La Horde du Contrevent : l'adaptation abandonnée qui aurait pu lancer un univers partagé à la française

Le célèbre roman La Horde du Contrevent s'est retrouvé au cœur d'un projet transmédia gigantesque au début des années 2010. Retour sur un terrible acte manqué.

À l'heure où, dans le sillage de Dune et autres Foundation, les adaptations de grands classiques de la science-fiction reviennent à la mode, les listes de livres qui mériteraient un tel destin ou qui paraissent impossibles à domestiquer sont nombreuses. La Horde du Contrevent est de la deuxième catégorie. Le roman d'Alain Damasio publié en 2004 est très vite devenu un petit classique contemporain, qui se transmet religieusement entre amateurs de littérature de l'imaginaire. Il s'agit également d'un exercice d'écriture atypique, défiant toute velléité d'adaptation.

Pourtant, certains l'ont fait... ou ont tenté de le faire. Outre plusieurs performances théâtrales, un livre interactif, un prototype de jeu vidéo étudiant (testable gratuitement ici) et bien sûr la bande dessinée de Eric Heninot, un studio tout jeune a tenté de relever le défi avec un projet transmédia extrêmement ambitieux intitulé Windwalkers et constitué à la fois d'un film d'animation, d'un jeu vidéo et de bandes dessinées. Un projet qui a causé sa perte, relaté à l'époque par un article de Première, ainsi que par d'autres publications. Depuis, le vent a tourné.

 

 

la Forge d'Aberlaas

Dans La Horde du Contrevent, on suit la trente-quatrième Horde, chargée, comme ses prédécesseures, de trouver l'extrême-Amont, c'est-à-dire de remonter tout son monde à pied afin d'en atteindre le bout. L'entreprise est plus que périlleuse, puisque le monde en question est balayé par un vent archi-complexe, se déclinant sous plusieurs formes qu'il est très difficile d'apprivoiser dans le meilleur des cas, d'encaisser dans le pire. Au cours de son périple, elle croisera de vieux amis, de vieux ennemis, de nouvelles connaissances, mais en fin de compte, elle devra toujours compter sur elle-même.

Difficile de résumer plus précisément ce livre singulier, qui se lit autant comme un roman d'aventures que comme un long poème polysémique. Par conséquent, il présente à peu près toutes les caractéristiques de l'oeuvre inadaptable. Il ne suit non pas un héros, mais une ribambelle de personnages dont il épouse complètement la personnalité et l'individualité (le lecteur est invité à se repérer parmi eux grâce à un marque-page et un système de symboles), il puise dans la philosophie deleuzienne et nietzschéenne, il conditionne l'existence de son univers à son style et surtout s'articule autour de celui qui est à la fois l'antagoniste et le protagoniste : le vent, menace désincarnée et invisible.

 

Le vent version BD