Critique : Terri

Par Allan Blanvillain
19 juillet 2012
MAJ : 25 septembre 2018
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Un film sur le mal-être adolescent n'a rien de nouveau en soi. Le thème a été mainte fois traité quelque soit ses excroissances. Un ado obèse mis à l'écart ? On pense à Precious de Lee Daniels. Du coup pas facile d'arriver à se faire une place au soleil, il faut en utiliser les codes tout en parvenant à se démarquer. Terri a relevé le défi.

Certes, le film ne parvient pas à éviter les clichés tel le loser amoureux de la pin-up de la classe. La morale est un peu trop prévisible. Le réalisateur Azazel Jacobs maîtrise assez mal le rythme de son récit, certains passages manquent cruellement de force. Comment ne pas regretter que la scène où les trois adolescents se retrouvent pour mélanger alcool, médicament et libido, moment-clé du film, s'étale sur de bien trop longues minutes pour être suffisamment percutante. Terri défile aussi lourdement que son personnage.

Pourtant le film d'Azazel Jacobs, dont c'est le premier long distribué en France, regorge de petites pépites qui rendent l'ensemble moins désagréable qu'il n'y paraît. On reconnaîtra facilement au réalisateur des efforts de mise en scène, comme les conversations par petits mots griffonnés sur un bout de papier ainsi qu'une photographie magistrale. On lui reconnaîtra aussi la faculté d'éviter à son film l'écueil du pathos lourdingue uniquement pourvoyeur de larmes de crocodile. Mais là où Azazel Jacobs se surpasse, c'est bien dans le choix de ses acteurs.

Si le talent de John C. Reilly n'est pas une découverte (notamment dans le récent Carnage de Roman Polanski), son interprétation d'un conseiller d'éducation à la fois cool et paternaliste nous étonne encore et nous rappelle un certain Robbie Williams dans Le Cercle des poètes disparus. Juste, sans exagération et touchant dans ses faiblesses. Jacob Wydocki incarne un Terri à la fois profondément naïf et innocent tout en dégageant une forte maturité. Une ambivalence parfaitement maîtrisée. Quant au jeune Bridger Zadina, il est sûrement l'acteur à suivre dans les années futures. Complexe, décalé, un brin dérangé, le personnage de Chad est définitivement troublant. Pour notre plus grand (dé)plaisir !

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