Cloverfield : found critique
Dans Cloverfield, un monstre géant envahit New-York. Et le terme est choisi à dessein car, d'invasion, il en est fortement question dans ce film de monstres au dessus duquel plane inlassablement l'ombre toujours prégnante du 11 septembre 2001. Mais alors que signifie ce titre si soigneusement choisi après cinq changements consécutifs ?
INVASION : NEW-YORK
N'espérez pas de réponse tant le long-métrage de Matt Reeves (scénariste de The Yards) produit par le nabab télévisuel J.J. Abrams évite toute explication superflue pour mieux se focaliser sur le déroulement en temps réel de l'action et son impact sur la psyché collective. Ici, la menace est inexplicable (à défaut d'être invisible) et l'accent est avant tout mis sur la notion de chaos dans une cité moderne qui se croyait, une fois de plus, imprenable.
Par le truchement de la caméra subjective, Cloverfield appelle à une immersion immédiate dans l'action et à une approche frontale de celle-ci. Un procédé malin vu le sujet abordé et qui n'a jamais eu d'impact aussi saisissant sur l'inconscient cinéphilique depuis Le projet Blair witch. C'est dans ce souci de réalisme (absence de musique, caméra tremblante et acteurs quasi inconnus au bataillon) que le film fonctionne à 100% arrivant à créer une tension quasi palpable là où des Michael Bay auraient sorti la grosse artillerie pyrotechnique. Et s'il est clair que Cloverfield ne lésine pas sur les moyens pour impressionner, le tour de force réside avant tout dans un rythme soutenu ne nous laissant aucun répit.
CHAMP DE TREFLES CONTRE BITUME
Ainsi, passé les quelques minutes d'introduction qui auront suffi à créer une réelle empathie pour les personnages et une incroyable attaque inaugurale renvoyant directement au premier assaut des tripodes dans La guerre des mondes, le film nous embarque de facto dans un marathon émotionnel et sensoriel où le but avoué des protagonistes, et par extension du spectateur, est de survivre. À l'image de son pendant ibérique (l'excellent Rec), le film fonctionne avant tout par son côté immersif, allant jusqu'à transcender le gimmick du faux home movie pour le transformer en véritable procédé destiné à redéfinir les codes de la narration cinématographique.
Lecteurs
(3.6)