Incidents de parcours : le grand film d'épouvante méprisé de George A. Romero

Mathieu Jaborska | 26 août 2022 - MAJ : 26/08/2022 10:31
Mathieu Jaborska | 26 août 2022 - MAJ : 26/08/2022 10:31

George A. Romero n'était pas seulement le maître des zombies. La preuve avec Monkey Shines (Incidents de parcours), terrifiant film de... singe dont la production complexe dégouta un peu le cinéaste de l'industrie hollywoodienne.

L'exhumation récente de l'incroyable The Amusement Park a prouvé une fois de plus non seulement que George A. Romero a encore des pépites à nous faire découvrir, mais aussi qu'il est loin d'être uniquement celui qui a popularisé le zombie à travers le monde. Season of the Witch, Martin, Knightriders... Sa filmographie déborde d'œuvres diverses, pas toujours horrifiques, parfois dites mineures – à tort – par les inconditionnels de La Nuit des morts-vivants et souvent mal comprises à l'époque de leur sortie.

Monkey Shines est l'une d'entre elles. Reçu avec méfiance en 1988, par la critique et les spectateurs, il témoigne de l'ambition du maître, mais aussi de ses difficultés à composer avec l'image que les exécutifs hollywoodiens lui ont accolée après le succès de ses morts-vivants. Retour la genèse complexe d'une anomalie simiesque.

 

Incidents de parcours : photo, Jason Beghe, Kate McNeilÇa commence bien, et puis...

 

 

Le livre de la jungle

Michael Stewart se lance dans l'écriture au début des années 1980. Après deux thrillers politiques, il se consacre à l'horreur médicale avec deux romans : Monkey Shines et Far Cry. Grand bien lui en a pris, puisqu'il attire ainsi l'attention d'Hollywood et plus particulièrement de la MGM/UA, qui pose une option sur les deux livres pour la modique somme de 20 000 dollars. Sauf que sept mois plus tard, il n'en ont toujours rien fait et l'option expire. C'est l'occasion qu'attendait Charles Evans, producteur de Tootsie, qui voit dans le premier l'occasion de renouer avec le succès.

Romero, de son côté, est au sommet de sa gloire. Encore couronné du succès de Creepshow, il a néanmoins du se restreindre sur son film suivant, Le Jour des morts-vivants, qu'il voyait comme une fresque zombiesque flamboyante jusqu'à la division par deux du budget, dû à son refus de se limiter à un classement R. Alors quand le producteur vient le voir, par l'intermédiaire d'une collaboratrice, avec un budget de 7 millions et une histoire glaçante sans rapport avec la chair putréfiée, il accepte avec enthousiasme. Sous la tutelle du studio Orion, les deux hommes se mettent au travail.

 

Incidents de parcours : photo, Jason BegheLe véritable antagoniste du film : la maman

 

Ils ont du pain sur la planche. D'abord, il faut modifier le texte original sans trop froisser son auteur. Le cinéaste livre un énorme scénario de deux cent vingt pages, réduit au prix de nombreuses disputes avec Evans. L'écrivain, lui, voit d'un bon oeil le processus. Il faut dire que la version de Romero, celle qu'on verra à l'écran (ou presque, voir plus bas), prolonge admirablement les thématiques médicales du matériau original tout en y insérant ses lubies, telle la vision d'une créature naturelle rendue maléfique par l'injection d'une part d'humanité. La légendaire misanthropie du réalisateur, ici quasi philosophique, y trouve largement sa place.

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commentaires
Ray Peterson
28/08/2022 à 16:47

@ Korama
Aux dernières nouvelles, Bruiser devrait sortir fin octobre sous la bannière canal + et plus précisément dans la jolie collection de Jean-Baptiste Thoret "Make my Day".
Enfin un Blu-ray en France pour ce film assez méconnu du grand George!

Korama
28/08/2022 à 14:09

Le malheur de Romero, c'est que tous ses films hors zombie n'étaient pas reconnus.
La preuve avec ce magnifique "Incident de parcours", mais aussi avec le fantastique "Bruiser", d'une insondable mélancolie. D'ailleurs il me semble qu'il va être (enfin) réédité par Canal+. Vous avez des infos dessus ?

Ray Peterson
26/08/2022 à 22:51

Un sacré bon Romero même si Orion, la société derrière le film, lui a cassé les bonbons (et encore pire après avec le pas trop mal La Part de Ténèbres) et que le montage est une faiblesse (un comble pour un film de Romero reconnu pour savoir rythmer ses films).

Et pis y a John Pankow qui était vraiment un acteur intéressant dans les 80's.
J'adore la dernière bobine du film, le héros va à fond pour se débarrasser de ce petit gredin de singe.

Pat Rick
26/08/2022 à 13:16

Il est pas mal ce film.