Vampire, boucle temporelle et viande pourrie : nos 5 films préférés du PIFFF 2023

La Rédaction | 16 décembre 2023
La Rédaction | 16 décembre 2023

Comme tous les ans, Ecran Large était au Paris International Fantastic Film Festival (ou PIFFF) pour découvrir les futures pépites du cinéma de genre.

Vous le savez, à Ecran Large, on aime le sang, les monstres, les phénomènes étranges, et les films méchants. Autant dire que pour nous, le Paris International Fantastic Film Festival (ou PIFFF) est un peu une deuxième maison. Au milieu des rétrospectives toujours aussi passionnantes (dont une avant-première de la restauration de L'Enfer des armes de Tsui Hark), cette édition s'est offert quelques morceaux de choix, à l'instar d'une séance nocturne de Godzilla Minus One.

Mais bien sûr, le coeur du festival réside dans sa compétition de longs-métrages, ainsi que ses autres nouveautés présentées dans des sections parallèles. Forcément, on a envie de vous partager nos 5 coups de coeur de ce 12e PIFFF. On s'est juste permis d'exclure le très sympathique Vermines de Sébastien Vaniček, puisqu'une critique approfondie arrive sur le site pour sa sortie le 27 décembre 2023.

 

Vermines : photoOn pense à lui quand même...

 

Vampire humaniste cherche suicidaire consentant

Durée : 1h30

 

Vampire humaniste cherche suicidaire consentant : photoCoeur sur Sara Montpetit !

 

Ça raconte quoi ? Sasha est une jeune vampire avec un grave problème : elle refuse de tuer. Lorsque ses parents lui coupent les vivres, sa survie est menacée. Heureusement pour elle, Sasha fait la rencontre de Paul, un adolescent solitaire aux comportements suicidaires qui consent à lui offrir sa vie.

C'était comment ? Autant le dire tout de suite : Vampire humaniste cherche suicidaire consentant a été pour nous le bijou du festival, et ce n'est pas un hasard s'il a raflé l'Oeil d'or et le prix Ciné+ Frisson. Avec un humour typiquement québécois, la réalisatrice Ariane Louis-Seize revient aux origines du monstre et de sa métaphore, en tant que symbole de nos pulsions inavouables et de leur potentiel impact sur le vivre-ensemble. Tout en retournant le concept sur lui-même, la cinéaste développe de la plus belle des manières un coming of age des plus drôles, où certaines répliques évoquent (sans avoir besoin de le marteler) des contextes réels d'acceptation de l'autre, ou d'incompréhension de la différence.

Pour autant, si on peut voir le film comme une comédie très réussie, il n'en oublie jamais de traiter sérieusement ses enjeux et ses personnages, ce qui est grandement aidé par la beauté de sa photographie et l'investissement de ses acteurs. Dans le vagabondage nocturne qu'il dépeint, Vampire humaniste... est surtout un très beau film sur la mélancolie adolescente, et la difficulté de la jeunesse à se trouver une place dans un monde qui semble la rejeter. Clairement, on retournera le voir lors de sa sortie dans les salles françaises le 20 mars 2024.

 

En Boucle

Durée : 1h26

 

En boucle : photoUn film (très) lumineux

 

Ça raconte quoi ? Un charmant petit hôtel prépare la fin de la saison, tandis que les premiers flocons commencent à tomber. L'ambiance est plutôt cosy... jusqu'à ce que ses habitants soient piégés dans une boucle temporelle de 2 minutes.

C'était comment ? Les films fantastiques n'ont décidément pas fini de créer des boucles temporelles. D'ailleurs, la sélection du PIFFF contenait cette année deux productions s'emparant avec malice de ce qui est désormais presque devenu un sous-genre en soi : le hongrois Zanox et le japonais En boucle. Le second était néanmoins particulièrement attendu, étant l'oeuvre d'un metteur en scène spécialisé dans le paradoxe temporel, Junta Yamaguchi, qui avait fait fondre bien des cerveaux avec son impressionnant Beyond the Infinite Two Minutes.

Dans En Boucle, il reprend exactement la même unité temporelle. Chaque boucle étant un petit plan-séquence naviguant dans les couloirs de cet hôtel enneigé. Là où les autres longs-métrages du style en profitent pour infliger à leurs héros toutes sortes de morts brutales dans un laps de temps hyper réduit, le cinéaste accouche d'une oeuvre somme toute très poétique, apportant des solutions simples aux petits problèmes d'une palette de personnages divers et variés, lesquels avaient tous besoin de quelques minutes supplémentaires dans leur vie. Loin de la démonstration cérébrale de son précédent film, c'est une petite friandise toute jolie et franchement touchante qui, en plus, parviendra en salles en France grâce à Arthouse.

