Michael Bay est-il meilleur producteur que réalisateur ?

Mathieu Jaborska | 2 avril 2022
Mathieu Jaborska | 2 avril 2022

Souvent couronné grand prince de la destruction de masse, Michael Bay a pourtant diversifié sa filmographie grâce à ses activités de producteur. Plongée dans un corpus étonnant et particulièrement riche en cinéma d'horreur.

Issu de l'écurie Propaganda, célèbre boite de production spécialisée dans les clips vidéo et la publicité qui a révélé plusieurs grands réalisateurs hollywoodiens, Michael Bay s'est fait connaître grâce à deux producteurs-rois des années 1980 et 1990 : Jerry Bruckheimer et Don Simpson. C'est eux qui lui ont donné sa chance avec Bad Boys, sorti en 1995, avant d'en faire l'un de leurs partenaires privilégiés. Ensemble, ils ont pondu quelques-uns des blockbusters les plus appréciés des années 1990, comme The Rock ou Armaggedon.

Mais au début des années 2000, Bay s'est lancé à son tour dans la production, comme nombre de ses collègues. Toutefois, contrairement à la majorité d'entre eux, il ne s'est pas contenté de faire de sa compagnie une succursale de sa filmographie ou une structure lui garantissant sa liberté. Sa Platinum Dune a indéniablement laissé une marque sur le cinéma américain de l'époque, en particulier sur le cinéma d'horreur grand public. Elle aura même largement contribué à ses évolutions tout au long de ces deux décennies.

 

Ninja Turtles 2 : photoDes films d'horreur et des horreurs tout court

 

massacre à la carte de crédit

Novembre 2001. La société Platinum Dunes est créée par Andrew Form, Michael Bay et Brad Fuller, un camarade d'université. Le réalisateur, déjà crédité en tant que producteur sur Armaggedon en 1998, sort alors à peine de la promotion de sa fresque bourrino-patriotique Pearl Harbor et se dit fatigué du cinéma d'action. Pas question donc de produire du sous-Bay au rabais. Lorsqu'IGN lui demande s'il compte se servir de la firme pour financer ses propres films, il reste évasif : "Je ne sais pas. J'aime avoir deux ou trois choses à faire. J'aime travailler là-dessus, mais aussi travailler sur mes films, simultanément. Pas trop quand même. Je ne veux pas faire trois projets à la fois".

En réalité, Platinum Dunes ne produira presque aucun de ses films futurs. Et pour cause, elle vise un tout autre système économique et se concentre essentiellement à ce moment sur un modèle bien précis : celui du remake. Véritable prise de position cinéphile ou opportunisme économique ? Andrew Form répondra dans Variety :

 

Massacre à la tronçonneuse : photoLeather-in-your-face

 

"Quand on a lancé la compagnie, je pense que personne ne se disait qu'on allait être dans le business de l'horreur. On n'en a pas discuté, il était juste question de trouver des projets commerciaux, et nous voulions faire des films pour moins d'argent, donc nous devions trouver un genre qui était commercial et qu'on pouvait exploiter sans trop dépenser. Nous savions qu'il n'allait pas s'agir du film d'action et je suppose que ça aurait pu être la comédie, mais les droits pour Massacre à la tronçonneuse, à travers Brad, ont fini dans nos bras, et on a tous pensé que ça serait une super idée."

Même aux commandes d'un film d'horreur, Bay ne quitte pas vraiment l'égide de Bruckheimer. Son collaborateur Andrew Form est un ancien fidèle du duo de nabab. Et la firme choisit pour mettre en scène la chose un autre stakhanoviste du clip vidéo, Marcus Nipsel. Le cinéaste, qui n'a alors pas encore commis Bad Boys II, recrute comme il a été recruté. D'ailleurs, le style de son nouveau protégé, lui-même hérité du clip et de ses standards, rappelle forcément le sien. Selon Brad Fuller, interrogé dans le Producer's Guide, c'était son but premier en fondant Platinum Dunes.

