Critique : Le Jardin des délices

Nicolas Thys | 14 décembre 2009
Nicolas Thys | 14 décembre 2009

Les histoires du cinéma parlent sans cesse des mêmes films, des mêmes chefs-d'œuvre ou des mêmes films cultes. Pourtant il est certains films dont nul n'a entendu parler et qui peuvent y prétendre, et bien plus que d'autres. Pourtant, pour diverses raisons ils sont passés dans les oubliettes du cinéma. Les films de Silvio Agosti en font partis, indéniablement, et Le Jardin des délices, son premier long métrage en tant que réalisateur, et connu avant tout par les amateurs d'Ennio Morricone pour son Adonaï, doit impérativement être découvert.

 

Coupé de 26 minutes à la sortie par son producteur sur pressions du Vatican qui accepte mal l'anticléricalisme du film, le film n'en reste pas moins une petite merveille. Et, on ne peut que se sentir frustré après un tel défilé d'images éblouissantes pendant 70 minutes d'en avoir été privé. Son style peut être rapproché de celui d'Ingmar Bergman (qui encouragera Agosti à poursuivre sa carrière après avoir vu ce film) davantage encore que d'Antonioni ou du reste de la production italienne de l'époque, notamment dans sa remise en cause des institutions religieuses et sociales.

 

Ici la chair, le désir et les corps sont dans un combat perpétuel avec la morale et le dogme religieux vu comme une prison : le mariage devient une entrave à l'amour et aux sentiments et finalement de tout ce qui ne peut fonctionner dans une société qui voudrait enfin se libérer de ses chaines. Maurice Ronet ne cherche qu'à s'évader et Le Jardin des délices passe à l'état de rêve. Certaines séquences, très fantasmatiques, deviennent quasiment oniriques à l'image du corps transporté sur la plage ou de la dernière déambulation dans des rues italiennes. Les retours dans le passé sont nombreux et les chambres font figures d'espaces mentaux. Chaque apparition de Léa Massari, presque silencieuse et venue de nulle part, nous amènent dans un univers étrange, un entre-deux passionnel et mystique où les corps en gros plans et le noir et blanc viennent abolir le temps et l'espace.

 

Primé en 1967 au festival de Pesaro, aujourd'hui disparu, cette œuvre étonnante se doit d'être vue et revue.

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