Déjà vu : le Minority Report incompris de Tony Scott

Antoine Desrues | 9 mai 2023 - MAJ : 10/05/2023 09:38
Antoine Desrues | 9 mai 2023 - MAJ : 10/05/2023 09:38

Après Man on Fire, Tony Scott a retrouvé Denzel Washington pour Déjà vu. Retour sur un film sous-estimé et une réflexion sur le pouvoir des images.

Souvent réduit à un réalisateur aux accents pubards moins talentueux que son frère Ridley, Tony Scott est pourtant l’un des esthètes hollywoodiens les plus importants de sa génération. Non seulement son hyper-stylisation a ouvert la voie dès les années 80 à des réalisateurs comme David Fincher ou Michael Bay, mais elle n’a cessé d’interroger sa propre vacuité.

À vrai dire, on peut percevoir deux périodes dans le cinéma de Tony Scott. Une première assez naïve, voire béate face à la puissance de son iconographie (Top Gun, Jours de tonnerre) et une autre plus réflexive, expérimentale et critique sur ces mêmes images, débutée avec Ennemi d’État. Dans la continuité de ce thriller paranoïaque, le réalisateur a toujours prolongé une multiplication des sources d’images, jusqu’à en faire le sujet central de Déjà vu, l’une de ses dernières escapades dans le giron du blockbuster d’action, et l’un de ses films les plus mésestimés.  

 

Déjà vu : photo, Denzel Washington"I've just been in this place before..."

 

Timecop

Depuis Top Gun, Tony Scott s’est habitué à travailler avec le producteur nabab Jerry Bruckheimer. Et s’il y a bien une chose pour laquelle le bonhomme est doué, c’est flairer des high-concepts jubilatoires (bien que souvent crétins), qu’il faut savoir confier à la bonne personne. Déjà vu rentre parfaitement dans cette catégorie, en se définissant comme un film policier de science-fiction autour du voyage dans le temps.

Alors qu’un attentat terroriste sur un ferry fait plusieurs centaines de morts, l'agent Doug Carlin (Denzel Washington, toujours au top) de l'ATF est invité à rejoindre une unité gouvernementale. Cette dernière a en sa possession une machine qui permet de voir en temps réel (bien qu’une seule fois) quatre jours et demi dans le passé.

 

Déjà vu : photo, Val Kilmer, Denzel Washington"...And I know it's my time to go"

 

Pour pallier la simplicité apparente de son postulat, Déjà vu s’amuse à complexifier l’ensemble par des détails techniques aussi assommants pour le personnage que pour le spectateur, surtout que le film se permet malgré tout de reprendre l’exemple de la feuille en papier pliée pour expliquer une énième fois la distorsion de l’espace-temps. On sent là la limite du système Bruckheimer et sa volonté de rendre malin ce qui ne l’est pas forcément, mais comme souvent avec le producteur, son œil pour les réalisateurs permet de largement transcender la démarche.

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commentaires
alulu
10/05/2023 à 20:10

Perso, j'ai toujours préféré Tony Scott à son frangin. J'apprécie, Domino et Unstoppable, L'attaque du métro se regarde mais sans plus. Déjà-vu, d'un postulat casse gueule, il te fait un truc qui tient la route et qui est plaisant à regarder, je le kiffe bien ce film.

Dans le genre histoire casse gueule, Déjà-vu est un projet de moindre ampleur que Tenet mais Tony Scott s'en sort mieux que Nolan finalement. Tony Scott a eu l'intelligence de nous pondre un film accessible alors que Nolan pas du tout. Tenet, c'est plus le challenge de Nolan qui voulait faire passer une idée qui fonctionne mieux en bouquin qu'en film. Un trip hermétique qui fait plus plaisir à son auteur qu'aux spectateurs.

Gilou
10/05/2023 à 15:26

Le dernier samaritain

Perturbator
10/05/2023 à 05:32

Tout a fait d'accord , personne ne parle de ce film qui est pourtant une petite pépite.

Tearsin Rayne
26/10/2022 à 18:25

Je ne sais pas si ce film est sous-estimé mais je suis sûr d’une chose : j’ai énormément d’affection pour ce film. Alors forcément, ça fait plaisir de voir un article qui en dit autant de bien.

Beau temps à l’EL Royal !

Loozap
26/10/2022 à 18:09

C'est un homme fort , il a toujours su comment faire du vrai cinéma

Mx
26/10/2022 à 16:57

a partir de domino, ok il s'est un perdu en route, mais après domino, il n'a fait plus que 3 films, déjà, l'attaque du métro 123, et unstoppable, dispensable, certes, mais des 3, déjà vu sort du lot, les deux autres, ok!

Zeorymer
26/10/2022 à 16:01

Vu au ciné sans rien connaitre du pitch. Tony Scott et Denzel Washington suffisait à m'attirer dans la salle. Très bonne surprise, notamment le côté surnaturel que je n'attendais pas du tout de la part de Scott ou Washington. Solide divertissement qui se laisse revoir sans problème.

Pat Rick
26/10/2022 à 13:23

Comme tous ses films à partir de Domino c'est raté pourtant avant Tony Scott était plutôt un réalisateur efficace.

Mr Geek
26/10/2022 à 13:18

Un de mes films préférés de Tony Scott avec mon acteur préféré, Denzel Washington. La photographie est sublime, l'histoire captivante et le suspens halletant. Tony Scott, pour moi aussi talentueux que son frère, a été sous estimé à l'époque mais sa filmographie est tout simplement impressionnante !

Je n'en ai aucun souvenir
25/10/2022 à 23:22

Comme tous les T.Scott post-USS Alabama...

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