58 minutes pour vivre : critique dans la salle d'embarquement

Guillaume Meral | 21 novembre 2022 - MAJ : 22/11/2022 10:25
Guillaume Meral | 21 novembre 2022 - MAJ : 22/11/2022 10:25

Premier opus de la franchise à voler en dehors du giron de John McTiernan, 58 minutes pour vivre est réalisé par Renny Harlin avec toujours Bruce Willis dans le rôle principal, évidemment. Le film incarne l'enjeu de la franchise : y a-t-il une vie pour Die Hard hors des mains de son créateur ? John McTiernan, démiurge omniscient de la franchise et des enjeux qui l'habitent ?

ne pas imiter le maître

Die Hard s'apparentant aujourd'hui à un produit d'appel n'entretenant plus que des rapports superficiels (pour être poli) avec la mythologie dont il fait son fonds de commerce, on n'ose imaginer la pression pesant sur les épaules de Renny Harlin, réalisateur de ce second opus, à l'époque où le souvenir du premier film était encore tout frais. Se hisser à la hauteur de McTiernan étant mission impossible pour 90% des cinéastes en activités hier comme aujourd'hui, on sera gré au finlandais de marcher ostensiblement sur les traces de son prédécesseur sans pour autant essayer de l'imiter.

De fait, on saluera des cadres souvent inspirés convoquant le spectre du maitre (notamment la volonté d'occuper toute la largeur du format scope), une mise en place efficace et concise via une chorégraphie scénique élégante (transitions habiles d'un écran de télé à un autre afin de caractériser les personnages à l'aune du contexte dans lequel ils s'insèrent), où encore une volonté occasionnelle de retrouver la fluidité du montage de McTiernan.

 

photo, Bonnie Bedelia, Bruce WillisJohn McClane n'aime toujours pas l'avion

 

l'art délicat du trop en faire

Pour autant, le doute ne tarde pas à s'installer lorsque se pose le plus gros problème du film : comment appréhender le personnage de John McClane à l'aune de son nouveau statut ? C'est là que réside le principal problème du long-métrage, qui tend à appuyer le caractère indispensable de McTiernan lorsqu'il s'agit de caractériser un personnage dont la substance est finalement indissociable du réseau de codes inhérent à sa mise en scène.

 

58 minutes pour vivre : photo, Bruce Willis"Vous êtes pas chauve vous ?"

 

Passe encore que les scénaristes poussent, de façon quelque peu téléphonée, le personnage à aller au-devant des ennuis de son propre gré, mais la conscience bien trop appuyée pour être honnête des instigateurs de vouloir entériner le statut de star de la pop culture de leur héros se révèle plus difficile à occulter. D'où un recours trop systématique à la punchline forcée, qui jette rétrospectivement les prémices de ce qu'est devenu le personnage aujourd'hui, d'autant plus qu'Harlin, en gros bourrin qu'il est, ne manque jamais une occasion pour appuyer un peu plus le champignon.

Plus dommageable encore, les idées des producteurs visant à maximiser l'attractivité du film, mais contradictoire avec l'essence même de la figure, qui se retrouve à venir à bout de barbouzes en les attaquant frontalement. On citera ainsi ce gunfight influencé par John Woo (Joel Silver découvrait alors le cinéma HK), durant lequel Bruce Willis manque de se transformer en émule de Chow-Yun Fat.

 

photo, William SadlerSad William Sadler

 

Dès lors, il faut attendre la fin de la première heure pour retrouver le McClane de Piège de cristal, dont les stratagèmes de fortune sont confrontés pour la première fois à leur impuissance, face à l'organisation minutieuse des bad guys. Comme s'il s'agissait de consciemment gonfler le personnage d'une confiance en soi exagérée, pour mieux ébranler ses certitudes et le faire redescendre sur terre à mi-parcours. On retrouve ainsi l'humain obligé d'agir car acculé, le comportement frondeur et tête brulée conditionné par la force des choses, la couleur kamikaze de ses mouvements de la dernière chance (à cet égard, la propension à la surenchère d'Harlin fait des merveilles).

