Wishmaster : festival de tripailles gorasses pour le mariage de Hellraiser et John Wick

Simon Riaux | 27 février 2022
Simon Riaux | 27 février 2022

Les plus jeunes ne le connaissent peut-être pas, mais Wishmaster fut une merveilleuse surprise sanguinolente des années 90. Et le demeure encore aujourd'hui.

Il est de bon ton de rappeler que les années 90 furent un désert en matière d'horreur et de fantastique. Certes, la période ne fut pas la plus riche en la matière, mais elle eut pour elle de rendre d'autant plus notables quelques bourrines sorties de route. On ne pense pas ici à Scream, plaisanterie méta qui fonctionna en déconstruisant le slasher, mais à une autre création, une revigorante série B, également produite par Wes Craven. Wishmaster, qui, avec ses airs de série B fleurant bon le latex, proposait un sens de la cruauté authentiquement réjouissant et quantité de trouvailles appréciables pour le viandard moyen.

Alors que, contre toute attente et en dépit d'un mode de production serré, pour ne pas dire contraint, le long-métrage demeure aujourd'hui singulièrement populaire, l'heure est venue de lui présenter nos souhaits, et de lui demander pourquoi son jeu de massacre a traversé les âges.

 

Wishmaster : Affiche officielle

 

HELL RASOIR

Il est courant, quand on évoque les glorieux Hellraiser et Cabal, réalisés par l'écrivain Clive Barker, qu'une bonne âme débarque pour mentionner Wishmaster, bien souvent présenté comme l'un de ses plus attachants travaux. Il n'en est rien, et le natif de Liverpool n'a pour ainsi dire pas grand-chose à voir avec la choucroute. Pourquoi donc l'aura de son oeuvre plane-t-elle de manière si évidente au-dessus de la fable viandarde réalisée par Robert Kurtzman ? Tout d'abord, parce que le Djinn exauceur de voeux (le Wishmaster donc) qui tire ici les ficelles semble directement échappé des sensuels cauchemars du romancier.

Pensons d'abord à son design. Notre vilaine entité peut recouvrer une apparence humaine, celle du redoutable Andrew Divoff, tout de cabotinage maîtrisé et de voix de stentor, qui se complaît à laisser poindre sous sa vilaine peau et ses prunelles brûlantes, une puissance redoutable. C'est cette dernière qui nous révèle sa véritable nature : un colosse à la peau olivâtre, dont les traits marqués évoquent presque des scarifications, dont les dents paraissent taillées en pointe, et dont les tresses évoquent tantôt les lanières d'un martinet, tantôt des serpents de plomb fondu. Une allure qui ne jure en rien avec le formidable bestiaire de Cabal, où les corps affichent un glorieux mélange de puissance et de difformité, partageant une charte graphique, une tessiture semblable.

 

Wishmaster : photo, Andrew DivoffUn sourire plein de dents

 

Une connexion qui se fait jusque dans le rapport dual à la monstruosité. Car si le Djinn évoque les habitants de Midian dans sa forme surnaturelle, on peut aussi le percevoir comme un inquiétant dérivé du non moins inquiétant psychiatre qui officiait en surface, incarné avec délectation par David Cronenberg. Lui aussi détourne les âmes, contourne leurs contreforts et leurs garde-fous, pour mieux les faire tomber dans son escarcelle. De même, on aura tôt fait de l'associer au diabolique Leland Gaunt, le tenancier d'un certain Bazaar de l’Epouvante, mais son inspiration semble toute autre, plus barkerienne et littéraire.

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commentaires
Dave695
28/02/2022 à 09:17

Le succès du film est surtout dû à la performance du second couteau Andrew Divoff parfait dans le costume du djinn les deux premiers opus sont très sympathiques le troisième est moins réussi

Flash
27/02/2022 à 19:53

J'avais vu le 1 et le 2, mes souvenirs de ce film sont vraiment très lointain.
Je me souviens que c'était cette bonne "trogne" d'Andrew Divoff qui tenait le rôle principal, mais pour le reste...

JR
27/02/2022 à 10:38

C'est drôle, je l'ai revu il y a 2 semaines, l'univers est vraiment cool... Mais alors, c'est un kitch qui a méchamment (mal) vieilli pour ma part. Un peu la version Teen de Candyman (c'était la mode du moment, avec les biens mauvais "cut", broceliande... Face à des choses plus intéressantes comme Jeepers Creepers 1 & 2qui eux, n'ont pas vieilli d'un yota^^)
Mais bon, c'est totalement subjectif.