Critique : Fonzy

Par Simon Riaux
28 octobre 2013
MAJ : 14 octobre 2018
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Débarqué sans prévenir, Starbuck avait su ravir le cœur du public comme de la critique, rassurant au passage tous ceux qui craignaient que le Québec n'ait à nous offrir que des chanteurs de seconde zone. Si l'on ne s'étonnait guère que les américains s'embarquent illico-presto sur la voie du remake, avouons-le, on ne s'attendait pas à voir nos compatriotes se lancer dans la course à la digestion culturelle avec un opportunisme encore supérieur. Réalisé à marche forcée pour pouvoir arriver chez nous avant son clone américain, Fonzy est donc une histoire que nous connaissons déjà, qui ne s'inquiète jamais du spectateur ou de sa qualité intrinsèque, visiblement convaincue de posséder la recette qui attirera le péquin dans les salles obscures.

Dès son générique, le film a l'honnêteté de ne pas dissimuler son je-m'en-foutisme. Le canevas est ainsi livré au spectateur en approximativement trois plans : un flash-back masturbatoire, suivi d'un retour au présent introduisant deux personnages d'usuriers venus réclamer violemment leur dû à un José Garcia fraîchement sorti du lit. Plans moyens, lumière impersonnelle, mixage déficient, ces premières minutes font office de note d'intention sordide, de plan de bataille dont le métrage ne se séparera jamais. À peu près tout est raté dans le film, comme si la nature même du projet avait inoculé une formidable dose de paresse à l'ensemble de l'équipe. On ne compte pas les plans flous, les raccords hasardeux, les séquences dont le montage semble vouloir cacher les tragiques chutes de rythme… À tel point que l'on se prend à regretter le confort de visionnage du premier téléfilm venu.

À vrai dire, tout semble déplacé et absurde dans Fonzy. La psychologie des personnages est au mieux fantaisiste, les péripéties s'enchaînent sans que l'on ressente de véritable liant. Sans doute personne ne s'est-il demandé sérieusement comment rendre la greffe viable, comment faire exister une intrigue canadienne dans un décorum français. En résulte un profond sentiment d'incohérence, l'impression embarrassante que chaque comédien (à l'exception notable d'Audrey Fleurot) attend que sa scène se termine. Au moins le film a-t-il le bon goût de sortir à la fin du mois d'octobre, soit en plein embouteillage de fin d'année. Gageons que les Gravity, Snowpiercer, Cartel et autres 9 mois ferme se chargeront de le cantonner aux limbes de l'oubli.

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