Top Gunn
A priori, et malgré sa popularité, confier un Superman (puis un univers entier) à James Gunn n’était pas une évidence. Que ce soit dans ses farces trash (Horribilis, Super) ou dans ses blockbusters super-héroïques (Les Gardiens de la Galaxie, The Suicide Squad), le réalisateur issu de l’écurie Troma a toujours eu un penchant pour les asociaux, les parias, les psychopathes, les anti-héros en général. Tout l’inverse de l’Homme d’acier, dont la droiture morale héritée de l’âge d’or des comics en fait un véritable défi narratif.
D’ailleurs, à l’époque, il lui avait préféré The Suicide Squad pour ces raisons. Depuis, il a eu le temps de réfléchir à son approche. Lorsqu’il s’empare enfin du héros, c’est donc à condition de déployer pleinement sa mythologie avec une jubilation palpable.
Car il y a bien une thématique qui parcourt à la fois cette superproduction et le reste de sa filmographie : l’amour sincère de la pop-culture, de ses protagonistes hauts en couleur, de ses affrontements délirants, de sa générosité à toute épreuve et de son indéfectible optimisme.

Les premiers éléments d’intrigue sonnent presque comme une justification. En poste depuis trois ans, Kal-El est pour la première fois tenu en échec non seulement par une nouvelle batterie d’ennemis, mais aussi par l’opinion publique, qui lui reproche d’avoir créé un incident diplomatique en sauvant la population d’un pays étranger. Acculé par des forces qu’il ne soupçonne pas, il essaie tant bien que mal de garder foi en l’humanité, en sa propre humanité, dans un monde rongé par le cynisme.
Soit exactement le programme de ce Superman, revendiquant une bienveillance, une candeur et un divertissement décomplexés après plusieurs décennies de super-héros désolés d’être des super-héros. Gunn nous épargne l’origin story de ses multiples personnages et ne s’embarrasse pas d’explications sur tel pouvoir ou telle origine de monstre. Le seul à s’accrocher au pragmatisme du monde moderne, c’est l’antagoniste Lex Luthor, qui ne peut pas supporter que les « méta-humains » transforment son univers corrompu en fantasme de pop culture.

Licence to live
Ne lui en déplaise, Superman est censé inaugurer officiellement un nouvel univers étendu, ces gigantesques sagas qui surchargent le trafic des réseaux sociaux, mais ont progressivement perdu l’intérêt du grand public, en quête de spectacles ambitieux qui n’exigent pas de faire des devoirs avant chaque séance. Cette fois, l’idée est un peu différente. Certes, les connaisseurs auront de quoi se noyer dans les théories, vu le nombre de personnages et les friandises habituelles au menu. Mais Gunn tient surtout à ouvrir un gigantesque bac à sable, où ses collègues et lui-même pourront jouer.
Et il sait donner l’exemple. Son film est plein à craquer de super-héros, de super-vilains, de Kaijus, de super-chiens, de couleurs et de légèreté. Sur le plan du pur divertissement, il tient sa promesse de spectacle immédiat et ultra-rythmé, notamment grâce à une photographie flamboyante, ainsi qu’une utilisation constante du grand angle lourde de sens : en déployant grâce à ses lentilles le panorama autour du héros, le metteur en scène affirme ses envies de peupler sa Métropolis de Dieux et de monstres (le titre à peine pompeux de la première « phase »).

C’est à la fois la plus grande qualité… et le plus gros défaut du film : comme à son habitude, il prélève de ses comics préférés des personnages non pas en fonction de leur popularité, mais d’à quel point il pourra s’amuser avec. Quel plaisir donc de découvrir le Green Lantern vieux schnock de Nathan Fillion et la Hawkgirl hurlante de Isabela Merced (il le faut voir – et l’entendre – pour le croire), sans compter bien sûr un Krypto un poil surexploité.
Sauf que, cette fois, il n’est pas à la tête d’une aventure de groupe, et tous ces bonhommes sont juste balancés en vrac sur l’ère de jeu. Forcément, la cohérence générale en prend un coup, ainsi que la puissance émotionnelle à laquelle il nous avait pourtant habitués. Superman est aussi un beau bordel, où certains concepts surnagent et où certains personnages brillent par leur inutilité. Mention spéciale à Frank Grillo, qui fait partie des figurines que Gunn a sorti de son coffre pour bêtement les abandonner dans un coin en attendant qu’un autre enfant s’en empare.