 

Massacre à la tronçonneuse : Photo Jessica Biel, Jonathan Tucker, Eric Balfour, Erica Leerhsen, Mike VogelPlatinum Dunes s'essayant au film d'horreur

 

Remakes à la pelle

Lorsqu'on leur apprend que Michael Bay va déterrer le classique de Tobe Hooper, les fans d'horreur s'insurgent. Pourtant, pour mercantile que soit l'opération, le film trouvera son public. Et il sera bientôt suivi de petits frères. Durant les 7 premières années de son existence, Platinum Dunes va produire quasi exclusivement des remakes.

Il faut dire qu'ils bénéficient d'un bon rapport attractivité/prix. Ce Massacre à la Tronçonneuse coûte 9 millions de dollars, de loin le plus bas budget dont a du s'accommoder le réalisateur de Bad Boys. Et il en rapporte presque 108 millions, bien aidé par une réputation pas trop mauvaise. À ce stade, Platinum Dunes n'a pas encore inondé le marché de remakes, et elle s'en sort avec les honneurs, au point d'ailleurs de lancer un prequel, Massacre à la tronçonneuse : Le commencement, qui capitalise lui aussi sur une marotte du moment, le torture-porn.

 

Massacre à la tronçonneuse - Le commencement : photoLe prequel du reboot, à ne pas confondre avec le reboot du prequel

 

Si les blockbusters de Michael Bay ont donné le ton des années 1990, ses remakes horrifiques donnent celui des années 2000. Précédés de peu par les premières productions Dark Castle (La Maison de l'horreur en 1999 et 13 Fantômes en 2001) et Dreamworks (Ring en 2002), ils contribuent largement à une mode qui a empoisonné les années 2000. Le succès de Massacre à la tronçonneuse a ouvert en grand une vanne alors entrouverte. Ils seront des dizaines à s'engouffrer dans la brèche, pour le meilleur (L'armée des morts en 2004, La Colline a des yeux en 2006, Halloween en 2007) et pour le pire (Fog en 2006, Terreur sur la ligne en 2006, Carrie la vengeance en 2013).

Non contente d'aggraver le phénomène, Platinum Dunes l'alimente régulièrement, au point d'en faire un standard économique à part entière. Un standard plutôt rentable. Amityville, produit deux ans après, dépasse de peu le film de Nipsel avec un budget deux fois supérieur (18,5 millions), Hitcher se rembourse tant bien que mal, multipliant par 2,5 son budget de 10 millions, Vendredi 13 atteint les 92 millions avec un budget de 17 millions et Freddy, les griffes de la nuit reste le plus gros carton de cette vague avec 118 millions de dollars récoltés sur un investissement de 35 millions. L'opération est un succès, mais le vent va tourner et Michael Bay le sait.

 

Freddy, les griffes de la nuit : photoKill it with fire (again)

 

demakes

Aujourd'hui, Platinum Dunes est assez célèbre pour ses remakes, qui ont défini son image alors qu'elle faisait ses premiers pas dans l'univers impitoyable hollywoodien. D'ailleurs, il a fallu attendre 2018 avant que l'un de ses cadres, Brad Fuller, n'avoue avoir abandonné cette stratégie dans CinePOP. Or, dès 2010, ils freinaient des quatre fers. Pourquoi ? "On a assez fait de reboot. On a fait tous nos reboots de films d'horreur. On ne va plus faire ça". Pour Andrew Form, "on cherche toujours un matériau original". Autrement dit : sans commentaire.

En bons commerçants, peut-être que les deux acolytes de Bay ont vu venir la saturation du marché à partir de 2010. Cette année-là sortent Piranha 3D, The Crazies, I Spit on your Grave, Laisse-moi entrer, Psychosis et The Wolfman. Les amateurs d'horreur bouffent du remake par pelletées et la stabilité économique du modèle devient contestable. D'autant que Hitcher leur a prouvé qu'en dehors des grandes figures du genre, le pari reste risqué et qu'ils commencent à tomber à court de boogeymen iconiques, Michael Myers étant déjà occupé chez la concurrence.

