Batman and Harley Quinn : Critique libérée
Suite logique des événements, puisque Suicide Squad a cartonné et que tout le monde a bavé devant sa version d'Harley Quinn, il fallait bien qu'elle ait rapidos un film rien que pour elle. Mais ce n'est pas aussi simple que ça.
On ne le dira jamais assez, mais la série animée Batman de 1992 est probablement ce qui est arrivé de mieux à DC Comics dans les années 90 (avec La Mort de Superman, certes) et, profitant du succès du premier film de Tim Burton, elle a su installer quelques éléments qui sont par la suite devenus indispensables à la vision de cet univers (le Gotham sombre et baroque, le design de ses personnages...) qui, dans leurs mauvais jours, semblent quelque peu avoir figé son évolution.
Tandis que le DCU a du mal à prendre au cinéma, le versant animation en vidéo se porte très bien puisque DC et Warner nous abreuvent de nouveaux DTV d'exception à une cadence régulière et qui permettent de voir que si, sur grand écran, tout le monde se cherche, dans nos télés chacun sait où est sa place. En plus d'étendre l'univers et de se permettre quelques digressions thématiques, ces productions nous permettent surtout d'aborder ce monde sous l'angle adulte qu'il revendique sans oser l'assumer au cinéma. Et avec Batman & Harley Quinn, il plonge les deux pieds dedans.
Un film avec un point de vue certain.
FEMME LIBEREE
On pourrait facilement taxer le studio d'opportunisme pour dédier un film à Harley Quinn entre deux Suicide Squad, et quelque part c'est bel et bien le cas, mais ce serait faire une énorme erreur. Parce que si effectivement le personnage est à la mode, il ne surfe en aucun cas sur la version proposée par Margot Robbie au cinéma mais revient à ses origines, lorsqu'il a été créé par Bruce Timm et Paul Dini pour servir de compagne au Joker dans la série animée des années 90. Un personnage qui s'est immédiatement fait sa place dans le lore DC et que l'on retrouve ici frais comme au premier jour.
Pourtant, l'intrigue en elle-même n'a que peu d'intérêt : Poison Ivy s'allie à Floronic Man pour voler la formule qui a permis la naissance de Swamp Thing dans le but de transformer l'humanité en plantes. Batman et Nightwing, pour les stopper, n'ont d'autre choix que de retrouver la trace d'Harley Quinn, qui s'est rangée depuis un moment, afin qu'elle leur livre la cachette de sa meilleure amie (et plus si affinités). Mais la belle timbrée y voit surtout l'occasion de briser la monotonie de son quotidien et de renouer avec son passé.
Insérer ici une blague sur les prouts
A L'ANCIENNE
Bruce Timm est coupable de beaucoup de traumatismes hormonaux que ses spectateurs de l'époque en proposant des designs de personnages féminins surérotisés, et c'est d'ailleurs pour cela qu'on l'aime. En effet, que l'on se rappelle de Catwoman, Poison Ivy ou bien sûr Harley Quinn, ses personnages ont toujours assumés leur féminité et leur sexualité, dans les limites de la bienséance américaine évidemment, et nous ne sommes pas surpris que le film entier y soit d'une certaine manière dédiée.
Un intermède musical rudement bien animé mais qui ne sert pas à grand chose...
Profitant d'une intrigue sans aucun intérêt (mais vraiment aucun, promis), Batman and Harley Quinn est tout entier dévoué à rendre ses lettres de noblesse à la jeune femme, sans pour autant la rendre politiquement correcte. Et c'est la grande force du film que de nous présenter une Harley Quinn en pleine reconstruction, gérant comme elle peut ses démons, mais hypersexualisée (on ne compte plus les plans plus que suggestifs sur son physique) qui prend son destin en main, veut coucher avec qui elle veut, se moque éperduemment des conventions sociales et s'épanouit totalement dans toute son ambiguité. Et, ce de strict point de vue, le film est une franche réussite puisqu'il nous rend le personnage on ne peut plus humain et beaucoup plus complexe que ce à quoi on s'attendait. En plus de ne pas servir la soupe habituelle sur le féminisme, le droit à l'égalité et tout ce discours qui gangrène Hollywood actuellement. Non, ici, Harley Quinn fait ce qu'elle veut, avec qui elle veut, comme elle le veut et c'est paradoxalement peut-être l'engagement féministe le plus authentique, et sûrement le plus intelligent, pris par DC ces dernières années. N'en déplaise à Wonder Woman.
