Critique : Revenge

Simon Riaux | 15 mars 2011
Simon Riaux | 15 mars 2011
L'on se souvient de Susanne Bier pour son touchant After The wedding, nominé à l'Oscar du meilleur film étranger en 2006. Le présent Revenge a, quant à lui, remporté la précieuse statuette. On l'attendait donc de pied ferme, espérant assister à la consécration d'une cinéaste de valeur. Mais contre toute attente, si le film de la réalisatrice danoise ne manque pas de qualités, peut-être n'avait-il pas les épaules pour remporter de tels prix.

Nous suivons de nos jours les destins croisés de deux familles, en apparence bien sous tout rapport mais rongées par le deuil, le non-dit et la colère. Le vernis de notre société va peu à peu s'effriter, rongé par une vengeance infantile aux conséquences dramatiques. Ce qui frappe en premier lieu, c'est la justesse des comédiens. Deux des principaux rôles sont tenus par deux très jeunes garçons, qui parviennent à camper des personnages difficiles avec une grande crédibilité. Dès qu'ils apparaissent à l'écran, le film gagne en naturel et en fluidité, leur jeu à fleur de peau permet à Susanne Bier de capter des moments d'émotions et de tension d'une grande cinégénie. Leurs premiers regards échangés, de petit nouveau à bouc émissaire, comptent parmi les meilleurs moments du film. Les autres acteurs sont au diapason, même si leurs compositions, toujours justes, n'apportent pas la même fraîcheur.

Le rythme du film est efficace et parvient à nous faire naviguer sans mal dans cet enchevêtrement de destins bourgeois, pas forcément excitants à priori. La construction tout en ellipses et en contrastes (grâce à une sous-intrigue africaine) maintient efficacement notre intérêt et permet de donner de l'ampleur au récit, certes un peu facilement, mais avec une réussite certaine.

Le film pêche là où After the wedding emportait l'adhésion. Revenge, au lieu de donner sens à chaque détail, utilise parfois quelques ficelles un peu trop grosses et usitées. Un gamin en souffrance ne sait comment s'exprimer ? Il reste collé à son ordinateur pour jouer à des jeux de guerre où l'on flingue l'ennemi. Un personnage veut fabriquer une bombe ? Un coup d'oeil sur internet, et c'est réglé ? Plus gênant, la psychologie des personnages semble plus se plier aux exigences du scénario qu'à une logique qui leur serait propre, et leur conférerait une véritable existence. Voir ainsi un père se laisser agresser sciemment devant ses enfants pour bien leur montrer que l'on peut ne pas répondre par la violence aboutit à une séquence dont les intentions parasitent le récit, et à laquelle on peine à croire.

Revenge ne tient donc pas toutes ses promesses. Démonstratif, le film tente d'étreindre trop de sujets qu'il ne peut traiter avec finesse. C'est peut-être paradoxalement ce qu'est venu récompenser l'Oscar, un message plus simple, qui s'embarrasse de moins d'ambiguités et de détours que les précédents films de Susanne Bier. Dommage c'est justement ce qui faisait leur humanité.

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