 

Hitcher : photo, Sophia BushHitcher AVEC DES EXPLOSIONS

 

Enfin, les critiques de plus en plus tièdes de leurs films - de la part de la presse et des spectateurs - y sont peut-être aussi pour quelque chose. Si Massacre à la Tronçonneuse et Vendredi 13 étaient assez bourrin pour convaincre des cinéphiles habitués aux suites indigentes, la nullité d'Amityville et surtout de l'infernal Freddy, Les Griffes de la nuit attise la colère des puristes. Réaliser le pire opus d'une saga qui comprend quand même La Fin de Freddy, il fallait le faire... Il sera le dernier de la salve.

D'autres longs-métrages marquent l'année 2010. D'un côté, Blumhouse transforme son carton historique Paranormal Activity en franchise. De l'autre, James Wan lance la sienne avec Insidious. Des films à plus petits budgets encore que la vague de remakes, mais qui attirent des foules en salles. Fuller l'avouera : Jason Blum redéfinit alors l'horreur grand public et dévore la concurrence... dont il fait partie.

Déjà en 2009, le studio avait sorti un film d'épouvante paranormal mettant en scène un démon de la mythologie juive, le Unborn du très bon scénariste et très mauvais réalisateur David S. Goyer, avec un certain succès (76 millions de dollars de recettes pour un budget de 16 millions). La mainmise de Blum et ses collaborateurs vont le pousser à continuer sur cette voie.

 

Unborn : photoImage d'un spectateur devant Unborn

 

SÉRIES BAY

Grâce à un simple mail de Brad Fuller, Bay et ses partenaires s'acoquinent donc avec Blumhouse, alors en train d'imposer sa formule (low budget, high concept) dans l'industrie hollywoodienne, éclipsant par exemple Dark Castle, à l'époque grande pourvoyeuse de remakes en tous genres, qui entame alors son virage vers l'action pépère. Son modus operandi les séduit d'autant plus qu'il revoit largement à la hausse les économies faites sur chaque film. Les investissements tournaient auparavant autour de la dizaine de millions de dollars. La coproduction du premier American Nightmare prouve à Platinum Dunes que même ce canevas est périmé. C'est Andrew Form qui le dira :

"On ne pensait pas que le film allait sortir en salles, encore moins qu'il allait inspirer des suites. Finalement, Drew et moi, on s'est rendu compte que le vent tournait et que l'horreur à bas coût ne se faisait plus à 15 millions de dollars, elle se faisait à 100 000 dollars. C'était juste derrière le premier Paranormal Activity. Donc on s'est regardé et on a dit : 'On a intérêt à apprendre comment faire ces films pour beaucoup moins que ce qu'on fait actuellement'. American Nightmare nous a donné l'opportunité d'apprendre à faire un film pour 2,5 millions."

 

American Nightmare : photo, Ethan HawkeD'où la nuit apocalyptique... en huis-clos

 

Évidemment, ce micro-budget au concept séduisant explose tout au box-office, et prolonge leur collaboration, le temps de sortir d'innombrables suites et même une série, jusqu'à 2021. Étant donné que c'est Blum qui a proposé à Platinum Dunes le projet The Purge, c'est à Platinum Dunes de lui renvoyer l'ascenseur en lui soumettant le projet Ouija, adapté du jeu Hasbro, déjà à l'origine des Transformers. Un autre succès, qui dépasse largement les 100 millions de dollars de recettes pour à peine 5 millions de budget et inspire une suite réalisée par un cinéaste respecté : Mike Flanagan.

