Critique : Léa

Laure Beaudonnet | 4 juillet 2011
Laure Beaudonnet | 4 juillet 2011

Léa a des allures de dissertation à laquelle il manquerait une problématique. On a beau être sensible au propos, on ne saisit pas bien la direction. Léa a la vingtaine bien entamée et décide de reprendre ses études. Admise à Sciences-Po, elle doit trouver des moyens de subvenir à ses besoins et à ceux de sa grand-mère, une sorte de Tatie Danielle foudroyée par un Alzheimer carabiné. Elle se lance alors dans le strip tease la nuit, continuant ses études le jour. Une fâcheuse impression de déjà-vu s'empare d'un public patenté. Récemment, Slovenian girl traitait à quelques détails près du même sujet. A croire qu'il y a quelque chose de particulièrement actuel dans l'idée de la femme intelligente qui vend du rêve aux hommes grâce à ses attributs sexuels.

Anne Azoulay donne de la puissance à son personnage paumé, incarnant avec intelligence la complexité de ses choix. Une fille à la personnalité bien trempée, qui ne se fait jamais marcher sur les pieds, mais dont on ne sait pas grand chose de la vie privée. Certainement blessée par son père, une figure absente mais omniprésente dans le film, comme un fantôme vivant, dont on n'apprendra rien de plus que l'anecdote ressassée par la sénilité de la grand-mère. Vraisemblablement le talon d'Achille de Léa. On ne saura d'ailleurs jamais s'il est lié à la cicatrice qu'elle palpe à l'intérieur de sa cuisse. Les relations familiales laissent libre court à l'interprétation du public. C'est d'ailleurs l'effet recherché par Bruno Rolland qui précise apprécier que tout ne soit pas explicité dans une histoire. De ce point de vu, on ne peut nier que le défi est relevé.

Rien n'est manichéen et Bruno Rolland s'échine à le montrer, mais il manque un ingrédient pour que la recette fonctionne tout à fait. Le mystère qui enveloppe le personnage de Léa est peut-être trop impalpable pour que le public s'attache à son personnage. On navigue en eaux troubles. Trop de questions restent en suspens. Ce n'est peut-être pas un défaut sur le papier, mais en réalité le film ne parvient pas à soulever les problèmes qu'il mériterait, ni à éveiller l'empathie nécessaire pour s'oublier dans cette histoire. Une sorte de linéarité s'installe où  on perd de vue la direction de la narration. A la sortie, on continue de s'interroger sur la démarche. Peut-être manque-t-il la mise en valeur d'une réflexion claire sur un sujet qui manque sacrément d'originalité ?

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