 

Stopmotion

Durée : 1h33

 

Stopmotion : photoUn film (très) sombre

 

Ça raconte quoi ? Animatrice spécialisée dans la... stop-motion, Ella travaille sous la direction autoritaire de sa mère, légende du milieu. Lorsqu'elle a enfin l'occasion de s'émanciper, ses créations vont prendre une tournure un brin morbide.

C'était comment ? "Étant moi-même animateur stop-motion, cette histoire est autobiographique. À vous de distinguer ce que j'ai vraiment fait de ce que je n'ai pas fait", plaisantait le réalisateur Robert Morgan avant la projection. Couronné du prix des lecteurs de Mad Movies et interprété par l'excellente Aisling Franciosi (The Nightingale), son Stopmotion est en effet plutôt éprouvant. La descente aux enfers de son héroïne va assez loin dans la méchanceté, jusqu'à un gros plan interminable qui a de quoi donner la nausée.

Mêlant progressivement pétage de câble halluciné et authentiques séquences en stop-motion repoussant les limites du morbide, le film entend bien évidemment décrire les aspects les plus aliénants du processus de création, que le cinéaste connait bien. Autant dire qu'on s'inquiète un peu pour sa santé mentale, tant son ambiance très lourde pourrait miner jusqu'aux plus utopiques des démiurges. Pas exactement le feel-good movie de Noël, mais un vrai film d'horreur qui sait mettre ses doigts dans les bonnes plaies.

 

The Last Stop in Yuma County

Durée : 1h30

 

The Last Stop at Yuma County : photo"You're feeling lucky, punk ?"

 

Ça raconte quoi ? La clientèle d’un diner d’Arizona attend patiemment le ravitaillement en essence de la station-service. Il y a là un vieux couple texan, un représentant en couteau, l’épouse du shérif et des braqueurs de banque, histoire que l’atmosphère se charge d’électricité.

C'était comment ? Présenté en fin de soirée en tant que "séance parallèle", The Last Stop at Yuma County a tout du film bis exemplaire, d'abord focalisé sur la mise en place de son échiquier de tension. Au travers de son huis clos dans ce diner abandonné, on sent que le premier long-métrage de Francis Galluppi est empreint d'une certaine nostalgie pour ce cinéma rugueux, piochant à loisir dans les codes du western sans sombrer dans le passéisme ringard.

Au contraire, la présence de Jim Cummings (acteur et réalisateur de Thunder Road) confirme les inspirations artys et indés d'un film plus malin qu'il n'y paraît. The Last Stop in Yuma County mixe plusieurs régimes avec une sacrée soif d'exhaustivité, dont on retiendra surtout la qualité de sa scénographie, accordée à un crescendo de plus en plus absurde et jouissif. On aurait pu craindre une énième tarantinade à la hype artificielle. On a eu finalement une très belle surprise, qu'on espère voir en France prochainement.

 

Late Night with the Devil

Durée : 1h26

 

Late Night with the Devil : photo, David Dastmalchian, Ingrid TorelliOn n'est pas couchés

 

Ça raconte quoi ? Un talk-show nocturne spécial Halloween qui va rendre honneur au thème au-delà des espérances de son présentateur vedette, tombé en disgrâce.

C'était comment ? Original ! Débutant comme un véritable documenteur, Late Night with the Devil est un talk-show présenté dans son intégralité, entrecoupé, lors des interludes publicitaires, d'images filmées en coulisses. Le tout au coeur des années 1970, de ses scandales, de sa satanic panic. Le dispositif permet aux réalisateurs Cameron et Colin Cairnes, dont c'est le troisième long-métrage, de mélanger allégrement les genres, enchainant séquences de comédie et d'horreur avec une agilité déconcertante.

Ils sont aussi aidés par leur casting, qui comporte le second couteau Ian Bliss (Bane dans les Matrix), une gamine absolument glaçante du nom de Ingrid Torelli, mais aussi l'excellent David Dastmalchian, pour une fois de quasiment tous les plans. Des performances remarquables dans un film qui parvient à cultiver son étrangeté, que ce soit grâce à un figurant trop flegmatique, à une séquence surréaliste gore, à une fin qui ne fera pas l'unanimité ou tout simplement aux codes du talk-show à l'américaine. Le pari était risqué, mais il est réussi. À voir si cette curiosité parviendra à se frayer un chemin au pays des Grosses Têtes.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Yop Yop
25/03/2024 à 09:15

Moi ce qui m’intéresse dans ce type d’article est de savoir si ces films arriveront en France (cinéma ? VOD ? Plateforme ?…).
Déjà qu’on a pas la chance d’avoir accès à une plateforme comme « Shudder »…

Cidjay
17/12/2023 à 10:00

Merci pour ce résumé, effectivement j'avoue que tout donne envie comme ça ! Je mets stopmotion et en boucle dans un coin de ma tete (en espérant que ca soit programmé vers chez moi)

Flash
16/12/2023 à 20:53

Hum, il y a deux ou trois films qui me tentent bien dans cette liste.