D'ailleurs, Batman and Harley Quinn n'est pas vraiment pour les enfants. Le sous-texte sexuel est donc bien présent (et ne s'en cache même pas durant une ou deux séquences), la violence est quelque peu graphique (y a du sang et des trucs qui se font planter), les dialogues sont au diapason et multiplient les clins d'oeil à l'univers Batman vu sous le prisme d'Harley Quinn (notamment sur la supposée relation homosexuelle entre Batman et Robin). En plus, le film est très drôle, passant du buddy-movie basique au slapstick gentiment paillard, agrémenté d'un humour qui oscille entre le bon vieux prout des familles et la vanne un peu plus subtil. Il y en a donc pour tous les goûts.
TIRE SUR MON DOIGT
Evidemment, le film n'est pas parfait, loin s'en faut. Si le design est en droite lignée de la série de 1992 et que cela fait plaisir à voir, l'animation est quand à elle plus que basique et rigide. Exception faite de quelques séquences d'action, réellement bluffantes de fluidité et de virtuosité (on pense notamment à une course-poursuite en pleine rue et au combat final). Nous l'avons dit, l'intrigue n'a aucun intérêt et ralentit considérablement l'ensemble.
Autre souci, le film, qui pourtant ne dure pas très longtemps, accumule quelques longueurs embarrassantes. Entre une filature inutile qui s'étire sur de longues secondes alors que rien ne le justifie et un numéro musical d'une longueur révoltante (d'autant que seul la dernière partie de la séquence est importante pour l'histoire), on sent que le film cherche à gagner le maximum de temps pour être considéré comme un long-métrage. Si l'humour fait mouche la plupart du temps, on recense quand même pas mal de vannes qui tombent à plat, mais ce domaine étant plus que subjectif, nous laisserons à chacun la liberté d'en juger. Enfin, et c'est assez gênant, la conclusion se révèle abrupte et bâclée, signe supplémentaire que l'intrigue principale n'intéresse personne, pas même ses créateurs. Le film ne se termine pas, il s'arrête tout simplement. Alors que justement son climax fonctionnait très bien (avec un passage hilarant concernant Swamp Thing doté d'un excellent second degré), il s'interrompt brutalement sans vraiment aller au bout de ses enjeux. Heureusement, le film ne nous laisse pas en plan et nous livre une séquence post-générique d'une efficacité redoutable, totalement en phase avec le personnage et le ton général de la production.
Lecteurs
(0.0)01/09/2017 à 19:32
Vu hier soir en blu-ray et VO (impératif pour apprécier harley quinn) et totalement ok avec la critique et le fim mérite largement les 4 étoiles. Le public US a apparemment moins apprécié le film ne récoltant qu'un petit 6/10 sur imdb, soit l'un des plus petit score pour un film d'animation DC. Vivement Batman vs two-face.
31/08/2017 à 21:22
Évidemment il faut encore que ce soit un film mettant en vedette Batman ou harley. Rien sur les autres personnages importants chez dc. Genre green lantern,wonder woman,flash etc...
31/08/2017 à 21:14
En effet, DC fait des merveilles en films d'animation, le dernier Justice League Dark m'as complètement bluffé. Hâte donc de voir ceci. Dommage que ce ne soit pareil en live.
31/08/2017 à 16:02
D'accord avec toi Roukesh. Mais pour ma part je préfère la poésie de Freeze. Ce film est hyper mélancolique!!!!!
31/08/2017 à 13:33
Encore une fois, DC prouve qu'il est plus à l'aise en animation qu'en live. Vraiment un bon moment; L'occasion de revoir des personnages qu'on adore qui ne sont pas souvent les plus développés.
Harley Quinn reste selon moi le plus grand apport de Paul Dini et Bruce Timm à l'univers.