 

58 minutes pour vivre : Affiche officielle

Résumé

Simple suite au début et digne successeur du premier sur sa fin, 58 minutes pour vivre souffle donc le chaud et le froid pour finalement se repositionner dans la lignée du premier volet. Harlin avait donc prouvé que la franchise pouvait retomber sur ses pieds hors des mains de son créateur, chose que les suites de la saga ont bien failli nous faire oublier

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Lecteurs

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commentaires
Kyle Reese
22/11/2022 à 09:59

Désolé pour les fautes. "le petit ami de la fille de l'ancien soldat fait parti des victimes décédés".

Kyle Reese
22/11/2022 à 09:49

Je ne peux m'empêcher de parler d'un véritable héro qui a évité une tuerie encore pire que ce qui s'est passé ce WE dans une bar lgbt au Colorado lors d'une fête. Richard M. Fierro, ancien militaire qui a fait l'Iraq et l’Afghanistan et qui a désarmé à lui tout seul un jeune fou, un taré d’extrême droite plein de haine qui avait décidé de massacrer des gens qui s'amusaient tout ça parce qu'ils étaient différent de lui niveau orientation sexuel. Richard M. Fierro s'est rué sur un mec en tenu de combat armé d'un fusil d’assaut et d'un gun et l'a défoncé avant qu'il ne face plus de morts. 5 morts et une 20aine de blessés. Le petit amie de la fille de l'ancien soldat fille fait parti des victimes décédés.

Voilà un véritable héro digne d'être célébré autant sinon plus qu'un John Mclane et il n'a eu même pas eu 58 secondes pour réagir et changer le cours des événements.
Chapeau. Mr Fierro. (Thor et consœurs peuvent aller se rhabiller)

Son histoire en anglais ici:
https://www.nytimes.com/2022/11/21/us/colorado-springs-shooting-club-q-hero.html#commentsContainer

Prisonnier
22/11/2022 à 08:11

La grande époque où John McCain avait encore la patate, que dis je la frite

John mc klaine
22/11/2022 à 07:53

Film qui a énormément vieilli
Avec des scènes de gunfights bien ringardes maintenant.

Neji
22/11/2022 à 02:21

C'est pas la Saint-Jean mais ça fait rien...

Loozap
22/11/2022 à 00:30

La situation est vraiment critique

Jean Frite
21/11/2022 à 23:00

C'est top

Pat Rick
16/03/2022 à 20:19

Pas revu depuis longtemps, mais de mémoire c'est un film d'action efficace.

Die Harder
16/03/2022 à 08:41

Dans la catégorie des films d'action de légende, ce film a sa place. Pas dans les 10 premiers, mais aisément entre 10 et 20, ce qui est déjà vivement louable. Et déjà renny harlin réussit un tour de force de faire très correcte figure après le 1er mythique opus, là où tand d'autres se seraient largement plantés. À noter que c'est le 1er vrai blockbuster, pensé entièrement comme un pur produit de studio, mais avec un tel savoir faire et un bruce willis au sommet qui propulsent ce film dans la constellation des films qui resteront.
Et quel titre français !
Et quelle affiche !!
Bonnard. Merci Renny

Morcar
15/03/2022 à 16:27

A mes yeux, il n'y a vraiment que le premier volet qui soit un excellent film (je suis tombé dessus hier soir en éteignant la PS, et je n'ai pas pu m'empêcher de le voir jusqu'au bout). Cette suite reste malgré tout sympathique, et le troisième aussi. Le dernier volet de la trilogie bénéficie d'une intrigue à la fois liée au premier volet et très différente de celui-ci, là où le second peut paraitre répéter l'histoire du premier, ce qui joue en sa faveur. Mais pour moi le 2 et 3 se valent.

Une bonne trilogie qu'ils ont bien fait d'arrêter après trois volets cependant. Quoi ?! Non. Les autres trucs qui ont été produits après n'ont rien à voir avec cette trilogie.

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