The King of pop
Il a beau minimiser la pression, les enjeux derrière son film étaient peut-être trop grands pour que tout se passe parfaitement bien. C’est aussi probablement pourquoi il passe un peu vite sur les scènes les plus délirantes et pourquoi l’humour est aussi aléatoire, du plan de génie parodique (« Le » sauvetage) au poncif de blockbuster (le running gag sur le nom d’une équipe de héros, encore…).
Mais le long-métrage a le mérite véritable de ne jamais s’en excuser. Gunn prend toujours aussi au sérieux ses personnages… sans pour autant se prendre au sérieux. Un exemple parmi d’autres : dans le premier tiers, Lois et Clark ont une discussion importante, tandis qu’en arrière-plan, le « Justice gang » marave la tronche d’une méduse géante, qu’on devine être le monstre de la semaine pour Métropolis. L’effet est comique de toute évidence, mais également très joli, si bien que la conversation n’est pas complètement éclipsée. Car ici, le kitsch inhérent à certains héros est autant une source de rire que d’émerveillement. Soit le paradoxe que l’industrie a trop souvent essayé de contourner.

On comprend ainsi le choix d’engager David Corenswet, dont la bonhommie couvre à la fois la maladresse des débuts et la puissance de la fin. On comprend aussi la musique de John Murphy et David Fleming, qui réarrange le thème de Williams aux côtés d’autres motifs, comme pour revenir à la pureté galvanisante sans tomber dans la nostalgie facile. Un exercice d’équilibriste périlleux qui sied parfaitement au personnage, lequel entreprend tout au long du film de conjuguer son idéalisme avec une humanité dont les technocrates voudraient le destituer.
La culture populaire, c’est rigolo, mais c’est important, en somme. Mieux, c’est nécessaire. Une philosophie qu’il assume encore une fois à tous les niveaux, mêlant des références politiques (trop) évidentes à la quête de son héros, promu nouvelle utopie du genre humain. Progressivement, le scénario se métamorphose en cri du cœur : Le monde a besoin de Superman, le sien et le nôtre. Et qu’importe l’état du genre super-héroïque, on a encore besoin de l’héroïsme. Ce n’est pas à Ecran Large qu’on va lui donner tort.
Ni James Gunn ni l’univers DC ne tiennent là leur meilleur film, mais ils parviennent à suffisamment nous redonner foi dans la pop culture pour qu’on accepte de leur laisser une chance supplémentaire. Clairement, c’est la dernière.

