Critique : Pour un fils
Pour un fils part d'un fait divers réel mais étonnant, qui rappelle par certains aspects le postulat de L'échange : quelques années après la disparition de son fils, une mère a la surprise de le voir réapparaître. La différence avec le film d'Eastwood, c'est qu'on sait dès la première scène qu'il ne s'agit pas du fils, mais d'un usurpateur. Donner une longueur d'avance au spectateur pour lui permettre de se concentrer sur autre chose : telle est la bonne idée d'Alix de Maistre, qui met son intrigue en place de façon assez convaincante. Le problème, c'est que cette mise en place semble se prolonger encore et encore et que le film tarde à entrer dans le vif du sujet, c'est-à-dire la rencontre entre le faux fils et une famille chamboulée.
Si, du prégénérique choc jusqu'à la dernière
image, on est impressionné par la prestation inquiétante de Kevin
Lelannier, le reste a malheureusement tendance à se déliter autour de
lui. Le point de départ aurait pu être bien mieux exploité, et la vague
étude sur l'influence de ces "retrouvailles" sur les personnages n'a
finalement que peu d'intérêt. Se focaliser sur l'affabulateur aurait
peut-être eu tendance à transformer le film en thriller, ce qu'il n'est
pas ; mais c'était là la piste la plus intéressante, d'autant que
l'autre personnage réussi est celui du flic torturé, joué avec toujours
autant de justesse par Olivier Gourmet.
Au final, on peine à voir où Alix de Maistre voulait en venir, la conclusion de Pour un fils
laissant totalement circonspect. Cette fin sans âme ni épaisseur est
parfaitement représentative d'un film qui gâche en grande partie les
belles promesses de son sujet, ne créant ni malaise ni angoisse.
Dommage pour les acteurs cités plus haut ainsi que pour une Miou-Miou
toujours plus touchante, et qui mène depuis quelques années une
deuxième carrière lui allant comme un gant.
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