Il semble cependant que Bay ne s'implique pas particulièrement dans la production de ces films. James DeMonaco, grand gourou de la saga American Nightmare, expliquera à /Films ne jamais avoir vraiment eu affaire à lui, et ce après 5 épisodes : "Je lui ai serré sa main. J'ai serré la main de Michael. C'est ma relation avec lui, mec. Rien à dire de bon ou de mauvais. Il pourrait être le meilleur ou le pire des êtres humains. Je ne le connais pas. Littéralement, je me souviens avoir été dans son bureau pendant American Nightmare 1, et il se tenait debout. Il ne réalisait pas, je suis juste passé, et j'ai dit : 'Michael, je suis DeMonaco. Je vais réaliser American Nightmare. Il a fait : 'Hey, mon frère'. Et c'était tout."

 

Ouija : photoRègle numéro 1 de Ouija : il est interdit de parler de Ouija

 

À l'ombre de la montagne

Peut-être s'investit-il plus quand sa firme s'éloigne finalement de l'horreur et retrouve les gros budgets qu'il a l'habitude de manipuler. Ou tout du moins, prend-il plus en charge la promotion. En octobre 2009, Variety annonce que Platinum Dunes et Paramount Studios ont signé un contrat, tirant ces premiers de la niche horrifique. Un contrat qui met officiellement un terme à la vague de remakes et empêche les trois compères de trop flirter avec la concurrence. Ainsi, si la collaboration avec Blumhouse ne concerne que deux franchises, c'est parce que la maison de Jason Blum est quant à elle hébergée par Universal.

Leur partenariat essuie quelques faux départs, mais prend de l'ampleur lorsqu'il aboutit à une nouvelle adaptation des Tortues Ninja. La nouvelle ainsi que la rumeur d'une réinterprétation extraterrestre du gang amateur de pizzas sont une fois de plus accueillies avec colère par les fans, et même par l'un des doubleurs du premier film en prises de vue réelles, si bien que Bay lui-même doit calmer le jeu via Movies.com. Le budget est de 125 millions de dollars, la promotion gargantuesque, la cible enfantine. Le cinéaste revient à ses habitudes, d'autant plus que Paramount avait déjà distribué ses Transformers.

 

Ninja Turtles : photoLe renard et les tortues (numériques)

 

Cependant, la suite, financée à hauteur de 135 millions de dollars, est bien moins rentable, avec à peine 245 millions récoltés dans le monde. Voilà qui marque déjà la fin de l'incursion de Platinum Dunes sur les terres du blockbuster. Entre temps, le trio s'est essayé au high concept de science-fiction avec Projet Almanac en 2015, toujours sous l'égide de Paramount, avec un succès pour le moins modéré.

D'une certaine façon, Platinum Dunes suit toujours les grosses tendances en matière de divertissement. Les Ninja Turtles sont assez symptomatiques d'une ère hollywoodienne qui a tendance à exploiter la moindre licence pour s'attirer la connivence d'un spectateur nostalgique. Et Michael Bay est dans son élément. Non content d'assurer la promotion, au point d'ailleurs de vendre la chose sur son nom, il s'investit un peu plus lors du tournage, selon par exemple Dean Israelite, le réalisateur de Projet Almanac, en pleine promotion.

Toutefois, la firme sort de cette phase un peu moins influente qu'auparavant. Non seulement les films sont nullissimes et leur opportunisme évident, mais ils n'apportent pas grand-chose à une industrie qui se porte très bien sans elle. Heureusement, ce contrat décroché avec Paramount va lui rapporter gros, et même une certaine respectabilité critique et populaire, qualité à laquelle elle n'a pas prétendu depuis ses premiers remakes.