bonjour
« c’était pas mal, presque mieux que les vieux », c’est la critique de ma femme, et si vous la connaissiez vous comprendriez à quel point Gunn a réussit son film. Pour ma part voilà le type de blockbuster que j’aime, généreux, drôle, touchant aussi et pas bête. Le regard politique est important, et en ce moment, a t’on besoin de subtilité? superman et luthor ce sont les USA, lequel des deux veux t’on voir gagner?
Bonjour,
Dommage que vous n’ayez pas mentionné le personnage de Mr Terrific joué par le génial Eddi Gatheri ….
Je me doute bien, au regard notamment de la composition de votre équipe (sur youtube en tout cas), que les questions de représentation de personnages noirs au cinema ne sont pas votre fort, mais il aurait été bien de le faire remarquer, non pas par principe, mais parce que le personnage est tout simplement extrêmement bien joué, dispose d’une superbe aura, et a dans ce film l’une des meilleurs scènes d’action (que vous auriez pu souligner tout de même).
Dommage …
Je suis d’accord avec Flash qu’on est loin de la perfection du premier Gardiens ou même de la loufoquerie jouissive de The Suicide Squad. Mais je trouve qu’il s’est bien approprié le mythe super casse-gueule de Superman, et il en a créé une vision sincère, optimiste et fun. C’est loin d’être parfait mais c’est du Gunn passionné, comme pour tous ses films.
–
Et un Superman plus humain qui prend des raclées mais qui se relève toujours ne me dérange pas, ça fait partie de l’univers de Gunn : ses super-héros sont toujours cabossés et ils doivent surmonter leurs passés respectifs pour créer un groupe. Gunn ne peut pas faire exactement ça avec Superman qui est un héros solitaire et quasiment un dieu. Il le place donc en confrontation avec les gens, avec le monde actuel, et il l’humanise en lui en mettant plein la gueule.
Vu, et assez déçu.
C’est la première fois que Gunn me déçoit, après J’en attendais peut être trop, mais entre un superman qui prend raclés sur raclés, des effets spéciaux qui piquent les yeux digne d’un épisode de Flash, un Kripto insupportable et quelques effets de manches assez gros on est assez loin du grand film attendu.
reste un blockbuster pas désagréable à suivre mais finalement assez dispensable.
Je craignais de ne pas aimer encore une fois, n’ayant aucune affinité avec ce perso ayant généré au mieux des films gentiment ennuyeux avec quelques scènes cool (man of steel, superman returns) au pire des étrons hideux, mal réalisés, mal joués, aux VFX cheap à mourir (BvS, Justice league 🤮). Après une demi heure un peu bordélique, le miracle opère : c’est fun, beau (de la couleur, de la lumière, des VFX finalisés enfin ! ça fait plaisir), on a ENFIN un Luthor parfaitement incarné, effrayant, réaliste, des scènes d’action bien filmées avec un vrai sens du mouvement de caméra fluide, le destruction porn dans des proportions inédites qu’on attendait tous dans le climax, des images iconiques, un héros faillible pour lequel on ressent quelque chose. Cerise sur le gâteau, c’est courageusement politique. A ranger dans le tier des bons films du genre aux côtés de Endgame, Guardians 1 & 3, The suicide squad, Ragnarok, Homecoming, sans atteindre la catégorie chef d’oeuvre (The dark knight, Spiderman 2) mais au-dessus de tout le reste DcU ou McU à classer au choix de hideux à médiocre.
Summer Fan
–
Et comme d’habitude, une décennie d’adaptations super-héroïques DC commence avec un Superman…
Et comme depuis 47 ans maintenant, ça va se passer de manière cahotique (beaucoup d’artistes et producteurs pas d’accord sur la manière de faire), et avec trop d’autocritique.
Il faut se rendre à l’évidence, il y a toujours eu un truc qui coince avec ce personnage, en particulier au cinéma, peut-être à cause de l’héritage du Nouvel Hollywood… impossible de mettre en scène durablement le héros dans toute sa splendeur, il y a une sorte d’ « obligation » à lui rajouter de la complexité, pour donner l’impression qu’on n’attire pas le public juste pour des scènes d’action – le studio Warner, ce mécène des artistes, mais sans poigne.
Reeve, Routh et Welling nous racontaient l’histoire d’un Superman de plus en plus assumé, mais qui aurait pu aussi bien tout laisser tomber pour une vie terre-à-terre.
L’ombrageux Cavill racontait presque le contraire, et ça le rendait moins sympathique. Il fallait vite inverser la tendance. Trop vite a priori, puisque le résultat par James Gunn se révèle être quasiment…
Une Parodie.
Bon ben bien ce Superman. C’est pas le film du siècle ni le meilleur Gunn c’est sûr, mais j’ai passé un bon moment. J’ai vu ce que les critiques lui ont reproché mais pour moi ça a été très largement exagéré. A mon avis, il a manqué un petit élément « dramatique » sur la fin du film pour le faire basculer dans le « bon là les gars on se calme deux secondes, ça devient sérieux » comme on a pu le voir dans ses autres films. Avec un bon élément dramatique sur la fin il aurait pu entrer dans la catégorie « très bon », je le laisse dans la catégorie « allez c’est bon ». Si je devais le noter je lui mettrai 3,5/5
Je viens de voir Superman de James Gunn, et franchement… c’est pas juste un bon film.
C’est le Superman qu’on attendait depuis des années. Un héros fidèle à ce qu’il a toujours été : un symbole d’espoir, de courage, et surtout de justice, même quand ça dérange.
Et je vais pas tourner autour du pot :
le parallèle avec la Palestine est évident.
Gaza, les enfants sous les bombes, les civils abandonnés, les puissances mondiales qui regardent ailleurs… Et en face, un Superman qu’on pousse à se taire, à rester “neutre”, à ne pas intervenir.
Mais il dit non. Il y va. Il protège. Il sauve ceux que tout le monde laisse mourir.
Et c’est là que le film frappe fort.
Parce que c’est ça, Superman. Il est pas là pour représenter l’Amérique ou suivre les ordres. Il est là pour défendre ceux qu’on écrase, ceux qui n’ont plus rien. Il agit pas pour briller, il agit parce que c’est juste.
Et dans un monde comme le nôtre, où la neutralité est souvent une excuse pour rester complice, ce film fait un bien fou.
Les gens qui râle nous généralement jamais ouvert un comics Superman, d’ailleurs eux même le disent ouvertement au début de leur critique..
Ce Superman est le plus fidèle à sa nature.
Ne connaissant pas les comics book, je me pose une question:
Superman n’est-il pas le super-héros le plus puissant (où du moins un des plus puissants) de tous les super héros ?
Je n’ai pas accroché à la faiblesse de Superman dans ce nouveau film.
Je veux bien que le réalisateur veuille montrer un autre visage ou je ne sais pas quoi de Superman, mais là… il se fait défoncer le gars
Bêtement, je m’attendais à un Superman aux pouvoirs extraordinaires.
C’est pas lui qui va être capable de changer la rotation de la terre 😂😂 (réf Superman 1978)
Vu à chaud, et moi j’ai tenu 1H05 montre en main. Impossible de valider la séquence de l’univers de poche et la scène de l’évasion vomissant tous ses effets spéciaux hideux digne de The Flash ou de Ant Man 3…Impossible, No way.
Et la coupe de cheveux de Green Lantern sorti tout droit d’un pastiche de Dumb and Dumber …à 250 millions c’est impossible.