Poséidon : Critique

Flore Geffroy | 16 mai 2006
Flore Geffroy | 16 mai 2006

Bon, heu, alors voilà. Le Poséidon, qui avait déjà coulé en 1972 sous la direction de Ronald Neame, repart sur les flots en 2006 avec, aux commandes, Wolfgang Petersen, à qui l'on doit Troie, Air Force One pour les plus récents (sans compter Das Boot et même un épisode de Tatort en des temps plus reculés). 

Cette fois, les moyens sont là : les décors, à défaut de faire vrai, font riches… même les – nombreux – cadavres qui jonchent le navire ravagé sont (presque trop) bien maquillés pour faire réaliste. Côté effets spéciaux, chapeau au responsable des effets pyrotechniques. Ça explose, crépite, électrise, enflamme de partout. La vague traîtresse qui humilie le géant des mers en le mettant cul par-dessus tête en une poignée de secondes fait frémir. Il y a ce vague malaise, aussi, en voyant les corps tomber comme des mouches, réminiscence douloureuse (symbolique ?) de ces autres corps chutés, voilà cinq ans, du haut des tours du World Trade Center.

 

 

Abondance d'effets spectaculaires peut nuire dangereusement. Au lieu de servir l'histoire et les personnages, ils occupent ici toute l'avant-scène, éclipsent toute velléité narrative, toute approche un tant soit peu psychologique. Si la version de 1972 était finalement assez cheap, elle présentait l'avantage de creuser les personnages, de permettre de faire leur connaissance et de s'y attacher au fur et à mesure. Le Poséidon version Petersen n'a hélas point la modestie d'il y a 34 ans. Entre l'agaçant joueur professionnel de poker (Kevin Dillon, frère de), le père protecteur de sa fifille amoureuse (Kurt Russell), le minot escorté de sa mère, le solitaire qui se la joue « Je suis un dur, moi, à qui on ne la fait pas », l'immigrée illégale ou le gay qui se fait larguer le soir du Nouvel an par son copain, aucune ébauche humaine, aucun liant. Ils sont tous lisses, bien propres sur eux et sans réelle aspérité.

 

 

De conduits d'aération en couloirs encombrés de débris et de corps, la caméra suit, fébrile, les pas bousculés de ces improbables individus, rythmés par une musique pompeuse d'ailleurs mal pompée sur John Williams. On finit par jouer nonchalamment au jeu des dix petits nègres, en faisant des paris sur qui va trépasser et en combien de temps et qui sortira indemne du monstre des mers terrassé. Nul doute qu'après le Titanic de James Cameron, référence du genre, la relève s'avérait périlleuse mais de là à dire que Poséidon se pose plus en film catastrophique que catastrophe, il n'y a qu'un pas…

Flore Geffroy (à Los Angeles)

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