Critique : Poussière dans le vent

Nicolas Thys | 1 août 2012
Nicolas Thys | 1 août 2012

Réalisé en 1986, Poussières dans le vent est le huitième film d'Hou Hsiao-Hsien et il clôt un cycle autobiographique. Malgré quelques prix glanés ici et là, le réalisateur taïwanais n'était pas encore reconnu comme il l'est aujourd'hui et son film sera surtout vu en festival. Son cinéma balbutiait encore, à la recherche des merveilles plastiques qu'il fera par la suite, mais l'essentiel de son style est déjà là.

À l'origine pensé comme une romance entre deux jeunes gens qui se connaissent depuis l'enfance et quittent leur village pour travailler dans la capitale, le film se perd dans la contemplation d'une nature immense, verte et grandiose à l'opposée de l'oppression ressentie dans la ville beaucoup plus sombre et au rythme différent. La vie n'y suit pas le même court et l'adaptation se révèlera difficile. La romance est souvent mise de côté pour, d'une part, laisser place à une observation minutieuse des conditions d'existence de la population et, d'autre part, insister sur le passage à l'âge adulte du jeune héros souvent silencieux. Les deux dimensions se rejoindront dans un final déchirant.

Le non-professionnalisme des acteurs, le désir de s'approcher d'une réalité sociale et historique, et ces plans souvent éloignés qui se réclament d'une objectivité maximale font penser au néoréalisme italien. Et la scène du vol de la moto ne peut que nous conforter dans cette opinion. Toutefois, Hou Hsiao-Hsien ne s'enferme pas dans ce genre et trouve sa propre voie.

Son utilisation de la couleur est splendide, son rapport à l'image fondamental, qu'il s'agisse d'images mémorielles ou filmiques, les deux pouvant s'imbriquer, mais surtout la musique est soignée et réussie. Loin de l'évacuer, d'en mettre trop ou de la faire pompeuse, il insère simplement quelques notes de guitare au détour d'un plan et installe une rythmique étrange comme s'il nous faisait pénétrer dans un autre monde. De cette objectivité lointaine, transparait quelques sentiments et notre regard change d'autant plus.

Le film se déploie sur deux fronts, celui de l'amour, de ses non-dits et de ses larmes, et celui d'une observation de l'homme et de la nature qui cherchent la neutralité. La confrontation des deux est forte et émouvante et Poussières dans le vent, sans être un chef-d'œuvre, reste une introduction idéale et réussie à l'œuvre du réalisateur.

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