Films

Dalida : critique d’une fausse note

Par Simon Riaux
6 novembre 2022
MAJ : 22 août 2023
35 commentaires

À bien y regarder, Dalida fournit une matière première idéale pour tout biopic qui se respecte. Star adulée, moquée puis entrée dans la légende, elle fut une femme aux mœurs bien en avance sur son époque et à la destinée tragique. C’est cette complexité qui point sous les paillettes que tente de retranscrire Liza Azuelos avec Dalida.

Photo Sveva Alviti

ITSI BITSI PETIT BIKINI

Et pour ce faire, elle dispose d’un atout qui se nomme Sveva Alviti, ancienne mannequin qui s’essaie ici à la comédie. Pour le dire simplement, la néo-actrice illumine littéralement le film. Somptueuse et charismatique, elle est la meilleure raison de se rendre dans les salles obscures découvrir Dalida. Même dans une première partie du film qui la laisse trop souvent au second plan, son jeu d’un naturel éclatant dynamise jusqu’aux séquences les plus anecdotiques.

Autre mérite du métrage : celui de recontextualiser un destin hors normes, celui de Lolanda Cristina Gigliotti. Artiste largement méconnue des plus jeunes générations, dont les chansons, emblèmes de la culture populaire, sont presque exclusivement abordées sous l’angle de la condescendance et du détournement kitsch, elle fut aussi une femme à l’existence tragique et formidablement libre. Créatrice, amoureuse et personnalité farouchement indépendante, Dalida impressionne souvent par la force de sa volonté et sa capacité à ne rien céder à une société encore très patriarcale et peu amène avec une femme financièrement, sentimentalement et sexuellement indépendante.

 

Photo Sveva Alviti, Jean-Paul Rouve Sveva Alviti, avec un Rouve à côté

 

CIAO AMORE CIAO

Malheureusement, Lisa Azuelos, réalisatrice de LOL, ne parvient pas à emballer ce récit avec la finesse et l’énergie qu’il exigeait. Son Dalida est handicapé par une structure changeante, le film s’ouvrant à la manière d’un récit choral en forme de flashbacks, avant de retrouver sans que la narration le demande les rails pépères du récit biographique académique.

Appliqué mais jamais vivant et encore moins électrique, en dépit de ce qu’il s’évertue à raconter, la production a du mal à dissimuler sa nature de téléfilm surgonflé et dopé à la moumoute naphtalinée, comme en témoignent les seconds rôles, à peu près tous catastrophiques de surjeu – Vincent Perez et Patrick Timsit en tête. Ainsi, on n’assiste pas tant à une reconstitution et à un questionnement d’une époque qu’à une imitation, bien artificielle, qui enchaîne les citations, mais manque cruellement d’incarnation.

 

Photo Sveva Alviti, Nicolas Duvauchelle Sveva Alviti, avec un Duvauchelle à perruque

 

Autre problème : l’ensemble demeure figé selon un rythme qui s’articule autour d’un tempo à trois temps (rencontre-séduction-drame) au sein duquel s’intercale de trop longs numéros musicaux. Le sentiment de répétition devient problématique et sclérose la cadence de l’œuvre. Bref, on s’ennuie, tandis que le métrage se transforme petit à petit en un hommage emprunté, parcouru de fulgurances nanardes du plus triste effet (la perruque de Nicolas Duvauchelle).

Dalida n’est pas tant un mauvais film qu’un film plus faible que son sujet, ce qui est d’autant plus regrettable que Dalida avait bien mérité une révérence cinématographique de première classe.

 

Affiche

Rédacteurs :
Résumé

Trop mécanique et timide pour embrasser vraiment son sujet, Dalida bénéficie néanmoins de la performance impressionnante de sa comédienne principale.

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Commentaires
35 Commentaires
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La Classe Américaine

Disons qu’après Elvis et Blonde, le biopic français parait encore plus ridicule et vieillot qu’il ne l’est.

kristina

Ce film fait téléfilm en un peu mieux. On dirait que le réalisateur, c’est son premier film. Décevant…

fleurkiss

Pour moi c’est un film anecdotique avec un scénario sans aucune « stabilité » et qui part dans toutes les directions
Meme si le choix de l’actrice qui joue dalida est bien, il ne peut lutter contre une histoire qui ne choisit jamais une direction précise et s’enlise mécaniquement ……Certes de magnifiques images mais ce film n’etait pas censé etre un documentaire. Lisa azuelos a du manqué de flair..

exit

Un petit film bien simpliste mais d’un bon casting juste pour l’actrice principale. un petit film qui ne m’entraîne pas bien loin quand meme. Un petit film sans gout pour un film vite oublié, meme pendant sa projection.

colombine

Film intéressant, grace à l’actrice. Les autres acteurs sont limite ennuyeux. On a vite compris que dalida détestait toute opposition et était persuadée d’avoir raison sur tout. Comme son frère bruno.

fan2dali

Sveva alviti semble posséder bien plus de talent qu’on lui permet de le montrer dans ce film. Quant au film en lui même. Tout est survolé, pas de profondeur, rien. c’est nul, car l’actrice semble vouloir donner le meilleur d’elle même.

Cette semaine Orlando sur instragram a eu des propos inacceptables sur des fans qui avaient posté une belle photo de dalida … Les fans apprécieront …

samia

Le film est raté non pas à cause de l’actrice, mais à cause de deux personnes : Orlando et lisa azuelos. Le premier a mauvais caractère et ne supporte aucune remise en question et la seconde n’a pas eu assez d’argent pour faire le film. Le tout réuni fait téléfilm.

christine

Même les autres critiques sur internet
ne font pas la part belle au film
Cest un film sans prétention

faustine

C’est clair qu’avec une perle comme sveva alviti, on se demande comment lisa azuelos a pu faire une daube pareille.

peksis

Le film a souffert de son manque de budget et d’une absence de réalisation.
Seule chose bien, l’actrice. Le reste poubelle