrière olympique, ça laisse des traces). C'est le début de sa carrière d'action man : aux côtés de Jet Li, il dynamite The one, de James Wong (2001). Puis passe faire un coucou à Vinnie Jones dans le peu recommandable Carton rouge (Mean machine).
 

En 2002, Jason Statham trouve ce qui est sans doute le rôle de sa vie (si si). Dans Le Transporteur, production Europa, il déchire assez rapidement son costume de chauffeur-livreur pour distribuer des sidekicks et des atemis dans la tronche des vilains. Il faut dire que l'enjeu est de taille : sauver Shu Qi (long râle d'agonie). Carton mondial (demandez donc à François Berléand, qui n'est plus incognito sur aucun continent de la planète), le film impose Statham comme le nouveau roi de la baston. Un second rôle dans Braquage à l'italienne (2003), où il porte une nouvelle fois un sobriquet des plus seyants. Après avoir été Bacon ou Turkish, il est Handsome Rob. La classe.

Un (tout) petit rôle dans Collateral (2004) plus tard, Statham enchaîne les films d'action, à commencer par Cellular, resucée de Phone game (en bien pire) par le même scénariste. Il y joue le méchant monsieur qui tyrannise une Kim Basinger lessivée ; devant l'inanité totale de l'objet, on est en droit de déclarer forfait. Un crochet par Le Transporteur II (2005), sans Shu Qi mais toujours avec François Berléand, accroît encore un peu sa popularité. Et qu'importe la qualité des films : tant que Statham montre un peu ses gros biceps et ses pectoraux acérés (jaloux, moi? jamais), la machine à billets fonctionne. On peut parier sur le lancement d'un troisième volet d'ici quelques années.
 

Après avoir laissé son copain Ritchie se noyer en couple dans le bien nommé À la dérive, Statham le retrouve pour la troisième fois en 2005. Revolver est annoncé par son metteur en scène comme une petite révolution, la rencontre entre Scorsese et Dieu. Le genre d'annonce prétentieuse qui fait peur. Et en effet, Revolver est une sorte de massacre de première classe, un gloubiboulga de références mal digérées et d'autocitations pompeuses, monument de frime devenu mémorable pour de mauvaises raisons. La prestation de Statham ? À vrai dire, on ne sait plus trop, tant tout le casting (Ray Liotta, Andre 3000) semble avoir été happé dans la centrifugeuse Ritchie. Ce ratage total n'empêchera sans doute pas les deux complices de remettre le couvert bientôt si l'envie leur en prend.
 

Après le distrayant mais un poil laborieux Chaos (2005) dans lequel il affrontait Wesley Snipes, il accepte un rôle modeste mais inoubliable. Dans La panthère rose (2006), il endosse le délicieux patronyme d'Yves Gluant et la cape prestigieuse de sélectionneur de l'équipe de France de football, qui compte dans ses rangs le meilleur joueur du monde, un certain Bizu. Un moment d'anthologie pour les spectateurs français.
 

Visiblement attiré par les rôles surréalistes, Jason Statham n'a pas dû hésiter longtemps avant d'accepter d'être le héros de Hyper tension, premier film du duo Neveldine/Taylor. Le pitch à lui seul est grandiose : pour empêcher que le virus mortel qui lui a été injecté ne le tue trop rapidement, un petit voyou doit tout faire pour que son taux d'adrénaline reste élevé, tout en tentant de retrouver le salaud qui lui a fait ça. Ça donne un film euphorisant, qui assume pleinement son statut de gros machin bourrin tout en lâchant régulièrement des flots de second degré. Une scène suffit à elle seule à rendre Hyper tension juste inévitable : pour ne pas trop en dévoiler, on dira juste que la tension sexuelle y est à son comble. En tout cas, Statham est comme un poisson dans l'eau dans ce film visiblement fait pour lui : balèze, monolithique et rigolard, il est parvenu à donner au film d'action un goût différent à défaut d'être tout neuf.

Tout savoir sur Hyper tension

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