Critique : Les Petits calins

Ainsi donc, Jean-Marie Poiré serait un être humain… C'est l'enseignement principal des Petits câlins, comédie tendre et discrète qui ne préfigure absolument pas la métamorphose hystérico-parkinsonienne de son réalisateur. Avec Les hommes préfèrent les grosses, il s'agit de la seule fois en treize longs-métrages que Poiré adopte un point de vue féminin. Sophie, son héroïne est une jeune femme ne manquant pas de piquant, qui consigne dans son journal intime ses difficultés à rencontrer un mec qui la botte. Une sorte de Bridget Jones avant la lettre, qui ne rechigne pas à l'idée de pratiquer de temps à autres un sexe sans sentiments. Sauf qu'une femme qui drague sans détours, ça fait peur aux hommes. C'est cette incompréhension des sexes qui se trouve au centre du film, le temps d'une comédie plus ou moins romantique qui démonte le mythe voulant que toutes les femmes soient d'incorrigibles sentimentales.

La première partie, décrivant la drague pratiquée par le sexe dit faible, est extrêmement sympathique, notamment grâce à la qualité des interprètes choisies. On reconnaîtra notamment une Josiane Balasko plus svelte que jamais ; mais c'est Dominique Laffin, qui crève littéralement l'écran. Un joli brin de fille, carrément garçonne, l'idéal pour interpréter une Sophie ne manquant pas de toupet et faisant passer ses frustrations en multipliant les tours de périphérique à moto. L'actrice aurait certainement poursuivi une jolie carrière si elle n'était décédée prématurément d'une crise cardiaque à l'âge de 33 ans.

La suite du film est nettement plus convenue : une fois l'homme idéal rencontré, quelques cafouillages empêcheront Sophie de vivre immédiatement un amour sans nuage. Les quelques péripéties menant à une fin évidemment heureuse sont dépourvues d'intérêt, et seule la sympathie éprouvée pour les personnages parvient à maintenir notre attention. L'ensemble reste cependant assez mignon, surtout si on le voit à la lumière de la carrière souvent énervante du réalisateur.