 

Projet Almanac : photoVous l'aviez oublié ? C'est normal

 

The Sound of Silence

Passons sur Songbird, pure démonstration d'opportunisme dont le seul mérite (et le seul but) est d'être la première vraie production hollywoodienne à capitaliser sur la pandémie. À noter tout de même que selon le réalisateur Adam Mason (interrogé par CinemaBlend), Bay s'est cette fois particulièrement investi, s'occupant quasiment de la seconde unité de réalisation, c'est-à-dire de beaucoup de B-roll et de scènes d'actions. Une manière pour lui de se refaire la main alors que l'industrie est dans une mauvaise passe, entre 6 Underground et Ambulance.

Le dernier accomplissement de Platinum Dunes reste sans doute la franchise Sans un Bruit, A Quiet Place en VO. Le scénario, écrit "on spec" (indépendamment) atterrit dans les bureaux de Paramount, qui met une option dessus. À ce moment, la firme prépare l'adaptation de Tom Clancy Jack Ryan (désormais sur Amazon). Michael Bay a déjà travaillé avec John Krasinski sur 13 Hours et il le veut pour le rôle-titre. Krasinski accepte, mais demande à jouer dans un film. Les étoiles s'alignent. Même si l'acteur n'est pas familier du cinéma d'horreur, l'aspect familial du scénario le convainc non seulement d'interpréter le père, mais aussi de se charger de la mise en scène.

 

Sans un bruit : photo, John KrasinskiPlan Bay

 

En revenant aux budgets limités, à l'horreur et au high concept et en stimulant l'enthousiasme d'un metteur en scène de talent, la firme replonge dans ses heures de gloire artistiques... et économiques. Sans un bruit est une réussite complète qui s'est, non seulement, attirée les faveurs de la critique (le film plafonne encore à 82 sur Metacritic), mais aussi celles du bouche-à-oreille. Résultat : c'est un monumental carton, avec 340 millions de dollars de recettes pour... 17 millions de dollars de budget. La suite en fait presque autant, malgré ses multiples reports et l'ombre de la pandémie, avec 297 millions (mais pour un budget trois fois supérieur). Au moment de l'écriture de cet article, un spin-off est encore prévu.

Mieux encore, en dépit des trouzaines de navets qu'il a pondus depuis les années 2000, le trio se rachète une véritable respectabilité. Et ça se comprend : il a alors trouvé le bon point d'équilibre entre petits budgets et grosses ambitions. Cette fois, c'est lui qui fait de l'ombre à Blumhouse, dont les exécutifs auraient adoré avoir l'idée originale de A Quiet Place. Plus de dix ans après l'abandon de ses remakes, films pour lesquels il était connu jusqu'ici, le studio se retrouve enfin un nouveau gros cheval de bataille et une identité aux yeux des cinéphiles.

 

Sans un bruit 2 : photo, Emily BluntUn vrai diptyque familial

 

Désormais, il a dans sa besace plus d'une vingtaine de films, et même une demi-dizaine de séries (le Black Sails de Starz, par exemple), dont pas mal d'énormes succès. Platinum Dunes, Bay et ses partenaires auront suivi puis alimenté les modes du cinéma grand public, au point de s'imposer comme des acteurs essentiels de l'industrie, au même titre que le réalisateur d'Ambulance en solo. Qu'on apprécie ou pas son oeuvre, difficile de nier son influence, sur le blockbuster pyrotechnique ou sur le cinoche d'horreur à petit budget.

Tout savoir sur Michael Bay

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Rolan
03/04/2022 à 15:10

pour ma part Bay est certes un bon réalisateur dans sa catégorie mais je suis désolée de le dire que le cinéma de tonton Roland le dépasse allègrement

moon
03/04/2022 à 15:05

apres Bay aime je penses beaucoup les idées d' un certain Roland Emmerich comme la famille faut pas le nier hein

moonfall
03/04/2022 à 14:40

bay c' est aussi 13 hours qui est excellent c' est un bon réalisateur sous une bonne influence tout comme son frère jumeau Roland Emmerich

ghv
02/04/2022 à 22:38

Non
Deja essaye de faire un plan a la bad boys avt de l'ouvrir!