Critique : Scorpion

Vincent Julé | 19 février 2007
Vincent Julé | 19 février 2007

Le rappeur et cogneur Joey Starr en ex-détenu repenti et adepte du free fight sous l'œil du fils du vent Julien Seri, difficile de faire projet moins attendu et plus foireux. Pas pire que Samy Nacéri en taxi driver chez Gérard Krawczyk, me direz-vous, mais tout de même, cette nouvelle tentative d'un cinéma de genre à la française brillait a priori plus par l'absence de Jet Li et Luc Besson, devant et derrière la caméra. Si l'arrivée de Clovis Cornillac pour enfiler les gants apporte au film une crédibilité commerciale, l'incontournable « gueule » des salles de cinéma (Les Chevaliers du ciel, Les Brigades du tigre, Poltergay, Le Serpent…) n'est pourtant pas là pour éviter le KO au premier round, à la première semaine d'exploitation. Tout simplement parce que ce Scorpion se débat très bien tout seul, encaisse les bons gros clichés, esquive les coupes de budget et sait être méchant quand il le faut.

Avec le free fight comme sujet, et autant dire comme promesse, le film ne pouvait être avare en scènes de baston sentant bon le sang, la sueur et l'asphalte. Malheureusement, il l'est un peu, avec seulement trois vrais mano a mano, mais qui chacun à leur manière éclaire et construise la vraie nature du long-métrage de Julien Seri. Dans le premier combat, long et spectaculaire, le réalisateur fait preuve d'une hargne inattendue, une violence sèche et primaire. Les coups claquent, font mal et l'adrénaline monte. Mais surtout, avec ses deux caméras et une focale, il doit tenter, expérimenter pour dynamiser l'action. Ainsi, le spectateur assiste à ce premier échange de mandales à travers trois points de vue et média différents (le cinéaste, un caméraman amateur et une journaliste photographe), qui une fois mis en scène assure le spectacle avec originalité. Malheureusement, le concept ne sera pas exploité et les prives de vue en DV par exemple serviront surtout lors d'un dérouillage en boîte de nuit à combler les blancs et à palier un manque visible de rushes.

Quant au dernier match contre le professionnel Jérôme Le Banner, il est tout simplement avorté. Mais pour une bonne raison, car plutôt qu'un simple film de baston, Scorpion se révèle finalement être un honnête et maladroit film noir. Même s'il est plombé par sa pauvre lutte entre flics et truands, le film réussit ainsi sa sortie grâce à des personnages bien trempés. Et si la violence n'éclate pas sur le ring, elle n'est pas loin et pas forcément où on l'attendait. Dans un lit, entre Olivier Marchal et Karole Rocher, pour une scène puissante et pleine de rage.

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