Critique : Origine

Jean-Noël Nicolau | 2 juin 2006
Jean-Noël Nicolau | 2 juin 2006

[img_left]origine1.jpg[/img] Premier long-métrage des studios Gonzo dont le talent dans le domaine des séries animées, bien qu'inégal, n'est plus à démontrer, Origine porte sans nul doute bien mal son nom. En effet, si l'on consentira aux créateurs une réelle volonté de dépeindre un univers cohérent et évocateur au sein d'un genre ultra balisé (le conte écologique), leurs intentions s'effondrent rapidement sous le poids des références et des facilités visuelles et scénaristiques, qui donnent l'impression que l'équipe croit encore œuvrer pour le format télévisuel. Si les habitués du travail de Gonzo reconnaîtront immédiatement la patte graphique du studio (décors soignés, 3D réservée aux machines et généralement mal intégrée à l'image et « character design » basique), les autres ne pourront que jouer au jeu des références, quasiment innombrables même si l'on ne se limite ici qu'aux grands classiques de l'animation japonaise.

C'est un véritable inventaire à la Prévert : la forêt vindicative et ses manifestations sous forme de dragons ainsi que la manière dont son pouvoir se répand au sein des humains, évoquent évidemment Princesse Mononoke, ledit pouvoir entraînant de spectulaires mutations citant très explicitement quelques unes des images emblématiques du Akira d'Otomo. Otomo toujours quand la forteresse finale se met en branle en rappelant celle, volante, de Steamboy.
Et si l'on pourraît trouver des liens cinéphiliques à tous les détails (voire extra-cinéphiliques, la lune mutilée, montrée jusqu'à plus soif, faisant écho à celle de la version manga d'Akira), c'est à une autre œuvre de Miyazaki que Origine fait penser du début à la fin : Nausicaa. Origine est parfois tellement similaire au chef-d'œuvre de Miyazaki, dans son visuel, son déroulement, son propos, que l'on croit véritablement assister à un remake vaguement honteux. Le film de Gonzo est malgré tout bien moins ambitieux, n'effleurant jamais la puissance et surtout le lyrisme de Miyazaki (il manque en particulier une partition aussi inoubliable que celle de Joe Hisaishi). Mais de l'armure des « méchants » à l'être qui saura réconcilier la nature et les hommes, en passant par le monde post-apocalyptique largement connu à présent (on pensera aussi au déjà pas très glorieux Wonderful Days), Origine a parfois des allures de « Nausicaa pour les nuls ».

Mais admettons que le spectateur potentiel du film ne connaisse pas ou puisse faire abstraction de ces références. Admettons, soyons fous ! Origine n'en demeure pas moins un spectacle médiocre, qui ne tient jamais ses promesses, qui ne cesse de désamorcer ses idées et ses scènes d'action. Certes, dans le genre il existe bien pire et Gonzo, de Gantz à Burst Angel, a déjà commis des purges encore plus harrassantes, cependant il semble tout de même clair que ce long-métrage paraisse bien léger pour une sortie en salles, tant de films (voir d'OAV) d'un tout autre niveau sortant quasiment dans l'anonymat en DVD ou étant encore inédits en France (Nausicaa justement, est le plus fameux de ces exemples). Et si le visuel est habituellement la grande force du studio, il est ici à peine convaincant, et ceux qui avaient déjà émis des réserves face à Appleseed risquent de tomber d'encore plus haut. Enfin la vacuité, la naïveté et la prévisibilité du final laborieux où l'on découvre que le vrai méchant de l'histoire est un téléphone portable, risquent de provoquer quelques sourires, voire quelque hilarité, propres à réveiller d'autres spectateurs s'étant assoupis (et on leur pardonne).

Certes, après tous ces griefs, il semble délicat de conseiller Origine, aimable curiosité dont le possible échec public ne servira malheureusement pas la cause de l'animation japonaise en France, surtout quand au même moment sortent les excellents Cars et Nos Voisins les hommes.

Pour conclure sur une dernière comparaison, certains reconnaîtront en la cité de Ragnar la sœur jumelle du Midgar du jeu Final Fantasy 7. Final Fantasy 7 dont la suite cinématographique, Advent Children, monument visuel incroyable et perle spectaculaire de ces derniers mois, n'a droit qu'à une sortie DVD...

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