Critique : Plein sud

Par Thomas Messias
30 décembre 2009
MAJ : 14 octobre 2018
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Ça commence relativement bien : après une courte scène d'échographie – l'héroïne est enceinte même si ça ne sert à rien dans le récit -, Léa Seydoux entame une danse lascive en bikini. Le générique sonne pop, le spectateur bave, mais au contraire du personnage de Yannick Rénier, désespérément indifférent. Elle finira à califourchon sur lui pour une dernière tentative d'allumage, puis abandonnera sans comprendre pourquoi elle, la bombe sexuelle, ne crée aucune excitation chez ce garçon. Il faudra pas loin d'une heure pour qu'arrive une réponse que tout le monde, sauf apparemment les personnages, semblait avoir deviné dès le début. Ce n'est qu'une toute petite idée de l'affligeant degré de non-écriture de ce Plein sud qui carbure aux clichés et aux dialogues moisis. Mieux vaut prendre le parti d'en rire, sans quoi le voyage semblera interminable.

Nos quatre héros filent donc vers le sud dans une vieille Ford, histoire de changer d'air et, pour l'un d'entre eux, de gagner l'Espagne pour régler ses comptes avec sa pourriture de génitrice. On nous expliquera son trauma au gré de flashbacks d'abord très respectables – la scène de la voiture, plutôt impressionnante – puis si bourrés de pathos que ça en devient juste risible. Tout cela étant censé constituer une montée en épingle jusqu'à l'instant inévitable des retrouvailles, au cours desquelles il ne se passera… rien. C'est en partie cela, Plein sud : des promesses mal formulées – road-movie à l'américaine, tragédie familiale – et tellement pas tenus qu'on a régulièrement envie de saisir son manteau et de quitter la salle. Mais un gant manque à l'appel, obligeant le pauvre spectateur à attendre que la lumière se rallume pour pouvoir partir.

Mais rester dans la salle n'est pas qu'une histoire de gant : on peut effectivement trouver tout un tas de mauvaises raisons pour tenter de prendre un minimum de plaisir devant cet affligeant condensé de téléfilm M6 et de sitcom AB Productions. D'abord cet enchaînement insensé de répliques foireuses, énoncées de façon très premier degré par des comédiens peu inspirés – Yannick Rénier étant de loin le moins mauvais du lot. Rarement on aura autant entendu des personnages dire une chose et son contraire à deux secondes d'intervalle, et c'est délicieux. Et puis, last but not least, Plein sud a le mérite d'aller jusqu'au bout dans au moins un domaine : celui de la nudité. Tôt ou tard, ces quatre-là finiront à poil, une fois ou plusieurs, s'exposant intégralement sans aucune autre justification que de montrer culs, seins et queues face caméra. Le spectacle est certes un peu déséquilibré, puisque face à la seule Léa Seydoux se dressent (hum) trois jeunes mâles imberbes et pas franchement pudiques ; mais tout le monde y trouvera son compte, c'est certain. On peut donc conseiller le film aux vieux pervers, à ceux qui se sentent seuls pendant les fêtes, à tous ceux qui ne se sont pas remis de la poitrine de Léa Seydoux dans La belle personne. En revanche, les amateurs de cinéma feraient mieux de prendre leurs jambes à leur cou.

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